lundi 12 mai 2014

LE MANOIR DE SAINT POL ROUX A CAMARET SUR MER


Découverte bretonne ...



Le manoir de Saint-Pol-Roux vers 1925 - photo Georges Arlaud 



 
   " Sur les hauteurs de Camaret, vécut un poète encensé par les surréalistes, frappé par un destin tragique en 1940.

A cent mètres des alignements mégalithiques de Lagatjar, le manoir du Boultous surplombe la mer d'Iroise, où l'on aperçoit des baigneurs minuscules sur une plage dorée.

    Né en 1861, Paul Roux, de son vrai nom, était un Provençal, issu d'une famille marseillaise d'industriels en céramiques. Après une carrière littéraire qui le voit reconnu par les plus grands (Mallarmé l'appelait « son fils », d'autres le « roi-lyre »), il va fuir le milieu littéraire. Ce sera pour s'installer en Bretagne à la fin du siècle, et poursuivre son œuvre en solitaire dans ce manoir où il vivra en famille, avec sa femme, sa fille Divine, et ses deux fils dont l'un, Coecilian, mourra durant la Première Guerre mondiale.

    En 1940, le vieux sage, dans sa 80e année, va connaître le pire dans ce manoir où, veuf désormais, il vit seul avec sa fille. C'est le soir du 23 juin, les Allemands déferlent sur la Bretagne. Un groupe surgit au manoir, et un soldat ivre tue la servante Rose, brutalise le vieil homme, blesse par balles Divine avant de la violer. Des manuscrits innombrables sont déchirés ou brûlés, dispersés sur la lande.

    Le vieil homme, que les dernières photos nous montrent imposant avec sa haute taille, ses longs cheveux et sa barbe blanche encadrant un beau visage, ne survivra que quatre mois. Il s'éteindra le 18 octobre à Brest. Quatre ans plus tard, le manoir, où les Allemands s'étaient installés, est détruit par l'aviation britannique."
 
 






 "S'il profère des secrets tus jusqu'ici, le vrai poète dévoile en même temps un monde qu'on n'avait pas su voir ; si pour tant d'autres le mot est un caillou de mort, il en fait un grain de vie, son art ne moule pas dans le fini mais cueille dans l'infini. Quel magnifique drame que la création poétique."
 
 Saint-Pol Roux








" Oh ! quelque jour, plus tard, lorsque j’aurai depuis longtemps fini de vivre et que la fille de ma fille sera mère ou bien grand’mère, oh ! quelque jour, plus tard, avoir mon nom dedans les menus livres des classes primaires !
 
Oh ! même en caractères de poupée, les trois syllabes à douze lettres de mon nom groupées, tel un sourire, entre le b a ba des tout bébés et le Je vous salue, Marie ! " 









"J'ai fait inscrire sur un entablement de mon manoir ces mots orgueilleux peut-être :
 
Ici j'ai découvert la vérité du monde."




Camaret

“Camaret, par ce matin d’été,
c’était la beauté,
toute la jeunesse du monde
sous la féerie claire des voiles.
Je sentis que mon destin m’y conduisait,
que je n’avais plus le droit de partir…
Et j’y suis demeuré
au milieu des paysans et des pêcheurs.

…Je remercie Camaret d’une hospitalité
de trente ans qui ne finira jamais
puisque c’est dans son sol que je dormirai…
j’ai fait inscrire sur un entablement
de mon manoir ces mots orgueilleux peut-être :

Ici j’ai découvert
la vérité du monde,

Tout le secret de ma solitude,
de ma méditation,
conséquemment de mon prudent silence,
gît là.”

Saint Pol-Roux, 1922.
Extrait de l’œuvre « De l’art magnifique », publié avec l’aimable autorisation de M. René Rougerie, éditeur de Saint Pol-Roux.


 

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Comment y aller : à Camaret-sur-mer, suivez les panneaux "pointe de Pen Hir" ou "alignements de Lagatjar" ; prenez la route qui contourne les alignements mégalithiques, vous verrez un petit parking à quelques mètres des ruines (qui sont visibles de très loin)
 
 
 Pour toi Marie-Christine avec toute mon amitié ....
 
 
 
 

 

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