vendredi 4 décembre 2009

J' AI ECOUTE ALAIN CAVALIER



Toujours difficile de retranscrire et d'évoquer des rencontres mais l'échange avec Alain Cavalier fut un moment béni.

Il y eut d'abord le mardi soir les remarques qui ont suivi le film IRENE puis le lendemain matin un cours "option cinéma " au lycée Clémenceau.
Je ne sais pas ce que les lycéens garderont de ce " cours "mais pour moi ce fut un ravissement, rien à voir avec un cours magistral mais un réel intérêt de la part d'Alain Cavalier pour ces jeunes gens et ces jeunes filles en devenir passionnés de cinéma.
Beaucoup de questions, une écoute attentive, une adresse donnée afin que les films réalisés par les élèves lui soient envoyés.

Alain Cavalier nous a aussi montré sa caméra ( "je suis arrivé à la libération économique et mentale") et expliqué comment de réalisateur il est devenu filmeur.
Le cours a passé à une vitesse incroyable et j'avoue que c'est une journée entière que j'aurais pu écouter Alain Cavalier .
Pendant deux heures il est resté debout à expliquer, à se raconter avec cette voix si particulière et cette incroyable jeunesse (impossible de croire une seule seconde que cet homme à 78 ans !)
Que ce soit dans ses attitudes ou dans ses projets on sent que le monde lui appartient et que ses films nous régaleront encore et encore.

Ceux qui reprochent à Alain Cavalier son narcissisme ne l'ont pas rencontré , c'est un homme qui sait écouter, c'est un homme qui aime la vie.


-Il y a deux ans Irène a resurgi dans ma mémoire . Elle était là elle me parlait. Je la voyais comme la dernière fois que je l'avais vue dans ma vie .

-Avez vous réussi à faire le deuil d'Irène grâce à ce film ?
Je le saurai plus tard.
Pour l'instant c'est presque l'inverse. Elle est vivante maintenant. Je croyais m'apaiser et maintenant elle est là jusqu'à la fin de ma vie. C'est peut être ça qu'elle désirait ou que je désirais.


- Qu'est-ce qui vous a guidé au montage ?
J'ai enlevé tout ce qui était visiblement symbolique , pictural.
Je ne veux pas faire des tableaux.
Chaque fois cela m'échappe mais consciemment je sabre .
Je garde que ce qui peut être partagé.

- Je me balade entre la vie et la mort.
Je suis pris de joie abusive et quelquefois je sais que je vais vers la nuit .
Je célèbre la vie mais je sais ce que c'est de la quitter.

-Alain Cavalier évoque " le léger tremblement du temps " (Mémoires d'Outre Tombe) et celui de la caméra.

- Le passé conservé est encore plus présent que le présent que je suis en train de vivre.

- Quand je décide de faire un film je me fixe sur le sujet de mon film.
Je n'écris plus de scénario, je ne raconte plus d'histoire, je cherche une sorte d'émotion à développer.
Je suis en embuscade et j'attends que le réel m'apporte quelque chose de supérieur.
Je regarde la vie et de temps en temps j'en prends un morceau parce qu'il m'intéresse.
Ça enchante la pellicule de filmer quelqu'un qu'on aime .

- Avant trente ans on ne sait pas quel cinéaste on est .
Filmer c'est une vrai façon de se connaître soi-même.
Je sais ce que je raconte, ce sont des choses que j'ai vécues .

-il revient aussi sur cette fin d'Irène , sur cette dernière phrase prononcée :
"Pendant longtemps j'ai cru que ma mère gardait la photo d'Irène sur sa table de nuit pour me faire plaisir . Aujourd'hui je pense différemment ."
Phrase que je n'ai pas comprise comme il semble l'avoir prononcé.
Il dit qu'il voulait être dans la clarté mais que cette fin ouverte n'est pas faite pour lui déplaire .


-L'importance de ma mère est plus grande que je le pense . Elle encadre cette histoire.
Il dit ne pas s'être rendu compte des deux plans concernant sa mère qui débute et termine le film et cela paraît incroyable.
C'est l'inconscient qui parle (sa mère est stérile, Irène aussi).


- Ma grande passion aurait été de voir sans être vu.
Pénétrer invisible dans une pièce , j'aurais rapporté des choses jamais vues.
La caméra modifie toujours les gens.


-fallait-il ou non montrer une photo d'Irène ?
Peut-on parler de quelqu'un sans montrer son visage?
J'avais gardé quelques photos d'Irène mais je n'avais pas l'intention de les mettre dans le film.
J'ai trouvé une raison cinématographique avec ce chien qui va mourir .


- Tous les plans qu'on a vus sont uniques . Pour la scène de la couette j'ai reçu un cadeau magnifique .



Pour Jean-Michel qui aurait aimé être là .

Pour Jérôme Descamps qui a orchestré cette venue et qui propose sur le site de la Pellicule ensorcelée un entretien avec Alain Cavalier :

http://www.lapelliculeensorcelee.org/cavalier/cavalierAccueil.html

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