J'ai eu une grande chance car le jour où j'ai visité l'exposition CHOMO, le commissaire de l'exposition Laurent Danchin faisait une visite guidée et parlait avec passion de l'artiste qu'il connait bien puisqu'il l'a rencontré et qu'il travaille à faire vivre son oeuvre ...
Je me suis jointe au groupe déjà constitué et ai pu profiter de l'enthousiasme d'un éminent spécialiste .
J'ai appris qu'une vente aurait lieu le 6 juin au château de Cheverny de 99 oeuvres (sur les 1000 existantes ), vente devant servir à sauver le lieu de création (aprés l'exposition de la Halle Saint Pierre, en effet, il n'est pas possible que les oeuvres retournent dans la forêt d'Achères)
Laurent Danchin a évoqué ces bâtiments "beaux comme des sculptures géantes" et a dit que" la nuit les vitraux sont hallucinants ".
Durant toute cette visite j'étais à la fois enthousiasmée par l'oeuvre et par le personnage de CHOMO mais aussi dans le total regret de n'avoir pu visiter le lieu magique, dans la tristesse de ne pas avoir rencontré l'artiste.
CHOMO en vrac :
- Chomo c'est l'homme des ruches , le " père déboussolé " , l'homme des grandes gouaches stylisées, des céramiques,de la technique des Bois Brûlés, des moulages de plâtre, des assemblages de verre cassé, des collages et des papiers froissés,des bouteilles, des sculptures de grillage et de plastique fondu, des masques en mosaïque de brique et de porcelaine, des poèmes et des expériences sonores , des sculptures en béton cellulaire, des grandes peintures bleues sur contreplaqué, des sculptures de plâtre blanc, des jouets stigmatisés(assemblage d'objets en plastique récupéré ), des Bois de sèverine, d'une maison recouverte de fresques, des tôles martelées récupérées dans les poubelles. C'est aussi le médium et le guérisseur (il faut regarder l'extrait proposé du film incantatoire de Clovis Prévost : "Chomo Le Débarquement Spirituel" .)
-" l'alcool abrutit l'imbécile et divinise le guide ".
- Chomo parlait à 300 à l'heure.
- Chomo n'a jamais rencontré Dubuffet.
- le monde l'animation et de la bande desssinée doit beaucoup à Chomo.
- " Les Bois de Séverine" viennent du mot sève car à la grande consternation de Chomo de jeunes gens venus l'aider avaient abattu un arbre vivant détruisant ainsi les esprits de la forêt.
- certaines sulptures s'appellent "les anges refusés".
-sa compagne a voulu défendre son oeuvre mais sans que l'on comprenne le pourquoi d'un geste aussi " iconoclaste" (le mot n'est peut être pas judicieux concernant CHOMO!) elle a effacé TOUS les textes écrits par Chomo.
Restent les photographies, seules traces de cette écriture parallèle ( née après la rencontre avec le poète André Vernier, dit Altagor ) .
-Le superbe film d'Antoine de Maximy (dont je reparlerai plus longuement) est à voir absolument.
- " en vérité on est toujours tout seul"
- Chomo évoque "l'ange du matin , l'ange du midi et l'ange du soir, celui du travail accompli ".
-" La nuit je suis un prince et le jour je suis un mendiant"
-" je travaille dans le rêve , la plupart de mes peintures c'est du rêve ".
- "Quelle empreinte auras- tu laissé sur la terre pour que ton dieu soit content".
- "Chomo, on ne peut pas le classer et il a mauvais caractère ".
- "La pensée s'incruste dans la pierre, la pierre elle va devenir quelque chose indépendamment de moi . Elle a un devenir ".
-"La musique doit être spontanée.La musique c'est un tzigane abandonné".
-"Quand tu as envie de créer, tu crées . La création doit être spontanée".
-" On est là pour faire une évolution, pas pour manger et faire l'amour".
