jeudi 4 avril 2013

JEAN-YVES GOSTI POETE DU METAL ET DE LA PIERRE

Nous n'avons pas rencontré JEAN-YVES GOSTI . En revanche nous avons croisé son œuvre au gré des expositions ( au Musée des Arts Buissonniers à  Saint Sever du Moustier par exemple) .
JEAN-YVES GOSTI est un ami d'amis et sur facebook je ne peux pas m'empêcher de "partager" ses créations .

Alors le voici aujourd'hui sur les Grigris  !

(photo Fanny Bégoin-  cliquer sur le lien)


 Avec un extrait de AU RISQUE DE L’ART, écrit par Thierry Delcourt et publié aux Editions L’Age d’Homme en 2007 © :
"… Jean-Yves Gosti semble avoir fait face à ce double obstacle, celui d’une fragmentation de son être en suspens dans le processus de séparation le confrontant à l’angoisse pulsionnelle, mais aussi celui d’un abandon laissant une béance dans son image du corps en voie de construction. Devenu sculpteur, il trouva dans son génial bricolage, s’appuyant sur la dure et froide matière marquant sa lignée paternelle, une réponse expressive et contenante :
‘Ce que j’ai vécu, ça m’évoque des personnages à gueule défoncée. Les bruts de trogne, c’est un autoportrait avec une façade policée (face polie), colorée et narrative et une deuxième très torturée, le tout donnant une sculpture double face, comme Janus. Dans mon souvenir, il y a toujours le sentiment d’abandon. Je le vivais très mal, c’était douloureux. La douleur est toujours là… Mon travail est marqué par l’humour, la tristesse et la violence, bien sûr, celle d’une révolte et des moments de désespoir… J’avais peur de l’amnésie, alors j’archivais tout et je notais tout.’
Puis, évoquant ses sculptures :
‘Il y a des pièces trop gentilles, alors je les reprends, je les massacre. Il y a le sentiment de péter la gueule, de défoncer la gueule à un bloc. J’ai fait beaucoup de boxe. Il faut que je cogne, tape, perce. C’est pugnace, une sorte d’acharnement. Des fois je lui en veux. C’est elle ou moi, on se fait violence. Mais parfois, je fais des pièces douces et tranquilles. Il n’y a pas loin entre la jouissance de sculpter et la jouissance physique.’
Ce combat pulsionnel empreint de sensualité, d’angoisse et de violence accompagne la naissance d’une présence, d’un visage dont la mise en forme est vitale. Mais la passion n’égare pas Jean-Yves Gosti. Un être doit en sortir, avec sa douceur et son cri, avec ses creux et ses pleins corporels, affectifs et existentiels. Mis en forme à travers la sculpture, il peut jouir sans danger de désintégration. Autoportrait ou femme énigmatique, c’est l’enjeu d’une dualité, d’un combat qui passe par une délimitation des formes pour exister.
Insistons sur une autre étape très importante du travail de Jean-Yves Gosti, l’assemblage.
Face à ses sculptures, une inquiétude se dégage : Comment ça tient ?
De la tête imposante de marbre ou de pierre qui a besoin d’un tenon solide pour l’assembler à un corps souvent démesurément petit, d’une monumentale sculpture dont le socle retient les pieds fragiles, émane sa magie de l’assemblage unissant précarité et force immuable.
L’opération se répète et se décline dans des matériaux et des formes diverses jouant de leur correspondances secrètes. Bronze et marbre, pierre et fer, percement et scarification, rugosité de la pierre brute et marbre poli. Le ‘dialogue’ des matières et des formes témoigne de la construction de l’être dans son polymorphisme alliant les contraires. Chaque fois, Jean-Yves Gosti se remet en danger de casser ou de ne pas tenir sur sa base, et chaque fois ça tient…ou presque, car il a ses malades dans le fond de l’atelier en attente d’une idée pour les faire tenir. Ce bricolage, création primordiale, l’éloigne de l’angoisse et concentre ses impulsions sexuelles et destructrices sur un acte qui lui évite la désintégration. À mesure de son travail et des circonstances heureuses de sa vie, cette violence créatrice perd son caractère d’urgence, sans toutefois perdre de sa force. Cela prend forme d’un propos créateur plus ouvert sur la vie, mais jamais anecdotique car il met en résonance subjective les forces pulsionnelles traversant l’être et le monde, comme a pu le faire Paul Rebeyrolle..."


...Un texte de 2003 du catalogue de l’exposition à la galerie Van der Planken :  
   
"Jean-Yves Gosti, né en 1960, est surtout attiré par la matière pure : pierre, métal ou bronze. Comme matériaux de base, la pierre est essentielle dans son travail. Gosti taille certains éléments qu’il coule ensuite dans le bronze, qu’il s’agisse de la tête seule ou du corps tout entier. Il monte ensuite ces pièces séparément ou s’en sert pour former une nouvelle sculpture en alliant d’autres éléments en marbre, en basalte ou en granite.
Gosti aime aussi le travail du métal rouillé. Il laisse brute la découpe de la matière afin d’offrir aux regards une vision heurtée. Parce que l’effet sculptural prime toujours, il dessine avec son chalumeau comme un peintre avec son pinceau : dessins dans l’espace où les ombres l’emportent sur le volume.

"Au fond, j’ai toujours été attiré par les peuples dits primitifs. Mes rencontres avec les pygmées en Centrafrique ou les Inuits à Bafin’s Island restent toujours un moteur d’inspiration pour moi. J’aime les civilisations différentes de la mienne. Il y a de l’ethnographe en moi !" " 


 
"Quelques petites joies de voir le soleil entrer dans l’atelier...même s'il fait un peu frisquet!"


