Dans le livre de Michel Ragon sur PICASSIETTE on peut lire :
« La maison de Picassiette est désormais à Chartres un monument historique, au même titre que la cathédrale. Lorsqu’on sait l’admiration et la dévotion que Raymond Isidore ne cessa de porter à Notre-Dame de Chartres , principal objet de son inspiration, cette association est plutôt réjouissante. »
Isidore raconte : « Je me promenais dans les champs quand je vis par hasard des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs et les scintillement. J’ai trié le bon , jeté le mauvais . Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors l’idée me vint d’en faire comme une mosaïque, pour décorer ma maison . »
« On imagine l’obstination, l’endurance, qu’il aura fallu à Raymond Isidore pour imposer à sa femme et aux enfants de celle-ci une telle intrusion extravagante dans un logis de si petites dimensions.
D’autant plus que, pendant la guerre, non content d’avoir envahi les murs, Isidore entreprendra de recouvrir de mosaïque tout le mobilier : table, chaises, buffet, guéridon, lit, armoire et même le tuyau de la cuisinière à charbon, le poste de radio et le moulin à café. Décoration totale, absolue, jusqu’à l’absurde. E t c’est là où le délire commence qu’Isidore devient vraiment artiste.
Artiste il sait qu’il l’est .Au contraire de la plupart des créateurs de l’art brut qui se complaisent à décrire la prouesse que représente l’exécution de leurs objets, Raymond Isidore sera toujours persuadé, malgré les railleries de son entourage, qu’il réalise une œuvre d’art.
Sa maison devient un tableau à multiples épisodes : le Mont Saint Michel, la cathédrale de Chartres, un paysage marocain ? C’est une enluminure, un livre d’heures. »
« Ce surnom de Picassiette s’il a popularisé l’œuvre de Raymond Isidore, contribua aussi à la rabaisser au niveau de l’anecdote. Car l’originalité du décor de Raymond Isidore réside moins dans l’assiette cassée que dans la somptuosité, le raffinement, l’image rêvée qui en est le résultat. »
« Pendant plus de vingt ans Raymond Isidore donna vie à son rêve ».
« Lorsque, après 1945, une fois l’intérieur de sa maison saturé, Raymond Isidore entreprendra la décoration extérieure de la maison et qu’autour de la cour d’entrée apparaîtront des fresques représentant la cathédrale de Chartres, la stupéfaction des gens du voisinage poussera Isidore dans un isolement tragique . »
« En réalité, comme pour tout artiste, rien d’autre ne compte que ce qui peut alimenter sa création. Ses multiples emplois n’ont été que concession à la vie sociale , à la nécessité de recevoir quelque argent pour entretenir sa famille . »
« Paul Fuks , dans son analyse psychanalytique de l’œuvre de Raymond Isidore écrit : « Ce qui inspire Raymond Isidore, ce n’est pas l’assiette : c’est son débris, non sa surface circulaire et intacte mais sa brisure, non son intégrité, mais sa reconstitution….S’il a fait de l’assiette brisée son matériau de prédilection, c’est qu’il y est reconnu , identifié, lui l’enfant d’un ménage brisé , privé de son père de son petit frère , puis de son grand frère, brisé par la société, toujours séparé de lui –même et de ses aspirations . Il a trouvé dans cette porcelaine morcelée, dispersée, jetée au rebut, une image de lui, de ses désirs .Et il a ramassé l’assiette cassée comme on ramasse sa propre photo déchirée. »
« Plus il avance dans la réalisation de son grand œuvre, plus il prend conscience de sa singularité d’artiste . A ses voisins perplexes et ironiques il ne parle jamais de son savoir-faire, à la manière de la plupart des créateurs de l’art brut, mais de son art . »
Raymond Isidore a dit à Gilles Ehrmann :
« J’ai poursuivi mon travail comme si j’étais guidé par un esprit, quelque chose qui me commande, qui me dit la manière de faire ; quand c’est bien incrusté dans ma tête, ça se répand en moi, dans mes mains, dans mes doigts, je suis poussé à travailler ».
