samedi 30 novembre 2013

RU DE KIM THUY


" Pour que les choses existent, il faut les nommer. Pour qu'une vie existe, il faut l'habiller de mots. Avec une délicatesse infinie, Kim Thuy choisit les siens. Elle avance dans son récit à pas de loup - on pourrait dire à sautillements d'hirondelle, tant sa prose est légère, sensuelle, marquée d'innocence, tant elle ignore la haine, la rancoeur. Kim Thuy a 10 ans lorsqu'elle est ballottée, avec deux cents autres boat people, au fond d'une cale nauséabonde. L'unique ampoule qui se balance, nuit et jour, la petite l'imagine « étoile polaire » au-dessus du golfe de Siam. Perdus pour perdus, la peur des communistes au ventre, tous fuient le Vietnam. Echouent dans un camp de réfugiés en Malaisie. Certains, dont Kim Thuy et sa famille, père et mère aisés, s'enracinent au Québec. Abandonnent leur langue maternelle pour le français et l'anglais, apprennent à manger le riz avec une fourchette, découvrent la complicité silencieuse entre individus misérables, acceptent des boulots médiocres - livreur ou femme de ménage -, eux qui vivaient dans un univers de privilégiés.
La romancière, qui signe ici son premier texte, se dévoile, mais avec grâce, pudeur. Elle opère surtout une mise à nu de ses souvenirs éparpillés dans le temps et l'espace. Dans un va-et-vient entre le Vietnam et le Québec, entre les gens de là-bas et les gens d'ici, elle fouille sa mémoire, touche les empreintes d'une histoire commune comme on effleure tendrement des cicatrices sur une peau, couche des images, des sensations, se contente d'une courte page, puis d'une autre, pour dire l'essentiel - éclats de vie ou de diamant. Elle dit l'héritage : «Ma naissance a eu pour mission de remplacer les vies perdues. » Elle dit ­l'ancrage en terre inconnue,­ « la force de l'émerveillement », le don de rêver, de saisir le présent, de forger le futur. Elle mêle dans le désordre la puis­sance de l'amour maternel, ses désirs de tendre la main pour rattraper ses rêves, et l'absolue beauté de ces «femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur le leur ». Kim Thuy, qui se voyait «vaincue, dénudée, vaine », qui se sentait ombre parmi les fantômes, à peine une femme, devient amoureuse, et invente, comme apaisée, une littérature de « sillage ». Comme un ruisseau - un ru - qui va son chemin selon les caprices de la folie des hommes, son écriture trace dans une même phrase la guerre et la paix, le ­paradis et l'enfer, le bonheur et les larmes. « Sans l'écriture, comment entendre la ­neige fondre, les feuilles pousser, et les nuages se promener ? » Trente ans après avoir quitté le Vietnam, Kim Thuy a franchi l'impensable. Elle s'est habillée de mots. A fait sienne la langue française. S'est mise au centre d'un récit et nous raconte mille vies."
Martine Laval (pour Télérama)


 " Mes parents nous rappellent souvent , à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la force de l'émerveillement . Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini. C'est peut être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes ." 

" ... Le dernier paquet qu'il m'a envoyé contenait un billet d'avion pour Paris . Il m'y attendait pour un rendez-vous chez un parfumeur . Il voulait que je sente la feuille de violette, l'iris, le cyprès bleu, la vanilline, la livèche ... et surtout l'immortelle, une odeur à propos de laquelle Napoléon disait qu'il pouvait sentir son pays avant même d'y avoir posé le pied. Guillaume voulait que je trouve une odeur qui me donnerait mon pays, mon univers." 

" ... Moi, je n'ai jamais eu d'autres questions que celle du moment où je pourrais mourir .J'aurais dû choisir ce moment avant l'arrivée de mes enfants, car j'ai depuis perdu l'option de mourir. L'odeur surette de leurs cheveux cuits sous le soleil, l'odeur de la sueur dans leur dos la nuit au réveil d'un cauchemar, l'odeur poussiéreuse de leurs mains à la sortie des classes m'ont obligée et m'obligent à vivre , à être éblouie par l'ombre de leurs cils, à être émue par un flocon de neige, à être renversée par une larme sur leur joue. Mes enfants m'ont donné le pouvoir exclusif de souffler sur une plaie pour faire disparaître la douleur, de comprendre des mots non prononcés, de détenir la vérité universelle, d'être une fée . Une fée éprise de leurs odeurs". 


Pour Simon et Françoise ....

vendredi 29 novembre 2013

" LA MAYENNE A L'OEUVRE " : UNE EXPOSITION A MINSK ET UN CATALOGUE



 Il est ici question d'une exposition à Minsk,   d'un pont entre la Mayenne et la lointaine Biélorussie ... 

