Qui mieux que Laurent Danchin, qui a préfacé cet indispensable ouvrage, peut expliquer le parcours de JO FARB- HERNANDEZ et parler de son dernier ouvrage " SINGULAR SPACES" ....
" Depuis l’ouvrage historique de Bernard Rudofsky, Architecture sans architectes, au début des années 1960, et quarante ans après Shelter, le livre culte de Lloyd Kahn sur l’autoconstruction à l’époque hippie, les ‘environnements d’art populaire’ (folk art environments), les jardins d’art brut ou les constructions singulières d’’anarchitectes’ visionnaires ou excentriques se sont multipliés à travers le monde et, parallèlement à la redécouverte des vieux ‘classiques’ du genre, ils suscitent aujourd’hui un intérêt grandissant à l’échelle internationale. Pour diverses raisons, dues à des contextes culturels opposés, ce sont la France et les États-Unis qui ont été pendant longtemps les pays pionniers dans la reconnaissance de cette forme spontanée de création, et le Palais Idéal du facteur Cheval, au sud de Lyon, ou les tours de Watts de Simon Rodia, à Los Angeles, en sont des exemples bien connus. C’est le cas également d’autres sites français ou américains, déjà anciens ou plus récents, qui ont été répertoriés et étudiés en profondeur par la télévision, la photographie et le cinéma, la presse et l’édition. Mais d’autres lieux, d’un intérêt équivalent, ont été découverts aussi depuis, dans d’autres pays ou sur d’autres continents, comme l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, l’Inde, le Japon ou l’Amérique du sud, et, en Europe, de nouveaux venus comme l’Italie ou la Finlande commencent à jouer un rôle de premier plan dans ce qui apparaît comme un domaine en pleine expansion, tandis que la recherche universitaire et l’approche scientifique traditionnelle s’allient à l’usage de ces outils révolutionnaires que représentent les nouveaux médias.
Certains pays pourtant
restent sous-représentés sur la carte des environnements d’art
singulier et, en Europe, c’est surtout le cas du Royaume Uni ou de
l’Allemagne, de même que de la plus grande partie de la
Scandinavie et de l’Europe centrale, terrae
incognitae dans ce domaine. Ce serait
également resté le cas de l’Espagne si Jo Farb Hernandez n’avait
pas entrepris l’étude très approfondie ayant mené à la
publication de ce livre étonnant et remarquable. Un travail de
passion, de patience et d’érudition, consistant en une recherche
de terrain très détaillée, et très respectueuse des auteurs,
quand ils sont encore en vie, en un ensemble de descriptions d’une
grande précision et en une analyse très nuancée du contexte
culturel, le tout aboutissant à la présentation du nombre
incroyable de 45 sites espagnols, pour la plupart inconnus,
découverts dans toute l’Espagne, où cette chercheuse brillante,
historienne d’art et commissaire d’expositions, passe en général
ses vacances d’été avec son mari, le sculpteur Sam Hernandez.
Seules les îles restant à explorer, on peut imaginer ce qu’il
reste encore à découvrir et toutes les trouvailles auxquelles on
peut s’attendre dans le futur.
Si l’on excepte la
Finlande, pays du Nord de seulement 5 millions d’habitants qui, sur
son territoire plutôt étendu, dispose d’un des ensembles les plus
importants d’art populaire en extérieur – en majorité des
jardins de sculptures faits d’animaux taillés dans le bois, de
personnages en ciment ou de créatures en métal soudé,
stylistiquement assez proches d’un certain folk art canadien ou
américain –, on serait tenté de croire que seule une question de
climat peut expliquer pourquoi l’Espagne possède autant de maisons
décorées en coquillages, de jardins ou bâtiments de mosaïque, et
de châteaux pseudo féodaux faits à la main ou de performances
architecturales comme l’incroyable cathédrale d’un seul homme de
Justo Gallego Martinez, près de Madrid. Sans parler du labyrinthe
aérien des tunnels en bois de l’indomptable Josep Pujiula i Vila,
à Argelaguer, qui est pour moi, sans doute, la plus étonnante des
découvertes de Jo Farb. En France, où nous entretenons la tradition
de couper les cheveux en quatre, nous aurions bien du mal à
qualifier d’’artistes’, comme elle le fait, ces merveilleux
créateurs, ouvriers inspirés, dont les constructions
obsessionnelles, petites merveilles de créativité populaire,
semblent manifester le même type de relation, très spéciale,
qu’entretient l’araignée avec sa toile, l’oiseau avec son nid
ou le mollusque avec sa coquille. Parce que ces humbles bâtisseurs,
tous monomaniaques, se considèrent eux-mêmes rarement comme des
artistes. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ne pouvaient trouver
meilleur défenseur de leur cause que l’auteur de ce livre.
