PIERRE ALBASSER ... OU QUAND PEINDRE EST UN ACTE D'AMOUR ...
Lorsque j'ai rencontré Pierre Albasser je me suis tout de suite dit en l'écoutant évoquer son parcours que tout ce que l'on voyait là était une histoire d'amour, l'amour d'un homme pour sa femme, l'amour de cette femme pour un homme et pour son travail.
Il y a eu d'autres échanges téléphoniques puis par mail ... et cette impression première s'est confirmée .
Geha, sa femme m'écrit :
"Il est vrai que je n’ai pas le droit de regarder quand il dessine, la surprise doit rester totale. Après chaque présentation, je patafixe les dessins au mur de la cuisine où ils restent une quinzaine de jours avant d’être photographiés et « décrochés ». Ces ensembles aléatoires sont d’une grande variété. Après, je m’active comme archiviste, encadreuse, éditrice, etc. "
Il y a des artistes que l'on connaît grâce à internet mais que l'on n'a jamais croisé, Pierre Albasser était de ceux ci .
Lorsque nous sommes entrés dans la salle ALBASSER lors de l'exposition de Carquefou , nous avons eu un véritable coup de coeur ! Un enthousiasme familial pour cette oeuvre pleine de fraicheur et de liberté , pour un artiste malicieux et charmant .
Voici le texte que je connaissais Pierre ALBASSER par le Site de La Création Franche, Gudrun Albasser et Michel Leroux :
" Pierre Albasser est né le 23 décembre 1936 à Mulhouse, dans le Haut Rhin. Aîné de quatre enfants d'un ouvrier des mines de potasse, il entre à l'âge de neuf ans au Petit Séminaire à Zillisheim où il apprend le français. Après des études de mathématiques à Mulhouse, Strasbourg et Paris, il entre dans une école d'ingénieurs à Lyon, choisissant la section Travaux Publics. Il se marie à Düsseldorf où naît sa fille. Ils vivront successivement à Rio de Janeiro, à Strasbourg puis à Versailles. Il devient alors P.D.G. d'un important bureau d'Etudes et le stress va bon train. Il commence à griffonner sur des post-it pendant ses réunions et conversations téléphoniques.
En 1992, le contexte économique et la crise du bâtiment le mettent prématurément à la retraite et, encouragé par son épouse, il se met à dessiner avec assiduité. Au début, son œuvre circule essentiellement par le biais de l'art postal et figure dans diverses expositions consacrées à cette forme d'art.
Pierre Albasser vit aujourd'hui à Lagord, près de la Rochelle. Il dessine quotidiennement, et exclusivement au dos des cartons d'emballage de produits alimentaires et autres consommés par le couple. Ce qui se traduit par des formats divers, aux découpes inattendues et aux perforations insolites. C’est avec des stylobilles qu’il a commencé à dessiner, striant et hachurant des formes humaines ou animales. Maintenant, aux stylobilles quémandés chez les commerçants ou ramassés dans les rues, des crayons à papier, feutres, pastel, gouaches racornies et même des cartouches d’imprimantes vides ont enrichi ses moyens d’expressions graphiques. Ainsi, des griffures, des taches, des coulures ou des surfaces unies riches en couleurs sont venues le sortir du système des petits traits. Sa production est exclusivement à destination de sa femme Gudrun. Elle est donc l’exploratrice privilégiée de son œuvre, et a le rôle de conservatrice. Pierre Albasser aime à nous dire que si un jour sa femme n’est plus là, il ne dessinera plus ! "
Et un texte plus récent, écrit en mars 2012 par GEHA :
" PIERRE ALBASSER
fait observer qu’il ne dessine que pour son plaisir et pour celui de sa femme, son pygmalion. Laisser courir les traits, tout en laissant vagabonder l’esprit, lui sert de détente quotidienne. Mais ces moments de récréation accueillent également l’excitation du jeu dont il a adopté les règles au fil du temps : les supports utilisés sont impérativement des (sur)emballages dépliés des produits du ménage tels pâtes alimentaires, mouchoirs en papier, packs de yaourt, cosmétiques, barquettes de fruits, cartouches d’encre, etc. Ces cartons avec leurs formes insolites, avec leurs perforations curieuses et avec leurs teintes variées alertent son imagination et stimulent l’organisation de ses œuvres. Rien n’est prémédité, tout naît de l’instant et de l’instinct.
Il insiste que stylos à bille, feutres de couleur et autres crayons doivent provenir de la récupération, être offerts par des commerçants ou des amis. Par cet appel à la gratuité se créent des contacts avec les futurs amateurs d’art hors-les-normes. Car PA fait aussi un travail d’éveil en expliquant le pourquoi et le comment de sa façon de faire. Petit à petit, les personnes interpellées se sentent un peu complices de l’artiste et lui mettent du matériel superflu ou abîmé de côté. L’offre d’un petit dessin singulier est toujours accueilli avec attention et suivi de commentaires souvent pertinents.
Le lieu de création, un bureau massif aux multiples tiroirs, montre un plateau maculé de taches multicolores. Sur un coin s’entassent des emballages mis à plat. La présence d’une pince peut intriguer. Aucun dessin n’est visible. Le travail se fait en cachette, il n’est révélé qu’une fois terminé. Le grand tiroir central du bureau dissimule les pièces en gestation ou en attente de leur présentation avant le dîner, le petit vernissage privé.
PA montre volontiers aux visiteurs curieux ses réserves de stylos et le reste du matériel remisés dans un placard. Il peut être disposé à faire la démonstration d’une de ses nombreuses techniques inventées, par exemple comment ressusciter un Bic comateux : lui arracher la bille (à l’aide de la pince !), le gorger d’alcool (à la pipette), le laisser enfin accoucher de son encre dissoute sur un carton pris au hasard. Taches et coulures seront exploitées ultérieurement.
Sur petits et grands formats, les mêmes sujets apparaissent tels des bonshommes, de profil ou de face et souvent dotés d’oreilles surdimensionnées. Ailleurs, des lignes ondulées surgissent des poissons ou des serpents. Des oiseaux sont posés ou perchés partout. Chiens sans race et papillons dodus complètent le bestiaire à la fois drôle et étrange. Au contraire des images plus ou moins naïves, des cartons pense-bêtes peuvent se transformer, par une sorte de réécriture, en composition abstraite. PA a plus d’un graphisme dans sa manche !"
*****D'autres photos sur le blog de Christophe Gauriaud
(cliquer sur le lien)
***** Les photos présentées aujourd'hui appartiennent à la collection de Michel Leroux
"ART OBSCUR" .
Qu'il soit ici remercié !
Et pour terminer MON Albasser ... sur un emballage de chocolat bien sûr !
Thank you for sharing, beautiful work!!!
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