mercredi 5 décembre 2012

DES NOUVELLES DE MICHEL BUTOR PAR ALAIN CADET

 Ce que j'aime bien avec mon blog ce sont les échanges qu'il peut générer ...
Je reçois des messages, des photos, des reportages sur des expositions,
des compléments sur des recherches que j'ai pu faire bref c'est très agréable !
J'ai des yeux à Beauvais (mon Isabelle) et d'autres un peu partout et c'est ainsi que je vois mon blog aussi, comme un lieu de paroles et de propositions .

J'ai reçu récemment  un mail d’ALAIN CADET  qui me donne des nouvelles de MICHEL BUTOR .
Voici tout d'abord un poème de l'écrivain, des photos d' Alain Cadet puis des notes prises par lui  dans le cadre de Cité Philo sur les livres objets (ce travail à quatre mains qui me fascine complétement)  et enfin d'autres photos de livres de "très petite diffusion" .... 


Vieillir


Autrefois j’avais des idées
je savais quantité de choses
aujourd’hui cela se recouvre
par l’inondation de l’oubli
un épais brouillard tourmenté
d’où émergent quelques îlots
qui me font ressentir combien
les années se sont éloignées


Autrefois j’avais l’avenir
cela viendra ça va venir
il ne faut pas aller trop vite
tout vient à point à qui sait attendre
tu n’es encore qu’au début
et tes enfants profiteront
de ces merveilleux lendemains
qui n’ont pas encore chanté


Autrefois j’avais le progrès
les miracles économiques
se succédaient après la guerre
que d’avancées dans la technique
même ce dont je me souviens
est souvent devenu caduc
le défilé des théories
passe comme ceux de la mode




Autrefois j’avais la jeunesse
mais je ne m’en rendais pas compte
grandir grandir trouver sa voie
dans le labyrinthe social
essais et erreurs que de bleus
sur le corps et l’âme le temps
s’ouvrait comme une fleur sauvage
avec un parfum d’églantier


Autrefois j’avais la santé
pourtant je n’ai jamais connu
ce que l’on appelle la forme
malingre et un peu souffreteux
toujours fatigué jusqu’aux os
je vois moins bien j’entends moins bien
mais le cœur fonctionne toujours
comme lorsque j’avais vingt ans


Autrefois j’avais la prestance
me dit-on je me trouvais maigre
un peu rachitique toujours
mal fringué comme un as de pique
mais aujourd’hui l’obésité
et il faut faire attention
pour pouvoir continuer à mettre
mes salopettes de soirée



Autrefois j’avais l’énergie
du moins je suis bien obligé
d’admettre ce que l’on m’en dit
je me demande bien comment
j’ai pu noircir toutes ces pages
car je n’ai connu que l’effort
l’obstination l’épuisement
la tête tournant à l’envers


Et quant à la postérité
quand je serai réduit en cendres
même si dans quelques années
on se souvenait de mon nom
il viendra la mort de la Terre
c’est maintenant dans l’espérance
de quelques vies améliorées
que je ressens l’éternité













Notes prises au cours d’une conférence de Michel butor au musée Eugène Leroy (MUba) de Tourcoing le 16 novembre 2012 dans le cadre de Cité philo

« Quand je travaille avec des artistes, les images sont déjà là. Il faut me glisser dans les espaces qui me sont donnés. Il s’agit d’une forme de prosodie où la contrainte est créatrice. En général,  cette édition est réduite : de 7 à 10 exemplaires seulement. Bien souvent il y a des variantes, dans le travail que me fournit l’artiste.  Il existe quelques zones du livre où il est possible de rajouter un texte. Je dois faire attention à la grandeur des caractères et au nombre de mots pour les remplir harmonieusement. Parfois, j’ai des surprises. Dernièrement un artiste m’a fourni une dizaine d’exemplaires d’un livre fait d’illustrations non figuratives. C’étaient des grandes plages de couleurs très pures, juxtaposées. J’ai fait le premier puis j’ai recopié. Arrive au sixième je me suis aperçu qu’il y avait un problème parce que l’artiste avait dessiné une plage supplémentaire. J’ai dû modifier considérablement mon texte initia












LES GRIGRIS DE SOPHIE ET MICHEL BUTOR 

MICHEL BUTOR A MONS EN BAROEUL

LE BLOG D'ALAIN CADET


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