mercredi 7 mars 2012

ERIC FABRE " NOUS DEVONS PRÉSERVER LES LIEUX DE LA CRÉATION"

J'ai eu le plaisir en février de participer à une bien agréable soirée .
 Imaginez une splendide maison avec une vue incroyable sur les lumières de Reims, imaginez des baies vitrées donnant sur des sculptures de Christian Lapie, imaginez des oeuvres d'art sur les murs et ... ERIC FABRE !

Ce soir là, au programme,  des textes de Jean-Luc Lagarce, Ariane Mnouchkine, Henri Miller, Alain Leprest, Jean genet , Edward Bond , Jean-Pierre Siméon , Vaslav Nijinski  et Federico Garcia Lorca .




Voici le texte que j'ai eu envie de mettre en ligne, celui de Federico Garcia Lorca : " Discours
à la population de Fuentes Vaqueros (Grenade) écrit en 1931 :

" Quand quelqu’un va au théâtre, à un concert ou à une fête quelle qu’elle soit, si le spectacle lui plaît il évoque tout de suite ses proches absents et s’en désole : « Comme cela plairait à ma sœur, à mon père ! » pensera-t-il et il ne profitera dès lors du spectacle qu’avec une légère mélancolie. C’est cette mélancolie que je ressens […] pour tous les êtres qui, par manque de moyens et à cause de leur propre malheur ne profitent pas du suprême bien qu’est la beauté, la beauté qui est vie, sérénité et passion. […]

L’homme ne vit pas que de pain. Moi si j’avais faim je me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain, mais un demi-pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes, j’attaque violemment ceux qui ne parlent que de revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles : ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir, qu’ils profitent de tous les fruits de l’esprit humain car le contraire reviendrait les transformer en machines au service de l’Etat, à les transformer en esclaves d’une terrible organisation de la société.

J’ai beaucoup plus de peine pour un homme qui veut accéder au savoir et ne le peut pas que pour un homme qui a faim. Parce qu’un homme qui a faim peut calmer facilement sa faim avec un morceau de pain ou des fruits. Mais un homme qui a soif d’apprendre et n’en a pas les moyens souffre d’une terrible agonie parce que c’est de livres, de livres, de beaucoup de livres dont il a besoin, et où sont ces livres ?

Des livres ! Des livres ! Voilà un mot magique qui équivaut à clamer : « Amour, amour », et que devraient demander les peuples […] – Quand le célèbre écrivain russe Fedor Dostoïevski –père de la révolution russe bien davantage que Lénine- était prisonnier en Sibérie, retranché du monde, entre quatre murs, cerné par les plaines désolées, enneigées, il demandait du secours par courrier à sa famille éloignée, ne disant que : « Envoyez-moi des livres, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas ! ». Il avait froid –ne demandait pas de feu, il avait une terrible soif- ne demandait pas d’eau, il demandait des livres, c’est-à-dire des horizons, c’est-à-dire des marches pour gravir la cime de l’esprit et du cœur. Parce que l’agonie physique, biologique, naturelle d’un corps, à cause de la faim, de la soif ou du froid, dure peu, très peu, mais l’agonie de l’âme insatisfaite dure toute la vie.

Le grand Menéndez Pidal […] l’a déjà dit : « La devise de la République doit être la culture ». La culture, parce que ce n’est qu’à travers elle que peuvent se résoudre les problèmes auxquels se confronte aujourd’hui le peuple plein de foi mais privé de lumière. N’oubliez pas que l’origine de tout est la lumière."







J'ai demandé à Eric Fabre d'expliquer sa démarche :

" Mon projet est de partager dans la plus grande des proximités littérature et poésie. Non pas sous forme de lecture mais en disant les textes, en les "passant" comme s'ils étaient miens, ce qu'ils sont devenus au fil de mes lectures. Parce qu'il y a besoin de redonner à la parole, aux mots, aux textes toute leur importance, leur capacité de plaisir et d'éveil, d'engagement. Je souhaite les porter, ces textes, au plus près des personnes, et d'abord de celles et ceux qui ont le plus difficilement accès à eux pour toutes les raisons imaginables ( précarité, isolement, etc..), mais aussi de tous ceux quels qu'ils soient qui en ont envie.
Ce sont des moments d'une heure , une heure et demi avec des textes regroupés autour d'un thème : " quelques nouvelles du front", " c'est en grinçant des dents peut être que je plaisante", " la langue qui perce les vessies","apprendre à lire c'est allumer du feu", "un jour j'arracherai l'ancre", tous ensemble dans le Tout-monde".
Bien sûr je peux à la demande recomposer un programme et je me rends là où l'on me demande d'aller.
Ce travail est une co-création, co-production, le fruit d'une collaboration avec Michel Bruzat, directeur du Théâtre de La Passerelle" à Limoges, avec qui j'élabore les programmes, qui conçoit les mises en espace et me fait travailler chaque programme. Il présente dans la saison de son théâtre plusieurs d'entre eux chaque année.
Depuis 2 ans j'ai eu l'occasion de répondre à plusieurs sollicitations à travers la France : en Ardèche ( sur le Sentier des Lauzes), à Montluçon (Librairie des Ecoles), à Royères de Vassivière ( à l'Atelier, dans le cadre du Printemps des Poètes 2011), à Sacy, près de Reims ( chez un producteur de champagne Jean-François Léger),à  Eymoutiers ( Espace Paul Rebeyrolle), bientôt à Paris ( juin prochain dans une entreprise du 11e arrondissement)."


Gardez précieusement dans un coin de votre tête l'idée d'une soirée différente,
l'idée d'une soirée réussie !!!



Eric Fabre
14, rue Maryse Bastié
87570 Rilhac-Rancon
06 80 95 41 92
09 71 57 01 06
                                                                   efabre.conseil@orange.fr


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