-"Quand on brûle le bois on apporte une âme au bois. C'est plus beau que le bronze car cela respire ".
-Et cette phrase prononcée avec amertume "je suis surtout connu à l'étranger" .
Et ce texte de Laurent Danchin qui présente l'exposition :
" Il y a dix ans mourait Chomo, l’ermite de la forêt de Fontainebleau, artiste total à la fois poète, musicien, peintre, sculpteur, architecte, et auteur d’un film récapitulatif de toute son œuvre, plus long que le Mahâbhârata : Le Débarquement Spirituel. Une véritable légende vivante, dont l’empreinte est profonde sur tous ceux qui l’ont rencontrée.
Des milliers de visiteurs, de toutes conditions, ont été admis, au fil des ans, dans le territoire mythique de son Village d’Art Préludien, sur la commune d’Achères-la-Forêt, non loin du Cyclope de Tinguely et de la chapelle Saint-Blaise-des-Simples, où est enterré Cocteau, à Milly-la-Forêt. D’Angleterre, des Etats-Unis, d’Allemagne, du Japon, la télévision est venue filmer l’Eglise des Pauvres, le Sanctuaire des Bois Brûlés ou le Refuge, trois chefs d’œuvre de l’architecture spontanée de Chomo, réalisés, comme toute son œuvre, en matériaux de récupération : bois morts de la forêt, grillage, plâtre, bouteilles, tôles de voitures, glanés dans les sous-bois, les décharges publiques et les casses automobiles des environs.
Déjà, en 1960, les derniers surréalistes, André Breton, Dali, Joyce Mansour, Henri Michaux, mais aussi Cocteau, Anaïs Nin, le peintre Atlan, les galeristes Claude Bernard et Iris Clert ou même Picasso, avaient admiré, à Paris, les Bois Brûlés de Chomo, ses assemblages de verre et ses toiles lacérées, dans l’unique exposition qu’il devait consentir avant de se retirer du monde. Par la suite, sur les traces de Clara Malraux, mandatée en son temps par le Ministère des Affaires Culturelles pour faire protéger le site à ses débuts, des personnalités aussi différentes que Bernard Anthonioz, Jacques Attali, Henri-Claude Cousseau, Jean-Hubert Martin, se sont rendues dans le « Royaume » de Chomo, pour voir de plus près celui qui se disait aussi médium et guérisseur et vivait dans une telle symbiose avec ses abeilles qu’une séquence « choc » lui a été consacrée, en 1965, dans un film d’Edouard Logereau, Paris-Secret.
Bernard Lassus, Michel Ragon, les peintres Jean Revol, Lisette Combe et Jean de Maximy, le sculpteur Josette Rispal, les photographes Jean-Paul Vidal, Marcus Schubert, Jean-Claude David, Pascal Brousse, Minot-Gormezano, le psychiatre Gaston Ferdière, Michel Thévoz, de la Collection de l’Art Brut de Lausanne, Jean-Paul Favand du Musée des Arts Forains, John Maizels, de la revue internationale Raw Vision, et beaucoup d’autres ont été parmi les admirateurs et défenseurs de l’univers de Chomo. Clovis Prévost et Antoine de Maximy lui ont consacré un film. J’ai moi-même recueilli les souvenirs et les pensées de Chomo, dans un livre iconoclaste publié en 1978. France Inter, France Culture, Radio Libertaire sont venus enregistrer la poésie sonore, les musiques expérimentales et les propos détonants de cet écologiste avant l’heure, grand pourfendeur de la société de consommation, auquel une Fondation a même été un temps dédiée, destinée à protéger le lieu et l’oeuvre de Chomo.
Mais Chomo était un irréductible, et s’il avait décidé de poursuivre son œuvre en-dehors du circuit des galeries et du marché, payant sa rébellion au prix fort de l’inconfort et de la solitude, c’était pour préserver sa liberté totale d’esprit et de création, pour pouvoir sans entraves enseigner sa voie à tous ceux qu’il prenait au piège de son rêve, et pour rester jusqu’au bout fidèle à sa révolte contre une société qu’il estimait gravement dévoyée, sur une planète elle-même en grand danger.
