dimanche 25 mars 2012

UNE ANNEE A LA CAMPAGNE DE SUE HUBBELL



LU ET AIME DANS "  UNE ANNEE A LA CAMPAGNE " DE SUE HUBBELL






« Je me demande si je ne retourne pas à l’état primitif. Les lieux sauvages et tout ce qu’on y trouve m’attirent beaucoup plus qu’il y a quelques années, et les tâches domestiques, essuyer la poussière ou faire la cuisine, ne m’intéressent pas du tout.

Je me demande parfois où nous autres femmes d’un certain âge nous situons dans le tissu social une fois que la construction du nid a perdu de son charme. Il y a une génération, Margaret Mead, qui avait une assez bonne réponse personnelle à cette question, s’interrogeait aussi à ce sujet et faisait remarquer qu’en d’autres temps et dans d’autres cultures, nous avons joué un rôle.

Nous sommes si nombreuses qu’il est tentant de considérer que nous formons une catégorie. Nous avons dépassé l’âge de la reproduction. Les hommes ne veulent pas de nous ; ils préfèrent les femmes plus jeunes. Il est normal, du point de vue biologique, que les mâles soient attirés par des femelles qui sont au début de leurs années reproductives et qui ont encore envie de construire des nids, et si, quant à nous, nous ne pouvons plus nous perdre dans les plaisirs et l’intimité du couple, eh bien, nous avons accédé à notre véritable identité. Nous avons également acquis un autre don précieux. Nous avons le Temps, ou du moins la conscience du Temps. Nous avons vécu assez longtemps et en avons vu assez pour savoir, autrement qu’au plan intellectuel, que la mort nous attend et nous avons donc appris à vivre en nous sachant mortelles, prenant nos décisions avec soin et après mûre réflexion parce que nous savons que nous ne pourrons pas les prendre de nouveau. Le temps pour nous aura une fin, il est précieux et nous en avons appris la valeur.

Oui, nous sommes nombreuses, mais toutes si différentes que j’ai du mal à me lancer dans une analyse sociobiologique, et je crois bien, tout comme Margaret Mead, que la solution est personnelle et individuelle. Parce que notre culture ne nous a assigné aucun rôle réel, nous pouvons créer notre propre rôle. C’est une bonne époque pour être une femme adulte possédant une personnalité, une certaine force et des lubies. Nous vivons longtemps. Nos enfants sont des adultes indépendants que nous les avons aidés à devenir, et peut être ont-ils encore besoin de notre amour, mais ils peuvent se passer de nos soins. Les règles de la société sont si souples de nos jours qu’aucune de nos actions n’est choquante. Nous ne heurtons plus à des barrières politiques. A condition de demeurer en bonne santé et de pouvoir subvenir à nos besoins, nous sommes libres de faire n’importe quoi, de posséder n’importe quoi et d’user de nos talents à notre guise.»

« Je veux d’avantage. Je veux entendre les bruants indigo chantaient leurs couplets lorsque je m’éveille le matin, Je veux relire Joseph et ses frères, je veux voir les feuilles pousser sur les chênes, les fleurs s’épanouir sur les cornouillers et danser les lucioles. Je veux savoir ce qu’il advient du val du Raton laveur. Je veux qu’Asher découvre comment les parasites d’oreilles des papillons de nuit ont traversés l’hiver. Je veux montrer à Liddy et Brian les gros rochers au fond du vallon. Je veux en savoir bien d’avantage sur les faucheux. Je veux écrire un roman. Je veux aller nager nue dans la rivière sous le soleil brûlant. C’est pourquoi j’ai cessé de dormir à l’intérieur. Une maison est trop petite, trop limitée, je veux le monde entier, et aussi les étoiles. »



Pour Héléne, Françoise, Danielle, Anne-Marie, Marie, Francine,Véronique, Catherine, Florence, Isabelle, Marianne, Annie, Marie-Christine, Marion, Laurence, Roselyne, Aurélie, Pascale, Christine, Nathalie, Valèrie ....pour mes amies de toujours et d'aujourd'hui ...



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