vendredi 1 juin 2012

« LE JARDIN HUMORISTIQUE » DE FERNAND CHATELAIN VU PAR JEAN-PIERRE FAURIE

Il pleuvait des cordes lorsque nous nous sommes arrêtés à Fyé pour la visite du "Jardin humoristique de  Fernand Chatelain" mais cela n'a en rien gâché notre enthousiasme face à une restauration tout à fait réussie !
Merci à Serge Boulay pour la visite des lieux et sa patience, car nous sommes, malgré la pluie, restés très  longtemps ....


















Jean-Pierre Faurie a eu  la gentillesse de me donner pour les Grigris un article  paru dans Artension  dans le numéro de novembre- décembre 2005 :


" Grand moment jeudi 22 septembre à 18 heures, sur le site du « Jardin Humoristique » de Fernand Châtelain à Fyé dans la Sarthe à quelques encablures d’Alençon la capitale de la dentelle. En effet, la première tranche de travaux de la restauration et la renaissance du site dirigée par Laure Chavanne restauratrice de sculptures et son équipe, a été inaugurée en présence des personnalités de la commune, du conseil général et de la communauté de commune. Dans l’après midi, FR3 avait fait le déplacement pour l’occasion. Mais quel feuilleton pour en arriver là ! Depuis longtemps les amoureux du travail et de l’humour de Fernand Châtelain se manifestaient à la mairie pour que ce lieu soit sauvé.

Il a fallu attendre l’heure du retour au premier plan des « artistes » art brut, hors les normes, en marge, singuliers, insolites, inspirés… Le musée de Villeneuve d’Ascq a créé un précédent en recevant en ses murs la collection de L’Aracine. Les gens de l’art « contents pour rien » étaient reconnus et acceptés dans un lieu institutionnel. Heureuse initiative !

Le début de l’histoire. En 2002 après avoir feuilleté « Mondes imaginaires » Virginie Colinet et Xavier Bertola de l’association Hourloupe sise à Tour se sont rendus à Fyé. « Ce n’était pas très loin de chez nous. Devant l’état de ce lieu devenant un cimetière, nous avons eu une réaction « tripale ». Ou nous taisions ou nous agissions » ont-ils déclaré le soir du vernissage. Leur attitude par rapport au site a été de se comporter en professionnels. Ce qu’ils allaient entamer devait être et pris au sérieux. Des contacts ont été noués avec la mairie. Ils ont verbalisé la nécessité de sauvegarder ce patrimoine. Avec le soutien de Laurent Danchin l’association la Hourloupe devient partenaire du projet « SOS Environnement Singuliers » soutenu par l’UNESCO (Programme International de Sauvegarde des Environnements d’Art Populaire) .Dans un premier temps, pendant l’hiver 2003 les sculptures ont été bâchées et l’école de restauration de Tours a été contactée.

Avant de trouver une confiance partagée des partenaires, Virginie Colinet et Xavier Bertola se ont été confrontés, au début, à une double frilosité : celle de la ville et celle de l’université de Tour. « Nous sommes venus à tous les conseils municipaux quand le site était à l’ordre du jour. Pour l’université avoir des œuvres vivantes à traiter n’était pas dans leurs habitudes » Le lieu a été nettoyé Virginie et Xavier sont revenus à la charge auprès des élus : « On a dit on a fait, maintenant à vous de faire . Ce sera onéreux car pour ce travail on n’a pas les moyens d’acheter pas cher ».

En avril 2003 la machine se met en route avec débroussaillage, observation, inventaire, collecte de documents écrits et photographiques… réalisés par cinq stagiaires de L’Ecole Supérieure des Beaux Arts. Laure Chavanne qu’ils connaissaient va, lors d’un stage avec ces étudiants, rédiger un dossier qui préparera avec rigueur son arrivée avec l’équipe de restaurateurs. L’étude et l’ analyse du « Capricorne » réalisée en décembre 2003 pour son diplôme de fin d’etudes par Emmanuelle Sédille a pour effet de débloquer la situation. « C’est sérieux et difficile de sauvegarder cet environnement de bord de route ». Les élus invités à cette soutenance sont définitivement convertis. Un dossier élaboré par Laure Chavanne, ses stagiaires et l’association la Hourloupe est largement dispaché, par Michel Hery le maire de la commune, auprès des instances départementales. Cela aboutit à l’obtention de 80% de subventions : 20% communauté de commune, 20% Pays de Haute Sarthe et 40% du Conseil Général. Il reste à la commune le financement des 20% restants. Le budget global de la restauration qui se fera sur cinq ans est de 150 000 €. La première tranche dont le coût est de 42 000 € s’est déroulée pendant trois semaines du mois d’août 2005.