Et à Robert Giraud :
« La nuit me dictait ce que je devais faire, je voyais mon motif devant moi comme s’il existait vraiment . Je me levais en hâte et me mettais immédiatement au travail. Je ne choisissais aucun élément. Les morceaux de porcelaine et de faïence se trouvaient à ma portée, prêts à être utilisés. Moi qui n’ai jamais su dessiner de ma vie, je ne comprends pas encore comment je suis arrivé à un pareil résultat. »
« En 1952, tout l’extérieur de la maison est entièrement décoré.
Quatre ans plus tard, Robert Giraud insiste sur l’insatisfaction de Picassiette :
«Raymond Isidore, pourtant, n’est pas satisfait. Tout ce qu’il a réalisé jusqu’à ce jour ne compte plus pour lui . Il a jeté les bases d’une nouvelle construction : derrière sa maison, dans le terrain vierge qu’il possède, il rêve d’élever, toujours en débris d’assiettes, la chapelle monumentale qui lui servira de tombeau. »
« Toujours, la magnificence de l’inspiration comme le résultat méticuleux du travail apparaissent comme une revanche sur l’indigence matérielle du créateur. »
« Il y a là une minutie et une obsession qui confinent au délire . »
" A une journaliste de Elle, venue l’interviewer le 8 juin 1970, Mme Isidore déclara :« Moi quand il parlait, je ne disais rien ….Il m’avait épousée veuve avec trois enfants ….Alors il avait toujours raison. Les enfants et moi il fallait qu’on le laisse tranquille. Après il avait toujours raison . Les enfants et moi il fallait qu’on le laisse tranquille. Après, il disait : « viens voir, ma vieille. » Et je voyais des églises dans ma cour, des chameaux dans ma chambre, un trône de roi dans mon jardin. Ma machine à coudre couverte de fleurs. Ma barrière tout en marguerites. Tout était peint ou recouvert de mosaïques. Je crois bien qu’à la fin, j’aurais pu, moi aussi, être à petits carreaux ."
« La maison de Picassiette est désormais à Chartres un monument historique, au même titre que la cathédrale. Lorsqu’on sait l’admiration et la dévotion que Raymond Isidore ne cessa de porter à Notre-Dame de Chartres , principal objet de son inspiration, cette association est plutôt réjouissante. »
Isidore raconte : « Je me promenais dans les champs quand je vis par hasard des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs et les scintillement. J’ai trié le bon , jeté le mauvais . Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors l’idée me vint d’en faire comme une mosaïque, pour décorer ma maison . »
« On imagine l’obstination, l’endurance, qu’il aura fallu à Raymond Isidore pour imposer à sa femme et aux enfants de celle-ci une telle intrusion extravagante dans un logis de si petites dimensions.
D’autant plus que, pendant la guerre, non content d’avoir envahi les murs, Isidore entreprendra de recouvrir de mosaïque tout le mobilier : table, chaises, buffet, guéridon, lit, armoire et même le tuyau de la cuisinière à charbon, le poste de radio et le moulin à café. Décoration totale, absolue, jusqu’à l’absurde. E t c’est là où le délire commence qu’Isidore devient vraiment artiste.
Artiste il sait qu’il l’est .Au contraire de la plupart des créateurs de l’art brut qui se complaisent à décrire la prouesse que représente l’exécution de leurs objets, Raymond Isidore sera toujours persuadé, malgré les railleries de son entourage, qu’il réalise une œuvre d’art.
Sa maison devient un tableau à multiples épisodes : le Mont Saint Michel, la cathédrale de Chartres, un paysage marocain ? C’est une enluminure, un livre d’heures. »
« Ce surnom de Picassiette s’il a popularisé l’œuvre de Raymond Isidore, contribua aussi à la rabaisser au niveau de l’anecdote. Car l’originalité du décor de Raymond Isidore réside moins dans l’assiette cassée que dans la somptuosité, le raffinement, l’image rêvée qui en est le résultat. »
« Pendant plus de vingt ans Raymond Isidore donna vie à son rêve ».
