Je reçois une belle invitation de
CLAUDINE GOUX et me réjouis pour elle, pour mes amis, ou mes amis d'amis (
DANIELLE JACQUI, ODY SABAN, EVELYNE POSTIC, YVONNE ROBERT, GERARD SENDREY, JEAN-PIERRE NADAU, MICHEL NEDJAR, DANIELLE LE BRICQUIR, DAREDO , GILLES MANERO et bien d'autres encore .... il y aura aussi des photos de
MARIO DEL CURTO et de
CLOVIS PREVOST).
Cette exposition fêtant le centenaire du Palais Idéal du Facteur Cheval à la Galerie Miyawaki à Kyoto, au Japon ouvrira ses portes ce week-end !
Le titre en japonais signifie "où le songe DEVIENT réalité"
Cette exposition présente près de 120 œuvres de 24 artistes.
Un petit livre sera publié en décembre comportant une reproduction d’œuvre en noir et blanc pour chaque artiste ...
Galerie Miyawaki
Nijo-agaru, Teramachi-dori, Nakagyo-ku,
Kyoto 604-0915 Japon
Tél. +81-75-231-2321 Fax-2322
J'attends et espère d'autres photos !
( Claudine Goux)
Un extrait d'une lettre de Danielle Jacqui à qui je demandais des photos ...
"J'ai fait la connaissance de Yutaka Miyawaki, lors de l'avant dernier
festival d'art singulier qu'il était venu visiter. il est aussi venu
voir l'atelier du colossal, et la Maison à Pont de l’Étoile. Il m'avait
apporté le livre qu'il avait édité: "the essence of outsider art
singular vision" et dans lequel j'ai eu la surprise de me voir figurer.
Une amitié est née.
Je me suis occupée sur sa demande de contacter quelques artistes,
ce que j'ai fait pour Caroline Sury,Atek, Claudine Aspar, Evelyne
Postic, Loren, et Daredo, qui ont tous accepté de participer malgré le
court délai qui nous était imparti..."
(Danielle Jacqui)
(Evelyne Postic )
(Ody Saban)
(Darédo)
Voici le
texte qu' ODY SABAN a la gentillesse de me donner pour Les Grigris, texte qui est publié dans le catalogue de l'exposition :
" La lettre idéale de Ferdinand Cheval : l’idée pure d’ un palais mariant le rêve et la nature.
De 1789 à la Commune de Paris, la France a été le pays phare d’un
mouvement révolutionnaire où le Prolétariat a eu une action de plus en
plus décisive. Cela n'alla pas sans effets sur la création artistique.
Déjà, du point de vue sociologique, ce n’est pas un hasard si des parias
et des prolétaires, tels Ferdinand Cheval, Louise Michel, Arthur
Rimbaud (pendant la période qui voit naître ses plus grandes œuvres),
Séraphine Louis, Henri Rousseau, Van Gogh…, se hissent en France, à côté
de membres, souvent pauvres ou appauvris, de la petite bourgeoisie
(tels Gauguin, Gustave Moreau, Isodore Ducasse, Charles Baudelaire…),
au sommet de l’art et de la poésie consciemment ou inconsciemment
révolutionnaires. Il s’agit d’un phénomène complexe, puisque ces
créateurs révolutionnaires ne le deviennent qu’en rompant en profondeur
avec la sensibilité aliénée des milieux populaires ou non dont ils sont
issus. Ferdinand Cheval naît six ans après la révolution de 1830. Il a
12 ans pendant la révolution de 1848 et 34 ans au moment de la Commune
de Paris. Il revendiquera toujours avec orgueil sa condition populaire.
Il rappellera à de nombreuses reprises l’égalité de tous les êtres
humains et leur liberté de réaliser ce qui apparaît impossible.
Au premier abord, le Palais Idéal du facteur Cheval, entièrement
construit à la main, avec des outils rudimentaires, sans plan ni
mesures, ni aucune idée précise préexistante, m’évoque la simplicité de
la pulsion de certains enfants qui les mène à bâtir d’étranges monuments
de sable mouillé, épurés de toute fonction utilitaire. Le « Palais
Idéal » est bâti au fil de l’inspiration, selon la plus grande
spontanéité mais avec toute la rigueur qu’impriment, dès la pose de la
première pierre, quarante trois ans de la vie exigeante d’un autodidacte
passionné en matière de pensée, de lecture et de culture. S’il
s’inspire parfois d’architectures découvertes dans les journaux
illustrés, c’est presque toujours pour les transfigurer.