Des oeuvres d' Henri Rousseau , Jules Lefranc , Robert Tatin, Jacques Reumeau ,Alain Lacoste,  Brigitte Maurice, Serge Paillard, Jean-Louis Cerisier, Céneré Hubert et Patrick Chapelière vont quitter la France pour Minsk ...

 Voici ce qu'en dit Jean-Louis Cerisier le commissaire de l'exposition :

" L’exposition entend contribuer au rayonnement culturel et artistique mayennais. Elle est en mesure de constituer un événement emblématique susceptible d’être prolongé. 

Dans le cadre de la politique culturelle, des échanges  entre la France et la Biélorussie sont organisés, honorant ainsi une tradition séculaire. Ainsi une exposition  Peindre en Normandie s’est tenue au Musée d’art National à Minsk en avril-mai 2010.

Les œuvres du Douanier Rousseau sont dans les collections des grands musées russes aux côtés des Impressionnistes. Quant aux artistes russes et biélorusses, des grands noms figurent au panthéon des peintres qui rayonnent en France : Chagall, Kandinsky, Soutine, Kikoïne, Krémègne.

     J’organise une exposition susceptible de nourrir ces échanges. Il existe en Mayenne un mouvement de création artistique hérité de Rousseau et de ses successeurs immédiats, Lefranc et Trouillard. Par ailleurs, la tradition naïve,  consacrée par la création d’un musée à Laval en 1965, fait actuellement l’objet d’une réflexion conduisant à une ouverture sur des modes d’expression autodidactes singuliers. 

    Mon projet consiste d’une part, à faire connaître ce mouvement artistique, riche et encore méconnu. D’autre part,  l’exposition permettra la mise à jour des ramifications qui sont à l’origine de ce mouvement de création  particulier, en partant de la filiation naïve issue de Rousseau et soutenue par l’activité du musée d’art naïf depuis les années 60 ; elle s’intéressera aussi à l’évolution de ce mouvement à partir des années 70 et de ses nouvelles formes d’expression, nées d’apports extérieurs, de rencontres et de croisements. Au coeur de cette évolution, Robert Tatin, puis Alain Lacoste qui ont donné forme à la mutation singulière de la tradition naïve.

    L’exposition présentera une cinquantaine d’œuvres de créateurs autodidactes mayennais, issues pour une part des collections du Musée de Laval et pour l’autre part, des artistes et des collectionneurs, notamment Michel Leroux."




 
La Mayenne à l’œuvre :

Croisements et filiation.


Galerie du Musée National des Beaux-Arts de Biélorussie, Minsk


2 décembre 2013 – 6 janvier 2014

France-Biélorussie, destins artistiques croisés.


" L’attrait pour la France des artistes nés en terre biélorusse est un phénomène de longue date. Déjà, en 1833, Napoléon Orda s’installe à Paris et développe ses multiples talents de peintre, de compositeur et d’interprète.
Le mouvement prend de l’amplitude au début du XXe siècle. Les amateurs d’art français en connaissent les grands noms, sans toujours situer leur lieu de naissance : Soutine, Kikoïne, Chagall viennent épanouir leur inspiration à Paris. Pour la plupart, ils s’immergent dans le bouillonnement créateur de la Ruche et passent l’été dans le sud de la France, à Céret. La lumière du Roussillon les subjugue, comme elle a attiré Matisse et tant d’autres. Krémègne s’y installe.
Ces précurseurs n’épuisent pas le flux. Ils ont été accompagnés par de nombreux artistes, peut-être moins familiers du grand public occidental, mais qui font aujourd’hui référence : Eugène Zak, Ossip Lubitsch, Nadia Chodasiewicz-Léger, Sam Zarfin… En Biélorussie, on les appelle « l’école de Paris », qui aura ses descendants. Bien longtemps après, d’autres font le voyage vers la France et s’y fixent, car c’est là, ils l’ont compris, qu’ils pourront s’exprimer. Le plus prestigieux d’entre eux, Boris Zaborov, a choisi l’exil en 1981. Il est aujourd’hui mondialement reconnu et a reçu la nationalité française.
Cette histoire partagée a tissé les liens forts qui relient Minsk à Paris par la peinture. La France a aidé le public de la Biélorussie, depuis son indépendance acquise avec la disparition de l’URSS en 1991, à redécouvrir Marc Chagall, l’enfant du pays, né à Vitebsk, à travers plusieurs expositions qui lui ont été consacrées. Elle s’est aussi acquittée de son rôle pédagogique en organisant une très belle exposition des plus grands artistes impressionnistes, Peindre en Normandie (2009). Le musée des beaux-arts présentait ainsi, de manière inédite, des toiles de Monet, Corot, Pissarro, Sisley… Depuis, la Biélorussie a appris à organiser son mécénat ; grâce à des acquisitions judicieuses, le pays dispose désormais d’un premier fonds où sont représentés tous les grands noms de l’école de Paris. En 2012, enfin, les amateurs de peinture ont pu voir à Minsk des toiles de « leurs » artistes, popularisés par une littérature qui s’étoffe.
C’est tout naturellement que la France se sent investie de la responsabilité d’accompagner le public biélorusse, très demandeur. Celui-ci est au fait des grands courants de la peinture, mais d’autres lui demeurent étrangers. On peut donc sans hésiter s’attendre à un grand intérêt pour une exposition sur l’art singulier et de la curiosité pour l’héritage d’Henri Rousseau. Ce dernier n’est pas un inconnu en Biélorussie, grâce aux toiles des musées de Russie, l’autre référence naturelle du pays en matière d’art. C’est une grande chance que, grâce aux collectionneurs et aux musées de Mayenne, une nouvelle page de notre collaboration culturelle s’ouvre, pour favoriser la découverte de ces artistes où l’on s’attachera ici à reconnaître une filiation avec les enfants de la Biélorussie, revenus depuis peu, par leurs œuvres, vers la terre natale."