Armelle Pineau parle de GOSTI:

" Si la vie se révèle parfois une tragédie pouvant prêter à sourire, la création chez Jean-Yves Gosti emprunte volontiers les traits d'une humanité protéiforme et partagée, tour à tour burlesque ou intensément dramatique. Ces déchirements, ces affrontements, le sculpteur les sublime dans son art, et ouvre la voie d’un cheminement à travers deuils et fêlures. Au rythme des ruptures qui ont traversé sa vie, des visages et des corps sont nés de la pierre, sont sortis du bronze. Ces figures parfois lui ont résisté, retardant l'échéance de l’œuvre à venir, l’obligeant en permanence à extraire et à maîtriser une substance rétive de la matrice de son être, à lui donner forme, sans concession ni détours. Mais inlassablement, Gosti explore la possibilité d'un autre dans un singulier alliage de force et de fragilité. L’estampille même du sculpteur, d’un art qui ne chipote pas…
          Chalumeau en main, l'artiste s’adonne aussi aux découpes ludiques, minotaure décontenancé ou femme d’acier. Ce travail, habité par une fausse nonchalance, révèle un univers placé sous le sceau de l'universalité. Autant de scarifications dans son œuvre qui témoignent des blessures anciennes, des épreuves surmontées. Elles sont les marques indélébiles des émotions qui irriguent son travail, la signature d’un artiste messager de cet indéfinissable qui semble bien n’appartenir qu’aux seuls poètes."



 (la gisante de vie)

"Tenir la promesse d'une pierre,quand je suis arrivé ce matin à l'atelier, je savais qu'elle m'attendait.Quelques traits esquissés mercredi avant de partir...Depuis deux jours je sais qu'elle est là, que l'on s'attend mutuellement, que l'on se tourne autour sans rien se dire, alors, j'ai attaqué sans prévenir"....peut on lire sur son blog ...








 ("Je ne pensais pas faire un ange" - sculpture Saint Sever du Moustier)

 

Un texte de Pierre Souchaud  dans Artension (septembre-octobre 2001)
"L'énigme de la figure"
 " Jean-Yves Gosti, ancien boxeur "petit fils de Cobra" est un colosse à l'âme tendre. Cœur pur, il aime la musique des mots, la poésie bien sûr qui le fait fondre, et même l'âpre rhétorique des savants discours sur l'art qui le transporte délicieusement. Mais ces intermèdes parmi l'évanescence des mots et l'éther des idées ne sont que l'indispensable contrepoint de son activité principale de sculpteur en prise directe avec la matière. Ces deux facettes de l'homme s'interpénètrent et se nourrissent l'une de l'autre, de telle sorte que ces transports littéraires sont des moments précieux où s'accumule l'énergie physique et mentale nécessaire pour activer ou attaquer la pierre au chasse-coin et à la disqueuse. Gosti n'aime pas la glaise, ni la pierre trop friable. Il aime le basalte, le marbre noir, le granit pour leur dureté intransigeante, pour la force expressive de leurs fulgurants éclats. Sa vérité, il veut la chercher dans le geste premier, le plus simple, le plus rustique, celui de l'être primitif qui, taillant le silex, fait surgir à la fois son feu sacré et sa conscience d'homme. "Trop de métier, trop de culture; trop de sophistication dans le geste, ramollit la pensée et le sentiment et éloigne de l'essence des choses", dit-il. Aussi va-t-il chercher également cet essentiel du côté de ses propres enfants qui lui permettent un retour à la source permanent (il s'est tatoué sur tout le bras droit un dessin fait par l'un d'eux). L'émotion, avec Gosti, naît au point d'articulation de multiples notions opposées : ventre-intellect, joie-mélancolie, dureté-tendresse, innocence-culture, métier-inexpérience, car c'est là que se formule la question de fond, que se nouent l'énigme de la figure et le mystère du langage... et que c'est là, à terme, peut-être, que cela se résout."






























" Son domaine de prédilection se sont les visages, ce qui l'inspire c'est l'émotion d'une expression, la tendresse d'un regard, les corps sont certes présents mais comme support. Ils restent bruts, rustiques, sans réelle légèreté, ne gardant avec le visage que la cohérence de la pierre, ou parfois même se transforment en métal ou en bronze comme pour mieux mettre le visage en exergue."







 ( un dessin de la série des feux sacrés)

Photos Jean-Yves Gosti

 " Le génie "paradoxal" de Gosti est de faire cohabiter des éléments aussi opposés que le granit et le métal avec la délicatesse et la fragilité des expressions. 

 Gosti c'est  " l'homme qui parle au cœur des pierres "

GOSTI  ARTISTE ACCOMPLI ET POÈTE DU MÉTAL ET DE LA PIERRE ! 
 
 LE BLOG DE GOSTI 

Le texte  de Thuy-Diep Nguyen (sur le blog de Gosti)

Un très beau portrait ...

Des œuvres ... 

Gosti au Musée des Arts Buissonniers  

 Jean-Yves Gosti sur facebook !

(cliquer sur les liens)


Et retrouvez les œuvres de JEAN-YVES GOSTI :

*** Du 28 juin au 31 août  avec les Staëlens et Joël Lorand 

Musée d’art et d’archéologie
37, rue des Carmes
15000 Aurillac
04 71 45 46 10

*** A la galerie Besseiche  

(cliquer sur le lien)

33 Rue Guénégaud,
75006 Paris
01 40 46 08 08


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