Avant d’édifier ce qu’il nomma d’abord « Temple de Nature », Cheval
rêvait de châteaux. Mais l’idée d’en construire un lui semblait
irréalisable, il se traitait de fou, et n’avait aucun projet de
construction. Un jour, il s’est dit qu’il se laisserait guider par les
merveilles qu’il rencontrait dans la nature. Cela a conduit à une œuvre
dialectique entre les plus belles trouvailles minérales de la nature
extérieure et la frénésie de la passion, de la transe, puisant dans
l’inconscient avec une facilité qui stupéfie encore. Cheval nous dit
dans ses « Cahiers », avec une immense modestie, que son génie ne lui
appartient pas en propre, contrairement à son dévouement au travail
créateur, mais que ce génie est celui de la Vie - au sens le plus large
-, inépuisable et accessible à tous. Cependant, il remarque : « Elle
représente une sculpture si bizarre qu’il est impossible à l’homme de
l’imiter ». Une leçon qu’il nous faudra méditer longtemps.
Son
élément était la splendeur du rêve éveillé se donnant toute liberté.
Cheval ouvre grande la pratique de l’automatisme, changeant constamment
de style, de langage sculptural, à l’instar des rêves qui modifient sans
cesse leur lexique et leur syntaxe.
En lisant les « Cahiers »
de Cheval, d’une extrême lucidité et d’une grande intelligence, qu’il a,
devant témoins deux jours avant sa mort, fait certifier « exacts et
sincères », et en regardant sans à priori le Palais Idéal, on ne peut
que s’enthousiasmer devant l’humour qui l’a fait nommer « Maison Blanche
» un édifice particulièrement coloré, « Temple Hindou », « Temple Égyptien », « Chalet Suisse », ce qui n’avait rien ou que très peu
d’hindou, d’égyptien ou de suisse (ce que Cheval savait parfaitement),
mais devait tout à son imagination et aux guides qu’étaient ses
matériaux de construction.
Je prends une photo au hasard, dans
l’angle « Nord-Ouest », vers la mi hauteur, entre le sol et la terrasse :
voici une rangée de seins idéalisés, mais alignés comme un groupe de
canons militaires. Elle côtoie une tête humaine isolée, emportée par un
groupe de polypes variqueux. Un peu plus loin, des trompes pendent comme
attachées à un collier immense et deviennent une fontaine d’où des
cascades chutent sur un visage qui sourit.
Cheval aurait pu
construire des architectures, des animaux, des végétaux et des humains «
réalistes », au demeurant il l’a fait ici et là, à l’occasion, dans ce
château, mais ce n’était nullement son intention habituelle. Il a
sculpté, par exemple, des têtes de bélier rouges dont le réalisme
fantastique fait peur - or la peur est toujours liée à l’approche d’un
réel -, et des petits mammifères qui nous sont si proches que tout le
monde peut avoir envie de les caresser, ou encore son « Adam », qu’il
qualifie de « père de l’humanité », et qui présente une figure d’un
réalisme tragique incontestable.
C’est selon toute une gamme de
manières de créer des formes, qui existent en Occident et au
Moyen-Orient, de la préhistoire jusqu’au nos jours (expressionnismes,
abstractions lyriques et géométriques, réalismes, classicismes
idéalisants, figurations grotesques, impressionnismes, arts de
l’ébauche…), qu’il construit son univers fantastique. Le mot « bizarre »
dans ses « Cahiers » et dans ses « Lettres » n’a jamais un sens
péjoratif, mais au contraire désigne toujours une beauté poignante.
L’onirisme de Cheval est loin d’être guidé par la naïveté que lui
prêtent si volontiers tant de critiques, confondant la naïveté et
l’humour. Comment ne pas voir qu’il y a beaucoup trop de degrés de «
naïveté » dans cette œuvre pour qu’on puisse la dire naïve ? Quant à
l’humour, il se déploie le mieux dans la représentation des aspects des
plus sinistres ou les plus grotesques de la vie. On ferait bien aussi de
s’apercevoir que l’emploi diversifié de formes apparemment « naïves »
est commune à tous les grands expressionnistes de l’histoire humaine,
comme Jérôme Bosch, Le Goya des « Caprices » et de la « Maison noire »,
Edvard Munch, Van Gogh, Klee, Achille Gorky , Matta… et comme, déjà,
certains artistes de nos Préhistoires. C’est en effet à un expressionnisme du mouvement et du contraste qu’appartient l’œuvre de
Cheval. Aucun rapport, bien entendu, avec les « Écoles expressionnistes
allemandes » du début du XXe siècle, qui sont le plus souvent
l’expression d’un désarroi et d’un désenchantement : Cheval, au
contraire, exprime avec la plus grande force la nécessité et la
potentialité d’un monde enchanté, d’une réconciliation des êtres humains
entre eux et avec la nature.
