mercredi 29 janvier 2020

UN TEXTE DE CATHERINE URSIN







Sans vie
Je te lâche
J’ai laissé ta main tendue
vers moi m’échapper
Je suis en apesanteur
et n’arrive plus à te rejoindre
Mes efforts pour te retrouver
sont vains
La force de mon amour
ne suffit pas à t’atteindre
Tu t’éloignes de jour en jour
Je n’arrive plus à te voir
Toutes les lumières se sont éteintes
Les étoiles ne nous guident plus
et la lune nous boude
Mes larmes ont fait cesser
cette pluie renaissante et douce
aux cliquetis des tôles
amoureuses
Mon sexe grand ouvert
ne trouve que le vide
dans ce désert froid et humide
Mes mains ne rencontrent plus
ton corps torride et sensuel
Je virevolte dans cet espace
solitaire et sans direction
Je m’échoue dans un cosmos
aux astres errants
Je rêvais d’être
la filante de ton étoile
le noir de ton ombre
la sœur de ton âme
Je serais restée
collée à tes lèvres
accrochée à ton torse
suspendue à tes cuisses
J’aurais enrobé
ta bite de mon clitoris
humide et sauvage
jusqu’à la fin des temps
J’ai laissé nos corps
se distordre
se liquéfier
se distendre
se séparer
et nous dérivons
seuls
chacun de notre côté
comme des pestiférés
oubliés de tous
la tête vidée
les yeux hagards
amants perdus
égarés horrifiés
fous déments
Quand nous aurons fini
cette effrayante dérive
nous nous télescoperons
à nouveau
faisant exploser les entrailles
des volcans ardents
dans un vacarme orgiaque
à faire éclater
tous les tympans de la Terre 



 CATHERINE URSIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

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1 commentaire:

  1. Ça se passe de commentaires mais j'essaye : beau et très vrai. Encore !

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