samedi 13 avril 2013

CHOP ET SA MAISON COULEUR DU TEMPS A VENAS

Eté 2012 ... nous sillonnons la France, Apolline et moi,  et dans le petit hameau du Petit-Clémagnet nous rencontrons CHOP, personnage excentrique s'il en est, et SA MAISON COULEUR DU TEMPS.
Une incroyable et étonnante visite ...

"Artiste éclectique aux multiples talents, le poète, peintre et photographe Chop a transformé sa maison en une véritable œuvre d’art baroque.
"La cambrousse", comme il l’appelle, reflète les délires oniriques aux couleurs du temps de ce personnage excentrique. D’immenses fresques couvrent la façade et l’intérieur de la maison, offrant une vision féerique et flamboyante : des poissons énormes, un chat de trois mètres, des papillons géants, des hannetons et des déesses antiques forment un ensemble théâtral unique."




 

 

 


Marie Lemaistre a rencontré l'artiste et écrit cet article qui évoque 
et la vie et l’œuvre de CHOP :

" C'est à quelques enjambées du canton de Cérilly, aux portes de la forêt de Lespinas dans l'Allier, à Venas précisément, que le peintre Chopin”, alias Chop, a posé ses bagages en 1970.

Mon pseudonyme m'a donné la possibilité de balayer le nom de mes parents... Son nom, il fait mine de ne plus le connaître ; du moins, il ne veut plus le donner. Son nom est désormais Chop, en hommage à Chopin qu'il écoute à longueur de temps. Et grâce à ce pseudonyme qu'il a reçu de la main d'un journaliste parisien dans les années beatnik, cet artiste-peintre a pu repartir à zéro pour oublier son enfance... ou plutôt la revivre comme bon lui semblait !
Chop est né en mai 1947 à l'Hôtel-Dieu de Paris. Sa mère, fille-mère, était ouvrière à Aubervilliers et pour aller travailler, laissait son fils à la garde d'une famille de « Ténardier moderne » comme il la nomme lui-même. A l'âge de 4 mois, une grand-tante découvre les conditions dans lesquelles il vit et l'emmène avec elle, dans un village de l'Yonne, près de Sens. A 12 ans, Chop attaquait” au pinceau les portes et volets de la maison de sa grand-tante. Des débuts difficiles à accepter pour cette vieille Bretonne mais qui, assez vite, furent encouragés par le voisinage. « J'ai toujours eu envie de vivre dans des lieux magiques, inspirés de la nature. Un tableau c'est trop petit, il faut que ça déborde. Un tableau accroché au mur, ça m'ennuie, il faut baigner dedans... »
 A 18 ans, il  monte” à Paris et se met à repeindre son studio et à 20 ans, c'est son appartement d'Amsterdam qu'il redécore à son goût... « Quand je suis arrivé à Paris, je faisais des petits boulots pour survivre comme vendeur dans des grands magasins. Mais mon but était de peindre... Je vendais mes peintures sur le trottoir. » Et c'est là, au coeur du Quartier Latin, que lui a été donné son surnom. « Il y avait à cette époque trois célébrités dans ce quartier... J'étais l'une d'entre elles ! Alors que tout le monde écoutait de la musique rock, moi j'écoutais en boucle du Chopin. Et c'est à cette époque que j'ai commencé à m'habiller avec des costumes d'un autre temps. »
 A 22 ans, Chop part sur les routes de France pour faire visiter ce pays à des amis étrangers. « En remontant à Paris, nous sommes passés à Néris-les-Bains (03). J'avais des amis là-bas alors nous nous sommes arrêtés pour les voir. Et c'est là qu'ils m'ont parlé de leur petite maison à vendre, à Venas. Nous l'avons achetée à plusieurs et nous y sommes venus régulièrement chaque été pendant plusieurs années. Et puis mes amis étrangers ont fini par rentrer chez eux et je suis resté seul ici ! »

Une nature aux couleurs de son enfance

Après un hiver très dur au cours duquel Chop jure qu'on ne l'y reprendrait plus, le printemps arrive enfin ! « Et là, j'ai ressenti la même poésie que dans mon village de Bourgogne et je n'ai plus réussi à partir. » Ainsi, pendant vingt ans, il travaille cinq mois à Paris et passe les sept derniers mois dans sa maison, à peindre. « Dès le début, j'ai commencé à peindre l'extérieur de ma maison. Les gens du coin venaient voir l'original” qui peignait. J'ai eu pas mal de problèmes au début... Pendant presque cinq ans, les gens ont jeté des cailloux dans mes fenêtres, ils m'insultaient en disant qu'ils ne voulaient pas de gens comme moi ici. » Mais qu'à cela ne tienne, il en aurait fallu plus pour le déloger. « A mon arrivée ici, j'ai eu comme un bain de nature, cette merveilleuse nature m'a donné le bonheur. Alors, pour la remercier, j'ai voulu vivre comme elle, symboliquement bien sûr, et j'ai coupé ma maison en quatre pièces, représentant chacune une saison. Je change de pièce à vivre tous les trois mois, en fonction de la saison. Mais comme je n'ai qu'un lit et que je ne vais pas le déplacer à chaque fois, je lui change les couleurs et parures. Je m'enveloppe ainsi de nature et cela me rappelle les cabanes de feuillages de mon enfance. » Pendant neuf à dix ans, Chop a peint sa maison à l'extérieur, et à l'intérieur... Ce travail une fois terminé, il s'est attaqué au mobilier et a fabriqué notamment des chandeliers et pendules. Ainsi est née cette maison couleur du temps” que désormais de nombreux visiteurs venus des quatre coins de France viennent admirer.
Outre sa peinture, Chop pratique également la photographie. « Je me suis rendu compte que mes peintures étaient photogéniques, alors je me suis mis à les photographier, au milieu de la forêt et des champs, en leur ajoutant des accessoires. Cela fait trente-huit ans que je travaille sur le thème du temps mais par contre, je change d'objets à photographier tous les cinq ans. Cela peut-être un chandelier, une main de mannequin ou un buffet dédié à Bacchus, pris chacun aux quatre saisons. » C'est ainsi que le chat bleu de sa maison s'est retrouvé sur un étang de la forêt de Lespinas, sur une barque elle-même recouverte de velours rouge ou que ses chandeliers ne font plus qu'un avec les feuillages. Selon lui, « c'est l'essence même de ma maison, jetée dans la nature ! Quand je suis dans la nature, un seul désir me prend : ramasser, récupérer les feuillages, branchages, fleurs et autres fruits et tout rentrer dans ma maison, pour que ça déborde. Mais quand je suis dans ma maison, j'ai envie de mettre tous mes meubles dehors... »