Michel Raineri , Ambassadeur de France







 Brigitte Maurice- Géologie II




Brigitte Maurice - le cirque


 Alain Lacoste , Mon cher ami, vous êtes un lion, acrylique sur ardoise 1983 ; collection Serge Paillard 



Alain Lacoste - en mission - collection Art Obscur - Michel Leroux

Patrick  Chapelière- Église et arbres- collection Art Obscur - Michel Leroux


 Céneré Hubert, cerf élancé, peinture Ripolin sur métal repoussé - collection Art Obscur - Michel Leroux

Cénéré Hubert- zèbre -collection Art Obscur - Michel Leroux

 Jacques Reumeau , Nature morte aux bouteilles, fusain sur papier,  1978, collection Marc Valin, Laval


 Jacques Reumeau


Jean-Louis Cerisier , Femme allongée dans la montagne, huile sur toile


Jean-Louis Cerisier - Femme allongé au chien et au jeu de croquet


 Jean-Louis Cerisier- scène d'intérieur avec arrosoir


Jean-Louis Cerisier - L'accueil de la muse par le peintre Jacques Reumeau



 Le poète et sa muse, portrait d'Apollinaire et de Marie Laurencin, huile sur toile,1909, musée des beaux-arts  Pouchkine, Moscou


 

 Serge Paillard , Pomme de terre en oiseaux 

Serge Paillard - Et la PDT dit "viendront des temps obscurs"

 Robert Tatin- mère mérante -collection Art Obscur - Michel Leroux


 Tatin- aéroplane - collection Art Obscur - Michel Leroux



 

Henri  Trouillard, marché de femmes



 Henri Trouillard - bateau en mer


Henri Trouillard -les affameurs


 Et cette proposition ...

Nous avons le plaisir de vous annoncer la publication du catalogue 

" La Mayenne à l’œuvre: croisements et filiations" .

 Ce recueil, édité à l’occasion de l’exposition présentée au Musée National des beaux-arts de Biélorussie, à Minsk du 2 décembre 2013 au 6 janvier 2014, aborde les ramifications et
les rencontres qui ont contribué à l’émergence d’un mouvement créatif singulier
en Mayenne.
L’exposition a pu voir le jour grâce aux efforts conjugués de l’Ambassade de France, du musée National des Beaux-Arts de Biélorussie, de la Ville et du Musée de Laval ainsi que de collectionneurs privés.
L’ouvrage témoigne de l’intérêt accordé à de nouvelles formes d’expressions autodidactes par le musée de Laval, qui opère ainsi une jonction avec les œuvres d’illustres prédécesseurs présentes dans ses collections.
Cet événement a pour ambition de constituer une nouvelle étape pour le rayonnement des artistes figurant dans cet ouvrage. Nous projetons en effet de présenter l’exposition dans d’autres lieux en France et à l’Étranger.
Vous trouverez dans le catalogue une introduction et une chronologie, précédant
la présentation de chaque artiste:

Henri Rousseau – Jules Lefranc – Robert Tatin – Jacques Reumeau – Alain Lacoste – Brigitte Maurice – Serge Paillard – Jean-Louis Cerisier – Céneré Hubert – Patrick Chapelière.

