lundi 3 septembre 2012

LOUIS CHABAUD VU PAR CHARLOTTE VATIN ....AOUT 2012 A PRAZ-SUR-ARLY


Pendant deux semaines je n'ai entendu parler que de lui, lui que je ne connais pas encore ! 
Ma petite soeur et sa famille ont passé leurs vacances à Praz -sur-Arly ....et ont rencontré LOUIS CHABAUD !
Ma nièce Charlotte me fait un beau cadeau en me dédicaçant son texte :

Rencontre avec un artiste Hors-Norme


A ma tante...




Il y a de ces rencontres qui nous rendent indifférent. D'autres qu'on aurait bien aimé ne pas faire. Des rencontres qui ne durent pas et qui sont inoubliables, des rencontres qui durent et qui ne sont pas inoubliables. Certaines qu'on aurait aimé faire et qu'on ne fera jamais. Dommage... Et enfin, il y a des rencontres, qui durent ou pas, mais qui sont extraordinaires, car on y rencontre Quelqu'un, avec un "Q" majuscule. Généralement ce genre de rencontres on ne s'y attend pas. Elles nous sautent dessus au coin d'un tournant et nous laissent pantois mais émerveillés.

Louis Chabaud fait partie de ces rencontres là pour moi. Avec maman, on est tombé dessus par hasard lors des médiévales de Praz-sur-Arly. On a d'abord été attiré par une sorte d’épouvantail multicolore suspendu à un balcon. Timidement nous avons passé la tête par la porte. Il y avait tant de couleurs, tant de choses à voir. C'était à couper le souffle. Mais à cause d'un public trop présent, nombreux et souvent plus curieux que vraiment intéressé (et aussi une volonté de voir le reste des médiévales) nous sommes reparties nous promettant de revenir.

Quelques jours de passés et nous revoilà. On refait un tour, et oui, les couleurs sont toujours là, tableau, sculpture, phrase, et premier prix d'Aubagne. L'artiste est là aussi, plus disponible que précédemment, et là, la rencontre nous (re)tombe dessus. Louis Chabaud, un artiste qui est à la fois, tableau, sculpture et spectacle à lui tout seul, mais comment aurait-il pu en être autrement ?

Et là, un problème se pose, comment retranscrire en quelques lignes et uniquement par écrit ce personnage alors qu'un reportage vidéo ne suffirait pas.

Tout d'abord c'est un esprit vif capable de débiter des phrases philosophiques ou non au kilomètre.

" Celle là, il faut que je la note ."

     

          Une moustache aussi. Épaisse. Garnie. Et finement roulée au bout qui rappelle un peu un certain Salvador Dalí. Des cheveux mi-longs qui doivent faire ce qu'ils veulent et une peau burinée d'un monsieur de la montagne.

Après l'image, le son. Et quel son ! Il a toujours quelque chose à dire, à vous dire. Ou à vous raconter. Et ce n'est pas le discours d'un artiste pompeux, vide dénudé car imbu de lui-même. Non, derrière la voix, dans le récit, il y a l'émotion. Celle qui lui serre la gorge quand il évoque sa défunte mère qu'il n'a jamais connue, ou son professeur Théo." C'est lui qui m'a tout appris ! "



Celle qui le fait sauter au plafond quand il parle des politiques.
" Je n'aime pas la couleur, c'est con pour un peintre, mais vive Rama Yade ! "

Et immédiatement son visage s'éclaire et il chausse ses lunettes et la note parmi tant d'autres.

" J'en ai plus de 3000. Depuis le premier Janvier 1971, je me lève à trois heures du matin, et je note tout ce qui me passe par la tête. "

   


  Ensuite, derrière le personnage, il y a le comédien. Car s'il a été artiste toute sa vie, il n'en a pas toujours eu le métier. Il a commencé par enchaîner de nombreux petits boulots et a fini sur les planches.

" Ah, mais j'ai pas arrêté, si on m'appelle pour un second rôle, je remonte sur les planches. "

D'ailleurs ce passé de comédien se ressent dans sa façon d'être, de raconter les histoires. Dès qu'il se lance dans une anecdote...

" Ce matin, au distributeur de la poste, il y avait un mec..."

... et les gestes accompagnent l'histoire. Des yeux qui s'écarquillent, des mains qui miment ce que la voix dicte... un petit Charlie Chaplin de la peinture.

   

    Parlons-en de sa peinture. Une peinture avec un soupçon de réalisme, dans le sens où l'on reconnaît ce que l'on voit, mais tout en couleurs, en corps déformé, tordu pour les besoins. Et des peintures qui parlent de problèmes de la société. L'écologie par exemple.

" L'écologie c'est le tout à l'égout parfumé de belles paroles." Titre de tableau.

 
   

Il y a aussi les sculptures. Avec la sculpture qui part d'une phrase, ou la phrase qui découle de la sculpture, on ne sait pas, tel que : " La conversation du banlieusard est un immense point d'interrogation."



 
  Et au détour d'une salle, après s'être mis des phrases souvent philosophiques, mais toujours drôles dans la tête, rempli les yeux de couleurs et de bizarrerie, on tombe sur une peinture, vraiment réaliste pour le coup, représentant une maison dans une prairie, avec un arbre, dans les tons pastels, prise sur le vif, avec le mouvement de l'arbre. Le tableau est accompagné d'une coupe et d'une petite pancarte : Premier Prix d'Aubagne, 1960. Un tableau à  mille lieues de tout ce que vous avez vu jusqu'alors, mais qui représente beaucoup pour lui.
     
  
 " Si vous aviez vu la tête de ces fils de docteurs, de dentistes quand ils ont vu qui avait gagné. J'étais encore en blouse de travail, couvert de peinture. Ils me regardaient de haut -mime- et moi de bas -mime. Quand on a annoncé le vainqueur : "Gagnant du prix d'Aubagne : Louis Chabaud " je me suis faufilé jusqu'à la scène : " - Pardon, - Qu'est-ce que c'est ? - C'est moi Louis Chabaud." - le tout en mime. Et là, sur scène, j'ai pleuré. Et j'ai dû dire un truc, oh, dans le genre : " Je vous ai bien eu." Maintenant j'aurais dis ça comme ça, mais à l'époque... "

A l'époque le jeune Chabaud n'a que 19 ans et beaucoup moins de verve.

Et là arrive un de ses amis. Grande effusion de Chabaud.

" Tu tombes pile à l'heure de l'apéro."

Et de sortir bouteilles, verres et de nous inviter dans l'élan. Autour de la table, la liste des invités se rallonge au fil des personnes qui viennent, ou simplement passent dans la rue. Personne ne se connaît, mais les conversations vont bon train et finalement, personne ne se connaît, mais c'est tout comme. Alors que les phrases fusent et s'envolent, parfois sur un ton un peu fort, parce que Louis est un peu dur de la feuille.

" D'abord, je suis pas sourd, j'entends que ce que j'ai envie d'entendre, c'est l'ouïe."

Malheureusement, la rencontre se termine à cause d'un coup de fil intempestif. Mais pas la Rencontre.Celle-là durera le temps que l'on s'en souvient.

Un dernier mot Louis ?

" Allez, viens là, la pin-up, que je t'embrasse ! "



"L'ART, c'est comme L'AIR, comment expliquer ce que l'on respire ?"
Louis Chabaud



**** Les photos présentées sont d'Héléne et de Charlotte

  **** Le blog de Charlotte
(cliquer sur le lien)



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