Un génie incompris ?

C'est donc une sorte de compromis que Chop a trouvé en installant ses scénographies au coeur de la campagne. Sous son objectif, les feuilles se transforment en vitrail aux milles couleurs et une branche couverte de givre prend des airs de dentelle... « Les artistes d'aujourd'hui ne s'intéressent plus aux fleurs ou aux feuilles, il leur faut des choses purement intellectuelles. Moi, je sublime la vie et la mort au travers de la nature ! »
 Décalé avec les artistes, il l'est... Décalé avec la vie en général, il l'est aussi certainement. Point de permis de conduire ni de télévision ni encore moins de chauffage central ! Certains le qualifieront de fantasque, de fou, d'autres de génie à l'égal du facteur Cheval. Car Chop, malgré son air de ne pas y toucher, a l'art de faire parler de lui. Depuis 1979, il figure régulièrement dans divers magazines, livres (comme la France Insolite publiée chez Hachette) sans oublier bien sûr la télévision ! Il fut reçu sur de nombreux plateaux TV dont notamment chez les Delarue, Pivot, Gildas et autre Pernaut... Une figure, détonnante et étonnante, qui plaît aux médias par son excentricité, sa verve naturelle, son décalage et sa culture. A la vue de tous et au fil des années, Chop s'est construit un palais, LE palais dont il rêvait depuis son enfance. Car chaque geste de sa vie d'adulte n'est en fait qu'une répercussion de son enfance. « Chaque jour, j'ai un fragment de mon enfance qui remonte à la surface » souligne-t-il. « Quand j'ai découvert les livres, j'ai vite compris qu'il y avait deux catégories d'humains : ceux qui peuvent vivre 110 ans d'une existence maussade, et les autres, dont les divinités s'amusent à leur confectionner des vies incroyables ! »
 Chop a alors décidé d'être de ces derniers et de vivre sa vie, comme il l'entendait, au fil du temps et des saisons. Personnage créé de toute pièce ou pure réalité ? Chop plaît ou irrite mais ne laisse personne indifférent. Talentueux, il l'est et sa maison couleur du temps” en est la preuve... Attachant, sûrement, encore faut-il réussir à percer le mystère Chop que ce dernier entretient à loisir. Chop ne serait pas de ce monde ni de ce siècle... A chacun d'en juger et de se faire sa propre opinion."

















Chop est donc également artiste - photographe et fixe le temps qui passe, chaque semaine sur la pellicule, en laissant le givre, la rosée ou un rayon de soleil faire son œuvre sur des femmes mannequins installées la veille ou sur des tables où sont mis en scène des objets ...



Chop2.jpg

(les 7 dernières photos appartiennent à l'artiste et ne sont pas libres de droit)


 Entre 2 500 et 5 000 personnes viennent, chaque année, découvrir ses œuvres lors de visites  qu’il organise. Le premier dimanche de chaque saison, il accueille ses hôtes du jour en vêtements du XVIIe ou XVIIIe siècle.
Un livre est en préparation ...
 Les visiteurs pourraient bientôt découvrir une seconde maison que l’artiste est en train de restaurer. « Je ne vous dévoile pas mon projet, mais il faut que ce soit un triomphe de l’imaginaire. » S’entourer de mystère, c’est aussi une des ses particularités.

« Les artistes sont des princes. Comme eux, je veux avancer sous des plafonds peints et manger sur des tables magnifiques. »
CHOP EST UN  PRINCE ASSURÉMENT ...


CHOP - La Maison Couleur du temps
Hameau du Petit-Clémagnet 
03190 Venas  (Allier)
Tél : 06 84 90 85 48
Visites gratuites de 15 heures à 19 heures les dimanches en avril, mai, juin et septembre. En aout les mercredis, jeudis et vendredis.   
Fermé en janvier, février, juillet, octobre, novembre et décembre.
 

D'autres photos sur le blog de Gwendoline  

L'article sur l'écho du Berry


(cliquer sur les liens)

Et bientôt sur les Grigris, pour accompagner les photos d'Apolline, un texte inédit de CHOP ...

 

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