Très réputée dans le
domaine du folk art et de l’art outsider,
où ses publications, ses conférences et son travail de commissaire
d’expositions jouissent d’un grand crédit – son livre sur
Achilles Rizzoli, par exemple, un maître de l’architecture
symbolique imaginaire, est une référence – Jo Farb Hernandez est
sans aucun doute l’une des spécialistes les mieux informées de
son domaine. Mais elle occupe également un poste privilégié pour
ne manquer aucun détail de ce qui concerne les curiosités
architecturales du bord des routes, puisqu’en 2006, après la mort
de son fondateur, le photographe Seymour Rosen, elle a été élue à
la tête de SPACES, le plus important fonds d’archives sur le
sujet. Situé aujourd’hui à Aptos, en Californie, autrefois à Los
Angeles, SPACES – organisme de Sauvegarde et de Préservation des
Environnements Artistiques et Culturels – a toujours eu pour double
mission de rassembler le maximum de documentation sur les
environnements et constructions des créateurs autodidactes, et de
soutenir activement les groupes de passionnés tentant d’en assurer
la sauvegarde et de leur donner éventuellement une seconde vie. A
l’époque de Seymour, avant l’âge de l’ordinateur, quand les
photographes n’utilisaient que le support argentique et la
diapositive, un tel objectif n’était réalisable qu’en
Californie et dans quelques autres Etats des U.S.A. Mais Jo,
aujourd’hui, travaille bien sûr à une échelle beaucoup plus
importante, et la mondialisation, rendue possible par Internet et par
les technologies numériques, permet à SPACES, et à son nouveau
site, récemment ouvert, de s’associer instantanément, en temps
réel, à toutes les entreprises collectives de sauvegarde à travers
le monde. Il ne fait aucun doute qu’en ouvrant de façon si
inattendue une nouvelle porte sur la carte internationale de son
domaine, cette belle étude, richement informée, ajoutera au jeu
mondial de précieux éléments et contribuera à une meilleure
collaboration entre l’Europe et les Etats-Unis."
Et voici quelques photos et un petit texte envoyés par Jo pour les Grigris sur un site et un artiste qu'elle affectionne tout particulièrement ...
Josep Pujiula i Vila
"Sa Passion dure depuis toujours: bricoler, inventer, construire, avec des branches, des matériaux récupérés, de tout:
Surnommé
"l'homes des cabanes," Josep Pujiula a créé en Catalogne le plus
fantastique des châteaux né de son imagination, avec de simples perches
et branches liées entre elles par des clous ou du fil de fer. C'est un
parc enchanteur faits de chemins, de ponts, de cabanes et de tours qui
culminent à quelques 25 m de hauteur. Cette installation poétique est
devenue un terrain de jeu extraordinaire pour les petits et les grands.
Bien qu'ayant été obligé trois fois de tout détruire, sur ordre du
gouvernement, l'auteur continue toujours à construire, espérant que ses
créations pourront un jour être sauvées. Pujiula est devenue, sans
doute, le modèle de l'artiste irrépressible."
LE BLOG DE JO
Ce livre est publié par Raw Vision
Par: Jo Farb Hernández
Editeur: Raw Vision
Conception: Marquand Books
Format:
Partie I: Relié, 9.5 x 11.5 ". 596 pages, 1306 photos en couleur;
Partie II: CD: 565 pages, 4179 photos couleur, 44 plans du site.
Total: 1159 pages, 5485 photos
Prix conseillé: 80,00 $
Parution en décembre 2013
****Une exposition proposée par Jo est visible
jusqu'au 1er novembre
chez Natalie and James Thompson Art Gallery, San Jose State University, San Jose, California
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