Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …

Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
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samedi 24 février 2018

ECOUTE LA PLUIE DE MICHELE LESBRE



" Le livre le plus délicat et le plus raffiné de la rentrée littéraire de janvier 2013 raconte l’histoire d’un vieil homme qui, avant de se jeter sur les rames du métro, adresse un dernier sourire à la narratrice, présente sur le quai. Alors qu’elle partait rejoindre l’homme qu’elle aime à l’hôtel des Embruns sur la côte sauvage, elle bouleverse ses projets : au lieu de se rendre à la gare, elle s’enfonce durant toute une nuit d’orage dans les rues de Paris pour une longue errance.

Écoute la pluie est un très beau récit.
Un pur bijou littéraire dont j’ai regretté qu’il soit si court. Michèle Lesbre, en effleurant le réel, transmet, avec délicatesse et profondeur, les impressions des images rares, fortes, sensationnelles, souvent insoupçonnées qui condensent et allument notre quotidien. J’ai aimé cette errance dans la ville à la tiédeur lourde, cette quête éperdue de prolonger la vie, de l’accélérer même. J’ai aimé que tout soit si juste, si ciselé, écrit sans pesanteur sur la disparition d’un inconnu, et sur les sentiments antagonistes d’un homme éloigné, à peine visible, juste nommé, qui ignore même qu’on l’a photographié à son insu (trop fort). J’ai aimé le seuil poétique de tous ces instants suspendus dans le temps, parenthèses légères, vaporeuses et évanescentes, y compris dans l’évocation des deuils.
« Des éclairs lointains déchirent le ciel, j’aime l’orage et sa grande colère ».
Moi aussi, car ce roman dense et lumineux éclaire le sentiment du désir et de l’urgence de vivre.
Fracassant et intime."
Laurence Biava





 ... " En avançant dans son sillage, il me semblait m'approcher peu à peu de ce que j'appréhendais comme un danger, l'âge adulte, une épreuve à différer le plus longtemps possible . La crainte de m'y perdre me mettait les larmes aux yeux . Je regardais la silhouette un peu courbée m'ouvrir le chemin vers un monde réel que je pressentais au-dessus de mes moyens . J'étais encore trop jeune. J'ai toujours eu la certitude qu'en m'entraînant dans ces randonnées matinales, mon grand père tentait de me donner l'élan nécessaire pour l'affronter plus tard . Lorsqu'il est mort , longtemps après ces balades initiatiques, j'ai posé un baiser ému sur son front glacé dans le sous-sol d'un hôpital . J'avais atteint l'âge adulte depuis bien des années, mais j'étais la petite fille aimante de cet homme qui m'avait tant appris en le regardant vivre . Je me demande si ce n'est pas cet amour qui m'a permis tous les autres . " 



" ... je te souris, c'est un sourire ambigu, plein de cette appréhension que j'ai toujours eu dans les moments heureux ."



" Tu ignores les photographies de toi que j'ai prises à ton insu, depuis le début , où ta silhouette s'inscrit dans différents paysages, souvent de dos, comme si tu n'en finissais pas de partir ... "



" Irène m'a annoncé qu'elle entrerait à l'hôpital dans quelques jours, qu'elle n'arrivait pas à le dire à Henri . Il y avait dans sa voix quelque chose de tranquille, comme si l'âge avait vaincu la peur de mourir, comme si tout le temps d'avant avait déjà combattu cette fragilité et que rien ne pouvait lui faire perdre la force acquise au fil de sa vie" . 





 " Il m'a dit, C'est Borges, un poème , vous le connaissez ? 

J'ai dit oui, que je connaissais Borges, mais pas l'espagnol. J'ai ajouté que j'aimais une phrase de lui, Les dieux tissent des malheurs afin que les générations futures ne manquent pas de sujets pour leurs chants . Je ne savais plus où je l'avais lue .

Il m'a dit encore, Pour moi , ce tango , c'est comme cette pluie mais à l'intérieur de moi, vous comprenez ?

Oui je crois que je comprends, ce soir surtout.

A cause de l'orage ?

Non ...

 Je me suis alors souvenue de ce personnage d'un film hongrois qui prononçait des mots semblables dans un bar enfumé, alors qu'une pluie diluvienne noyait le paysage alentour.

Connaissez vous la pluie intérieure ? demandait il à l'assemblée un peu éméchée , et personne ne répondait .

J'ai murmuré à l'oreille de l'homme, Pour moi elle va durer, et j'ai évoqué le vieil homme, toi et l'hôtel des Embruns .

Il m'écoutait, je lui ai parlé longtemps, sans doute comme je n'aurais pas su le faire avec toi . Avant que je m'en aille, il a juste prononcé ces quelques mots, Son sourire vous a donné quelque chose qu'il faut garder . " 





Pour Izabella, avec toute mon amitié

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