mercredi 28 mai 2014

JOEL LORAND : POETE DES FORMES ET DES COULEURS

Plongée dans les tableaux de JOËL LORAND !

Et pour accompagner mes photos aujourd'hui  des extraits d’un article de Pauline Mérange
 pour le n° 289 de Cimaise :


  " Quand on regarde le travail de Joël Lorand, on songe aux mythologies antiques, aux bestiaires médiévaux , à Jérôme Bosch revisité par Victor Brauner, aux constructions chimériques d’Adolf Wölfi, aux fresques médiumniques d’Augustin Lesage. Jardin imaginaire, univers souterrain ? Gangue, utérus, chrysalide ? Tourbillon de formes animales, végétales et humaines ?
    Peu importe. Cette poésie de l’insolite ouvre la voie à de multiples interprétations.
    Le dessinateur maximaliste voit dans ses créations la métaphore d’une humanité crépusculaire.
    «  On n’a jamais été autant en danger à l’échelle planétaire. Nous vivons à l’aube du chaos. » Il exalte la mission prophétique -« presque chamanique »- de l’artiste. «C’est un message d’alerte pour une société qui court à sa perte, malade du risque technologique, du péril écologique… En même temps, parce que je suis un pessimiste qui espère, je parsème aussi des guirlandes de fleurs, des farandoles de cœurs pour rattraper le côté sombre de ma vision. »
    Un diplôme de pâtissier en poche, il trouve une place dans la capitale. «  Le métier me plaisait, le règne des odeurs, des couleurs, des saveurs. La lassitude est venue bien après. ».
1994. Trois mois avant la naissance de son fils, il entre en peinture.  «  J’avais moi aussi besoin d’accoucher de quelque chose. »
    «  Un autodidacte est sans bagages. Il doit faire son propre apprentissage. J’ai acheté des livres, je suis allé voir des expositions…, mais on met du temps à se trouver et le parcours est forcément semé de ratés. »
   
Ses sources d’inspiration ? «  Je me laisse guider par ma voix intérieure. Je fais vraiment confiance à mon subconscient. »
    «  La technique, c’est un peu comme en cuisine. Ce qui compte, ce n’est pas la recette, c’est ce qu’il y a dans l’assiette. »
    « Parfois, je ne sais pas si la faculté de créer est un don du ciel ou un don du diable. Cela a induit un bouleversement radical dans ma vie. Je dessine au moins huit heures par jour week-ends compris et ce travail obsessionnel, jouissif bien sûr, occasionne aussi des dommages collatéraux. Il absorbe toute mon énergie psychique. Il m’isole des autres. »
    Scotchée sur un placard de l’appartement en garde-fou, cette maxime de Picasso : « Le bon goût est le contraire de l’art. »"


Et des propos recueillis par Laurent Danchin pour Mycelium ...



" Je dessine depuis l’enfance. Le dessin est mon médium, c’est ma façon de m’exprimer. C’était une façon déjà  d’être avec moi-même. J’ai toujours été un solitaire, en fait."



 « J’ai été pâtissier de nombreuses années, presque un tiers de ma vie. Et je pense qu’il reste dans mon travail un certain savoir faire, c’est-à-dire l’intelligence de la main, qui reste quand même, avec la volonté de donner un produit abouti. »




"On peut dire que la genèse de mon travail a commencé à la naissance de mon fils. C’est ce qui a tout déclenché. Est-ce parce que je savais déjà qu’il fallait que moi aussi j’accouche de quelque chose ? C’est qu’il est important pour moi de laisser une sorte de postérité à mon enfant. "




« Peut-être que toutes les figures monstrueuses qu’on voit dans mes tableaux, ce sont aussi mes auto-portraits. Le monstre, c’est celui qui va se dévorer lui-même pour renaître. C’est-à-dire que moi-même, je me dévore pour renaître à chaque fois. »




 « L’art visionnaire, pour moi, ça ne veut rien dire. Dans le sens où je l’entends, tout artiste est visionnaire quelque part. Parce qu’il anticipe quelque chose qui va se passer ou qu’il montre quelque chose qui est caché dans la réalité. Un artiste est visionnaire par définition. Comme il est singulier par définition. C’est le sens même de la création d’être singulier. »




« J’ai l’impression de ne pas vivre dans mon époque, d’être en décalage avec l’époque actuelle. »




" On porte tous un mystère, en fait. La différence c’est que nous, les artistes, on a la possibilité de travailler dessus. Sur ce mystère. Mais chaque être humain a le sien propre, parce qu’on fait partie d’une filiation qui est très longue, depuis la nuit des temps."





" Dans mon travail, les connexions sont importantes, parce que rien n’est séparé. C’est une façon aussi de dire que, pour que tout soit cohérent, tout doit être relié. Toutes ces petites connexions, ce sont des veines, des rhizomes, des racines. Tant qu’il n’y a pas ces connexions, je trouve que c’est inerte, sans vie. Et ce sont toutes ces connexions qui vont faire que ça va donner une espèce de mouvement au dessin."



 « Mon travail est complexe parce que moi aussi, ma personnalité est complexe. Elle est ambivalente. Il y a beaucoup de dualisme chez moi, il y a quelque chose de très rationnel et, en même temps, quelque chose qui ne l'est pas. J’ai besoin de croire à un côté un petit peu surnaturel. A des choses qui sont sinon irrationnelles, du moins capables de me faire rêver. »



« Il n’y a pas chez moi une volonté d’agresser les gens. Je pense que c’est plutôt une défense, la défense d’une sensibilité exacerbée. »


« Je suis toujours chagriné de voir que les gens ressentent quelque chose de torturé ou d’agressif dans mon travail. Comme s’il y avait quelque chose que je n’assumais pas. Mais la réelle agressivité n’est pas dans une œuvre d’art, elle est dans le quotidien des choses. La vraie agressivité, elle est dans la vie de tous les jours. »




  « Tout mon travail actuel, c’est le travail de la gestation et de la reproduction. Ce sont des personnages qui viennent de la matrice. Mais c’est venu tout simplement, parce que ça n’est pas moi qui choisis. Ça vient, c’est comme une évidence.»




« Le monde est de plus en plus compliqué, de plus en plus violent. Peut-être que c’est la propre agressivité du monde que je renvoie à travers mes dessins. C’est un peu le bouclier de Persée. Je renvoie cette espèce de folie, qui est la folie du quotidien et moi, en fait, je serais de temps en temps derrière le bouclier, comme protégé, et en même temps parfois devant, parce que je suis aussi acteur du monde. »

Et voici les derniers dessins de JOËL LORAND ... en noir et blanc ... 







« Les yeux sont très importants dans mon travail, et c’est ça peut-être qui dérange aussi un peu le spectateur. C’est qu’en fait il y a beaucoup de regards, et donc j’inverse le processus, c’est-à-dire que c’est l’œuvre, c'est le dessin qui regarde le spectateur. »







« J’aimerais être reconnu comme un poète »

 "L’œuvre de Joël Lorand arrive à cet étonnant miracle de nous donner la sensation que la liberté, ça peut se dessiner ".
( Fred Noiret)


JOËL LORAND ET HANG ART

JOEL LORAND ET MYCELIUM

D'AUTRES PHOTOS DES TABLEAUX DE JOËL SUR FLICKR 

JOËL LORAND ET LES GRIGRIS DE SOPHIE


( cliquer sur les liens)


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