Depuis dix ans, l’univers de Chomo n’est plus accessible au public, et ce créateur inoubliable, ce visionnaire tourmenté par tous les excès de l’inspiration, auteur de centaines d’expériences de tous genres en sculpture, peinture, poésie, musique, cinéma, est en passe de disparaître de l’écran de nos mémoires. Il était temps que la France reconnaisse cet artiste extraordinaire, trop longtemps cantonné dans les curiosités du bord des routes, et rende hommage à celui que le chanteur britannique Jarvis Cocker, dans son road movie Journeys into the Outside (Voyages dans l’ailleurs), tourné l’année même du décès de Chomo, considérait déjà comme un monument du XXème siècle. Ce sera l’honneur et la fierté de la Halle Saint Pierre d’avoir eu, la première, ce souci et ce privilège. Puissent, dans cette lancée, les pouvoirs publics prendre les décisions qui s’imposent afin de consacrer à Chomo, sur le lieu où il a vécu, le musée qu’il mérite. "
Des milliers de visiteurs, de toutes conditions, ont été admis, au fil des ans, dans le territoire mythique de son Village d’Art Préludien, sur la commune d’Achères-la-Forêt, non loin du Cyclope de Tinguely et de la chapelle Saint-Blaise-des-Simples, où est enterré Cocteau, à Milly-la-Forêt. D’Angleterre, des Etats-Unis, d’Allemagne, du Japon, la télévision est venue filmer l’Eglise des Pauvres, le Sanctuaire des Bois Brûlés ou le Refuge, trois chefs d’œuvre de l’architecture spontanée de Chomo, réalisés, comme toute son œuvre, en matériaux de récupération : bois morts de la forêt, grillage, plâtre, bouteilles, tôles de voitures, glanés dans les sous-bois, les décharges publiques et les casses automobiles des environs.
Déjà, en 1960, les derniers surréalistes, André Breton, Dali, Joyce Mansour, Henri Michaux, mais aussi Cocteau, Anaïs Nin, le peintre Atlan, les galeristes Claude Bernard et Iris Clert ou même Picasso, avaient admiré, à Paris, les Bois Brûlés de Chomo, ses assemblages de verre et ses toiles lacérées, dans l’unique exposition qu’il devait consentir avant de se retirer du monde. Par la suite, sur les traces de Clara Malraux, mandatée en son temps par le Ministère des Affaires Culturelles pour faire protéger le site à ses débuts, des personnalités aussi différentes que Bernard Anthonioz, Jacques Attali, Henri-Claude Cousseau, Jean-Hubert Martin, se sont rendues dans le « Royaume » de Chomo, pour voir de plus près celui qui se disait aussi médium et guérisseur et vivait dans une telle symbiose avec ses abeilles qu’une séquence « choc » lui a été consacrée, en 1965, dans un film d’Edouard Logereau, Paris-Secret.
Bernard Lassus, Michel Ragon, les peintres Jean Revol, Lisette Combe et Jean de Maximy, le sculpteur Josette Rispal, les photographes Jean-Paul Vidal, Marcus Schubert, Jean-Claude David, Pascal Brousse, Minot-Gormezano, le psychiatre Gaston Ferdière, Michel Thévoz, de la Collection de l’Art Brut de Lausanne, Jean-Paul Favand du Musée des Arts Forains, John Maizels, de la revue internationale Raw Vision, et beaucoup d’autres ont été parmi les admirateurs et défenseurs de l’univers de Chomo. Clovis Prévost et Antoine de Maximy lui ont consacré un film. J’ai moi-même recueilli les souvenirs et les pensées de Chomo, dans un livre iconoclaste publié en 1978. France Inter, France Culture, Radio Libertaire sont venus enregistrer la poésie sonore, les musiques expérimentales et les propos détonants de cet écologiste avant l’heure, grand pourfendeur de la société de consommation, auquel une Fondation a même été un temps dédiée, destinée à protéger le lieu et l’oeuvre de Chomo.