J’aime chez Cheval
l’extraordinaire jaillissement de vie, intérieure et extérieure, qui
permet l’apprivoisement réciproque de l’Humain par la Nature toute
entière, et de cette Nature par l’Inconscient d’un artiste. J’aime que
ce jaillissement, qui modèle toute la construction, se noue délicatement
autour du point de départ chronologique : autour de la petite « Source
de Vie » où se perd, pour nous, la précieuse « Pierre d’achoppement »
qui par sa beauté et sa bizarrerie émouvante décida Cheval à se lancer
dans la grande aventure, juste avant la naissance de sa fille Alice
qu’il adora.
J’aime l’extrême profusion des fantasmes, dans ce
château, au plus haut niveau de sublimation qui se puisse atteindre,
dans la civilisation actuelle.
J’aime, dans ce château, que la
légèreté, parfois toute en dentelle déchirée, y joue avec l’impression,
fondée, de masse, de poids, de puissance.
J’aime, de Cheval,
la révolte qui court sous roche, l’humour profond et sérieux, sans
exclusion du tragique. Elle préfigure toutes les œuvres authentiques du
XXe et de notre début de XXIe siècle, à très peu d’exceptions près, bien
que l’Art Officiel et le grand Marché de l’art mondialisé d’aujourd’hui
essayent d’étouffer toute vie de création sous ses avalanches d’œuvres
vides et laides, dénuées de tout humour vital comme de tout sentiment.
Cheval, bien sûr, n’était pas un révolutionnaire politiquement
conscient. Ses idées égalitaristes étaient en partie dévoyées par
l’idéologie de son temps. Mais la formule « Dieu Patrie Travail », qu’il
a très tôt écrite au-dessus d’une des portes du Palais Idéal, ne
répondait-elle pas surtout à la nécessité d’apprivoiser un entourage
ouvertement hostile ? Cette hostilité des villages de quelques centaines
d’habitants, paysans, artisans et notables réunis, pouvait au 19ème
siècle facilement se déclencher et se révéler extrêmement cruelle. Or
,Cheval n’a commencé à travailler comme facteur à Hauterives et à y
vivre qu’à 42 ans, et il se signala immédiatement par une excentricité
luciférienne. « Dieu Patrie Travail », de quel Dieu pouvait-il s’agir
pour lui, qui écrira sur son monument funéraire : « Tombeau du silence
et du repos sans fin » et qui construira un reposoir éternel pour sa
brouette ? De quelle Patrie, pour lui qui échappa à tout service
militaire et qui eut une telle soif de civilisation autre ? Et à propos
de son Travail salarié, il écrira avec un humour noir : « Ferdinand
Cheval (un vrai nom de facteur) », et encore : « Que faire ? en marchant
perpétuellement dans le même décor à moins que l’on ne songe ? c’est
justement ce que je faisais ; je songeais ». Quel « Travail »
pouvait-t-il exalter, si ce n’est celui que la passion gouverne ?
Le Palais Idéal, œuvre révolutionnaire et inimitée à ce
jour, demande, plus encore qu’à être approché et visité, à pénétrer en
nous, pour nous reconstruire. Cette architecture, inhabitable, qui a
demandé tant de ténacité, est un des symboles de la civilisation
nouvelle, débarrassée de tout travail forcé, qu’il nous appartiendra, un
jour, de créer."
.... jusqu'au 23 Février 2013.
(Galerie fermée du 24 décembre-14 janvier 2013)
LE SITE DE LA GALERIE ( pour ceux qui parlent japonais ! )
(cliquer sur le lien)
Et des photos de l'exposition envoyées par Claudine :
MERCI POUR VOTRE BLOG ,,OU JE RETROUVE AVEC BONHEUR MES AMIS DE L`ART BRUT ,OUTSIDER ,ENFIN...ART VIVANT ,ARTISTE HORDS BORDS, J`AI RENCONTRER MONSIEUR YUTAKA MIYAWAKI A GENEVE ,UNE RENCONTRE DE QUELQUES MINUTES ...QUI DURE DEPUIS 10 ANS ,
RépondreSupprimerMONSIEUR MIYAWAKI EXPOSE, DANS SA GALERIE SES ARTISTES AVEC BEAUCOUP D`ENTHOUSIASME ,DE PROFESSIONNALISME ,,IL OSE, PREND DES RISQUES CE QUI EST RARE, VOUS AVEZ COMPRIS J`AIME LA GALERIE MIYAWAKI ET LE JAPON ,,GENE MANN
J`AI OUBLIEE DE VOUS DIRE J`EXPOSE A LA GALERIE MIYAWAKI DEPUIS 10ANS
RépondreSupprimerGENE MANN