L’équipe de huit membres, sous la direction de Laure Chavanne, a dans un premier temps micro sablé les sculptures. Pendant deux semaines ils se sont attelés à la restauration des sculptures pouvant rester à l’extérieur : consolidation des armatures, doublage en fibre de verre pour les renforcer, restauration des volumes avec du ciment résiné de réagréage, réajustage et en remise en place les fragments tombés et retrouvés . « On a bien réfléchi au traitement des matériaux d’extérieur » Les fondation ont été consolidées et ensuite les sculptures ont été rescellées. « Nous avons remis les crinières aux chevaux, les pancartes, les anneaux, les boutons et des balles de ping pong pour les yeux. Toute l’équipe a fait de la récupération dans les usines du secteur.Les gens ont été discrets pendant ces trois semaines. Mais lors d’un point presse les habitants sont passés et ont manifesté leur contentement que ce lieu reprenne vie » a précisé Laure Chavanne.

La 3ème semaine a été consacrée à la peinture des œuvres avec des produits professionnels fournis par Guy Marchand entrepreneur local. Les couleurs ont été restituées à partir des traces de polychromie restantes et en consultant les documents rassemblés par toute l’équipe. La protection des sculptures par une cire microcristalline hydrophobe a été systématisée. Elle sera aussi pour les autres mises à l’abri dans le hangar. « La restauration des œuvres d’art est aujourd’hui une discipline scientifique, soumise à un code déontologique. Les œuvres d’Art brut, depuis quelques années, font l’objet d’une attention soutenue, au même titre que reste du patrimoine français. Certaines sont sauvées par des particuliers ou des associations, d’autre entrent dans les Musées. Fernand Châtelain, de son vivant, a toujours refusé de vendre ses sculptures. Après son décès en 1988, son épouse pourtant fort sollicitée, n’a donné aucune œuvre. En 1996 la commune de Fyé a accepté le leg fait par madame Châtelain et s’est engagée à ce que les sculptures continuent à vivre sur leur lieu de création dans un jardin entretenu et fleuri » a développé jeudi soir Laure Chavanne.

Lors de cette soirée, Hervé Decolombelle et ses adjointes Sandrine Gouffier et Karine Bergeot des services culturels du conseil général ont annoncé l’arrivée en octobre de trois étudiants en DESS Master 2 « Valorisation du patrimoine et du développement local » de l’Université du Maine. Après leur étude, ils rendront fin avril 2006 un mémoire avec des pistes pour que le projet puisse passer de la théorie à la réalité. Il y aura à résoudre les problèmes d’accés, de parking, d’exploitation, de promotion, de visites, de salle musée avec sa documentation et ses sanitaires.

« Cela fait 10 ans que nous sommes sur le dossier. Nous voyons enfin les choses se concrétiser et nous allons être patients car la restauration va durer 5 ans. Cette première tranche donne un coup d’éclat sur le lieu. Laure Chavanne a su conduire ce travail d’équipe et de partage. Ça se sent car ils ont retrouvé l’humour et la joie de Fernand Châtelain » soufflait en souriant Roger Davy qui pendant toute la restauration est passé régulièrement avec le maire Michel Hery.

La deuxième tranche : la restauration des œuvres non scellées des groupes humoristiques se fera en atelier. Elles seront réinstallées au printemps. La troisième tranche verra la réalisation du Parc et du parking avec une entrée au public située à l’arrière car la DDE refuse un accès sur la nationale. Un petit musée jouxtera l’atelier qui pourra être visité en tel quel. Les visiteurs verront des documents sur la restauration, sur l’archéologie du site, des œuvres trouvées en terre et restant en l’état L’ouverture au public devrait se faire dans 4 ans.

Dans le monde de l’art « content pour rien », que l’on imagine positif, certains esprits chagrins, à l’instar de leur négatif, les homologues de l’art contemporain, se demandent si cette démarche de restauration est bien la bonne pour des lieux comme le « Jardin Humoristique » de Fernand Châtelain. Pourquoi n’avoir rien fait alors que beaucoup connaissaient la situation dramatique que vivait cette installation de bord de route. L’acheter pour aller la mettre dans un lieu inadapté par rapport à la philosophie du créateur était-ce bien raisonnable ? Fernand Châtelain vous salue bien et « bonjour aux promeneurs » qui viendront faire trempette dans la fantaisie et la poésie de l’artiste."



***** Le site de Jean-Pierre Faurie
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****** Ouverture du site en saison estivale (15 juin / 15 septembre) les samedis de 14h à 18h et sinon sur réservation auprès de l'Office de Tourisme des Alpes Mancelles

Tél. 02.43.33.28.04


LES GRIGRIS DE SOPHIE ET FERNAND CHATELAIN
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