Mais Chomo était un irréductible, et s’il avait décidé de poursuivre son œuvre en-dehors du circuit des galeries et du marché, payant sa rébellion au prix fort de l’inconfort et de la solitude, c’était pour préserver sa liberté totale d’esprit et de création, pour pouvoir sans entraves enseigner sa voie à tous ceux qu’il prenait au piège de son rêve, et pour rester jusqu’au bout fidèle à sa révolte contre une société qu’il estimait gravement dévoyée, sur une planète elle-même en grand danger.
Depuis dix ans, l’univers de Chomo n’est plus accessible au public, et ce créateur inoubliable, ce visionnaire tourmenté par tous les excès de l’inspiration, auteur de centaines d’expériences de tous genres en sculpture, peinture, poésie, musique, cinéma, est en passe de disparaître de l’écran de nos mémoires. Il était temps que la France reconnaisse cet artiste extraordinaire, trop longtemps cantonné dans les curiosités du bord des routes, et rende hommage à celui que le chanteur britannique Jarvis Cocker, dans son road movie Journeys into the Outside (Voyages dans l’ailleurs), tourné l’année même du décès de Chomo, considérait déjà comme un monument du XXème siècle. Ce sera l’honneur et la fierté de la Halle Saint Pierre d’avoir eu, la première, ce souci et ce privilège. Puissent, dans cette lancée, les pouvoirs publics prendre les décisions qui s’imposent afin de consacrer à Chomo, sur le lieu où il a vécu, le musée qu’il mérite. "
CHOMO JUSQU'AU 7 MARS A LA HALLE SAINT PIERRE .....
Merci de nous signaler cette vie exemplaire de Chomo, artiste des Bois, artiste « pauvre » - et non pauvre artiste.
RépondreSupprimerCe lien entre repli en foret et pauvreté me fait penser à Thoreau et à son livre _Walden ou la vie dans les bois_.
Il ne s’agit en effet pas seulement retour à la nature, mais aussi du choix de l’économie des moyens de vivre : la pauvreté consentie est ici l’instrument d’une volonté d’indépendance et de liberté. En tout cas, dans Walden, Thoreau prend soin de détailler son budget montrant ainsi que quiconque peut, s’il le veut, vivre ainsi.
Après, reste à être un créateur pour éviter de mourir d’ennui.
Un créateur, ce que de toute évidence Chomo a été.
Votre enthousiasme fait plaisir. Quel dommage de le refroidir! Mais la vérité m'oblige à dire que la dispersion de l'atelier de CHOMO risque de sonner définitivement le glas de son univers. Voir sur ce point ma note du 19.01.2010 :
RépondreSupprimerhttp://animulavagula.hautetfort.com/archive/2010/01/18/chomo-une-oeuvre-tres-prisee.html
Il restera les témoignages de ceux qui ont connu l'artiste de son vivant. Merci à la Halle St-Pierre et à Martine Lusardy d'avoir su, par la scénographie de son exposition, évoquer l'ambiance du village préludien.
lu aujourd'hui :
RépondreSupprimerhttp://animulavagula.hautetfort.com/archive/2010/03/02/merde-a-tou-le-qon1.html
lu sur télérama :
RépondreSupprimerhttp://www.telerama.fr/scenes/chomo-artiste-total-barre,51864.php
encore de la lecture :
RépondreSupprimerhttp://chomo.fr/hommage.html
Merci d'avoir parlé de Chomo que je pensais complètement oublié. Où étais-je en 2010 pour être passée à côté de cette rétrospective à La Halle, je viens de le redécouvrir dans votre blog, quel bonheur ! Merci
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