Liens tissés : éclosion de mère en fille
Apolline et Sophie Lepetit
Les « Grigris de Sophie », c’est un jardin de tissu où fleurissent des pastilles colorées. Une petite entreprise de couture chamarrée contre la crise et la grisaille
Légèrement amarrés sur la voilure sombre d’un manteau ou d’un sac, les fils à nœuds de laine bouillie ou de feutrine déroulent les circonvolutions de leurs couleurs pour accrocher sur l’horizon souvent bien terne des vêtures quotidiennes des astres chatoyants à l’éclat velouté. Et le prêt-à-porter se fait prêt à partir pour quelque rêverie polychrome qui égaye l’œil.
On imagine un atelier exubérant comme un potager d’où surgiraient d’improbables coloquintes de textile, ciselées par des doigts de fée minutieux et imaginatifs.
Sophie Lepetit travaille les textures comme les couleurs ou les formes, et les grigris appellent autant le toucher que le regard. Impossible de résister à l’envie de caresser les pétales de feutrine d’une main distraite ou attentive, de faire rouler les perles sous la pulpe des doigts.
Les grigris portent bien leur nom : bien que pas gris pour deux sous, ils ont tout du porte-bonheur. De petits bonheurs portatifs, à promener avec soi, à tâter comme on touche du bois pour conjurer un courant fugitif d’inquiétude passagère ; et repartir, après avoir butiné un peu de gaieté, comme l’abeille qui s’envole, sereine, une fois sa moisson faite, et s’affaire à d’autres tâches.
Chaque grigris est unique, papillon multicolore né de la rencontre éphémère entre un bouton et un ovale de laine bouillie, une plume et un ruban de satin, une inspiration et quelques centimètres d’étoffe ; un regard, une histoire et des matières.
Apolline et Sophie Lepetit
Les « Grigris de Sophie », c’est un jardin de tissu où fleurissent des pastilles colorées. Une petite entreprise de couture chamarrée contre la crise et la grisaille
Légèrement amarrés sur la voilure sombre d’un manteau ou d’un sac, les fils à nœuds de laine bouillie ou de feutrine déroulent les circonvolutions de leurs couleurs pour accrocher sur l’horizon souvent bien terne des vêtures quotidiennes des astres chatoyants à l’éclat velouté. Et le prêt-à-porter se fait prêt à partir pour quelque rêverie polychrome qui égaye l’œil.
On imagine un atelier exubérant comme un potager d’où surgiraient d’improbables coloquintes de textile, ciselées par des doigts de fée minutieux et imaginatifs.
Sophie Lepetit travaille les textures comme les couleurs ou les formes, et les grigris appellent autant le toucher que le regard. Impossible de résister à l’envie de caresser les pétales de feutrine d’une main distraite ou attentive, de faire rouler les perles sous la pulpe des doigts.
Les grigris portent bien leur nom : bien que pas gris pour deux sous, ils ont tout du porte-bonheur. De petits bonheurs portatifs, à promener avec soi, à tâter comme on touche du bois pour conjurer un courant fugitif d’inquiétude passagère ; et repartir, après avoir butiné un peu de gaieté, comme l’abeille qui s’envole, sereine, une fois sa moisson faite, et s’affaire à d’autres tâches.
Chaque grigris est unique, papillon multicolore né de la rencontre éphémère entre un bouton et un ovale de laine bouillie, une plume et un ruban de satin, une inspiration et quelques centimètres d’étoffe ; un regard, une histoire et des matières.
Dans cette collection particulière, au cœur de chaque fleur brodée par la maman, éclot une image née de l’imagination de sa fille. Un regard qui surgit, entouré par son doux nid de couleurs chaudes. Ou encore le portrait de la grand-mère de Sophie, couturière, qui préside aux heureuses destinées de ces trois artistes. Une transmission de fil en aiguille à travers les générations, dans une version lumineuse des trois Parques antiques. (La première file, la seconde déroule, et la troisième coupe.)
Mais Apolline, l’arrière-petite-fille, ne coupe pas court à cette lignée d’inspiration. Bien au contraire : au centre de ces enluminures textiles, se blottit un dessin ou une photo de la jeune fille. Autoportraits d’un regard attentif aux palpitations de paysages en miniature, images de splendeurs minuscules : une maison se reflétant entière dans la sphère nacrée d’une goutte d’eau ; un visage de bronze baigné de lumière par la pluie, la danse d’un brin d’herbe, le tricot de fer d’un grillage habillant l’horizon,…
Le don de voir le sublime dans l’infime.
Et la matière se fait conteuse : une trace patinée pour chaque âge, le temps qui passe raconté par la rouille, et l’histoire d’un amour de famille partagé pour le beau et sa fragilité, sertie comme le dessin d’une constellation dans l’album épars de ces lettrines de feutrine.
Anne Paulerville
Mais Apolline, l’arrière-petite-fille, ne coupe pas court à cette lignée d’inspiration. Bien au contraire : au centre de ces enluminures textiles, se blottit un dessin ou une photo de la jeune fille. Autoportraits d’un regard attentif aux palpitations de paysages en miniature, images de splendeurs minuscules : une maison se reflétant entière dans la sphère nacrée d’une goutte d’eau ; un visage de bronze baigné de lumière par la pluie, la danse d’un brin d’herbe, le tricot de fer d’un grillage habillant l’horizon,…
Le don de voir le sublime dans l’infime.
Et la matière se fait conteuse : une trace patinée pour chaque âge, le temps qui passe raconté par la rouille, et l’histoire d’un amour de famille partagé pour le beau et sa fragilité, sertie comme le dessin d’une constellation dans l’album épars de ces lettrines de feutrine.
Anne Paulerville
Quelle magnifique complicité créatrice. PAPOU
RépondreSupprimerFELICITATIONS A TOUTES LES DEUX
RépondreSupprimerROSELYNE