LES GRIGRIS DE SOPHIE: CECILE RAYNAL EXPOSE A CAEN

Deux lieux superbes, deux abbayes et un bonheur supplémentaire : les deux expositions de CECILE RAYNAL :

PERSONA, AE : ACTEUR , PERSONNE et ECHELLE 1

" Graves, sereins, énigmatiques, les bustes de Cécile sont très caractéristiques. D’une part car ils ”subissent“ un processus de cuisson à 900° très spécifique qui leur donne un aspect noir, brûlé évoquant l’étrange, une présence presque fantomatique ; d’autre part car ils semblent tous imperceptiblement réels, figés certes, mais vivant toujours un peu quelque part, un peu comme les personnages piégés de Pompéi mais hors de toute connotation morbide."

" Cette remarquable exposition est le résultat d’un projet artistique mené au Centre Pénitentiaire de Caen de mai 2008 à août 2009. Durant cette période, Cécile Raynal est intervenue à raison de 6 heures par semaine et a réalisé les bustes de 9 détenus volontaires. Les « modèles » se sont fortement investis dans le projet et ont ainsi découvert ce qu’est un travail de création artistique. Pendant les séances de pose, un dialogue et des échanges riches se sont tissés entre l’artiste et les détenus. Les sculptures réalisées transposent ainsi la parole de l’individu et rendent compte d’un travail important sur la représentation de soi. "

En 2006 Cécile Raynal évoquait son projet :
« Je ne savais rien de ce qui se passe dans une prison, ni comment on y arrive, par quels chemins, quels désordres, quels choix, quels actes ou quelles malchances. Sculptrice, j’ai voulu rencontrer des hommes détenus. Passer, avec chacun d’entre ceux qui le désiraient, le temps qu’il fallait pour réaliser son portrait ; à travers cette rencontre, rendre visible en partie un corps et son visage, contraints à l’immobilité et à l’attente. »

" La prison est nommée le dedans.
Un lieu de lenteur et d’attente.
Lieu en dedans, en attente du dehors.
La sculpture se tiendrait entre les deux."

" Le travail de Cécile Raynal part du portrait, du visage et du corps, comme lieu de l’histoire à la fois intime et sociale de l’individu. Cette exposition n’invite pas seulement à regarder des sculptures. Elle propose aussi de partager, de faire résonner et de donner du sens à ce récit. C’est une rencontre avec un travail d’artiste, qui nous questionne sur l’enfermement, sur la mémoire qui peine à se souvenir… une réflexion sur la responsabilité du regard des autres
dans la construction ou la déconstruction de l’image de soi. "