L’ouvrage de 56 pages comporte 31 illustrations.
 Il est vendu au prix de 13 euros + 3euros 50 de frais de port 
à l'adresse suivante :

CNS53
32 rue des bouchers 
53000 Laval


Votre souscription est un accompagnement et un soutien précieux. Nous vous
en remercions chaleureusement.
Conception coordination suivi : Jean-Louis Cerisier



 Je remercie ici Michel Leroux et  Jean-Louis Cerisier qui ont rendu cet article possible  ...
 

jeudi 28 novembre 2013

LES GRIGRIS DE SOPHIE C'EST AUJOURD'HUI !


... à la maison


- Le jeudi 28 de 16h à 20 h
- Le vendredi 29 sur rendez-vous
- Le samedi 30
de 11 h à 19 h

Il y a plein de nouveaux Grigris (gants, pochettes, sacs, broches et colliers) !















Sophie Lepetit

03 26 47 44 72

83 RUE BELIN 
(près de la place Luton)
à Reims



mercredi 27 novembre 2013

LA CONSTRUCTION INSOLITE DE SAINT SEVER DU MOUSTIER

ÉTÉ 2013 !

LA CONSTRUCTION INSOLITE DE SAINT SEVER DU MOUSTIER 
 s'est bien sûr transformée !

De nouveaux personnages, de nouvelles structures ont vu le jour !
Une belle entreprise vraiment !















  " La Construction Insolite est une œuvre collective, bâtie en pierre, sculpture, céramique et mosaïque. Une sorte de Palais Idéal où chacun est invité à participer.

Ce chantier entrepris il y a 8 ans par un groupe de passionnés de création hors normes, est maintenant un ensemble extraordinaire monumental qui accueille participants et visiteurs tout au long de l'année.

"C'est un projet lancé sur un coup de tête, sans aucunes prétentions. L'idée est de permettre à ceux qui le désirent de participer en laissant libre court à leur imagination. Maintenant la construction est importante, elle comporte plusieurs étages et beaucoup d'ornements."

L'association qui en est à l'origine à plus de 25 ans et a d'abord entièrement rénover un ancien hôtel en ruine pour en faire un centre de rencontre et de création artistique. Ce lieu est devenu "Le Musée des Arts Buissonniers" et accueille des expositions et des résidences de créations, dans le petit village de Saint- Sever- du- Moustier dans l' Aveyron.
Plusieurs sessions sont organisées, avec plusieurs thèmes et tranches d'âge. Il n'y a pas besoin d'avoir un savoir-faire particulier pour participer, simplement l'envie de s'exprimer et d'amener sa contribution à l'édifice. Toutes les sessions son accompagnées pas des professionnels de la construction."




LE MUSÉE DES ARTS BUISSONNIERS

LES GRIGRIS DE SOPHIE A SAINT SEVER DU MOUSTIER

ET ICI 


(cliquer sur les liens)


mardi 26 novembre 2013

L'ATELIER DE JEAN-FRANCOIS CAUDRY

Eté 2013
Grâce à la girafe d'Horace Diaz et à mon cerf magnifique j'ai fait la connaissance de JEAN-FRANÇOIS CAUDRY .





Cet été visite à son atelier près de Salasc ...
Coup de cœur pour ses réalisations !
Jean-François fabrique aussi des bijoux (bagues et colliers) très originaux !



(photo  de l'artiste)



" Depuis 1987, fourmillant d’idées, Jean-François Caudry travaille aussi bien les formes, les matières que les couleurs. Artiste plasticien et décorateur, en partie autodidacte, Il a partagé avec de nombreux artistes et artisans, ateliers, expériences et techniques. La rencontre avec l’autre, qu’il soit artiste, amateur d’art ou simple néophyte, reste pour lui un moteur essentiel.
La recherche de l’objet rare singulier insolite particulier ou étonnant est permanente… il a l’art et le secret de leur donner une nouvelle vie dans ses créations. L’œuvre de Jean-François Caudry est d’une grande diversité alliant force et subtilité. Il sculpte, modèle, façonne, travaille, joue et passe de la dentelle au métal sans hésitation, avec allégresse ! Ses différentes réalisations invitent au rêve et nous entrainent dans des mondes oscillant entre songe et réalité, souvenirs et imagination, le tout dans une émotion intense.
Jean-François Caudry est sans cesse dans le mouvement, la création, l’innovation, et la rencontre. C’est un plaisir toujours renouvelé  de découvrir ses nouvelles réalisations, de redécouvrir ses œuvres plus anciennes : les surprises sont toujours au rendez-vous."












(photos Apolline Lepetit)



Quelques réalisations de Jean-François ...


 (photos facebook)


 


 ... Et ses bijoux !









 LE SITE DE JEAN-FRANÇOIS

LE SITE DES BIJOUX