« Lorsque, après 1945, une fois l’intérieur de sa maison saturé, Raymond Isidore entreprendra la décoration extérieure de la maison et qu’autour de la cour d’entrée apparaîtront des fresques représentant la cathédrale de Chartres, la stupéfaction des gens du voisinage poussera Isidore dans un isolement tragique . »
« En réalité, comme pour tout artiste, rien d’autre ne compte que ce qui peut alimenter sa création. Ses multiples emplois n’ont été que concession à la vie sociale , à la nécessité de recevoir quelque argent pour entretenir sa famille . »
« Paul Fuks , dans son analyse psychanalytique de l’œuvre de Raymond Isidore écrit : « Ce qui inspire Raymond Isidore, ce n’est pas l’assiette : c’est son débris, non sa surface circulaire et intacte mais sa brisure, non son intégrité, mais sa reconstitution….S’il a fait de l’assiette brisée son matériau de prédilection, c’est qu’il y est reconnu , identifié, lui l’enfant d’un ménage brisé , privé de son père de son petit frère , puis de son grand frère, brisé par la société, toujours séparé de lui –même et de ses aspirations . Il a trouvé dans cette porcelaine morcelée, dispersée, jetée au rebut, une image de lui, de ses désirs .Et il a ramassé l’assiette cassée comme on ramasse sa propre photo déchirée. »
« Plus il avance dans la réalisation de son grand œuvre, plus il prend conscience de sa singularité d’artiste . A ses voisins perplexes et ironiques il ne parle jamais de son savoir-faire, à la manière de la plupart des créateurs de l’art brut, mais de son art . »
Raymond Isidore a dit à Gilles Ehrmann :
« J’ai poursuivi mon travail comme si j’étais guidé par un esprit, quelque chose qui me commande, qui me dit la manière de faire ; quand c’est bien incrusté dans ma tête, ça se répand en moi, dans mes mains, dans mes doigts, je suis poussé à travailler ».
Et à Robert Giraud :
« La nuit me dictait ce que je devais faire, je voyais mon motif devant moi comme s’il existait vraiment . Je me levais en hâte et me mettais immédiatement au travail. Je ne choisissais aucun élément. Les morceaux de porcelaine et de faïence se trouvaient à ma portée, prêts à être utilisés. Moi qui n’ai jamais su dessiner de ma vie, je ne comprends pas encore comment je suis arrivé à un pareil résultat. »
« En 1952, tout l’extérieur de la maison est entièrement décoré.
Quatre ans plus tard, Robert Giraud insiste sur l’insatisfaction de Picassiette :
«Raymond Isidore, pourtant, n’est pas satisfait. Tout ce qu’il a réalisé jusqu’à ce jour ne compte plus pour lui . Il a jeté les bases d’une nouvelle construction : derrière sa maison, dans le terrain vierge qu’il possède, il rêve d’élever, toujours en débris d’assiettes, la chapelle monumentale qui lui servira de tombeau. »
« Toujours, la magnificence de l’inspiration comme le résultat méticuleux du travail apparaissent comme une revanche sur l’indigence matérielle du créateur. »
« Il y a là une minutie et une obsession qui confinent au délire . »
" A une journaliste de Elle, venue l’interviewer le 8 juin 1970, Mme Isidore déclara :« Moi quand il parlait, je ne disais rien ….Il m’avait épousée veuve avec trois enfants ….Alors il avait toujours raison. Les enfants et moi il fallait qu’on le laisse tranquille. Après il avait toujours raison . Les enfants et moi il fallait qu’on le laisse tranquille. Après, il disait : « viens voir, ma vieille. » Et je voyais des églises dans ma cour, des chameaux dans ma chambre, un trône de roi dans mon jardin. Ma machine à coudre couverte de fleurs. Ma barrière tout en marguerites. Tout était peint ou recouvert de mosaïques. Je crois bien qu’à la fin, j’aurais pu, moi aussi, être à petits carreaux ."
trop de belles images à voir, je prends mon temps pour rattraper!
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