mardi 24 juin 2014

DEMIN N'IRA PAS A AUBAGNE


" Les machines de DEMIN interrogent sur le devenir de l’humanité. Doit-on ignorer les souffrances de ce monde agonisant, devenu ramassis d’ordures, de haine et de dégoût ? Les chairs, mises à nu, dénoncent les leurres et les faux-semblants élaborés par la société. Les êtres de DEMIN ne sont ni beaux ni élégants. Ils sont dépouillés de toute futilité rassurante. La beauté est ailleurs, sans doute dans l’émotion saisissante qui s’empare des consciences et révèle les blessures universelles."



Et voici deux lettres écrites par Demin :

***Lettre ouverte concernant la censure de la mairie 
d’Aubagne sur mon travail
"Mon travail dénonce les massacres perpétrés dans le monde. Je n’ai jamais entendu jusqu'à ce jour le mot « pornographique » pour le désigner. Pour moi, la mairie d’Aubagne - qui a fait le choix de la censure - a pris la position de l’ignorance. Ils ont jugé sans savoir, sans chercher à comprendre. Mon travail représente une cause humanitaire. Il montre la partie sombre du monde : froid, cruel, injuste ou le faible est au service du fort, ou les pauvres n’ont jamais la parole, ou les femmes sont reléguées à l’état d’objet, ou le pouvoir prédomine. Je n’ai jamais cherché à exhiber l’horreur pour l’horreur, je suis cependant conscient que mon œuvre peut déranger, interpeller.
Je ne travaille pas sur des sujets faciles et je ne recherche pas l’esthétique au sens conventionnel du terme. En 2014 j’ai été invité par la commissaire d’exposition du SIAC de Marseille à présenter mon travail dans des conteneurs industriels. Plus de 10 000 personnes se sont retrouvées face à mes machines sans que cela pose problème. J’ai eu la visite de famille où les parents expliquaient à leurs enfants la démarche artistique, le sens des œuvres, etc. certaines familles faisaient le choix de passer leur chemin, il me semble que c’est aussi ça le libre arbitre ? Cette censure est dénuée de bon sens et que la municipalité se défende en prétendant vouloir protéger les enfants est encore plus absurde. À moins qu’elle veuille les défendre en les protégeant du risque que peut avoir le fait de se cultiver artistiquement, c’est tellement mieux de les mettre devant des jeux vidéos ultras violents ou les héros détruisent à coup de grenades des humains en les faisant exploser… ( à quand l’interdiction des jeux vidéos sur la commune d’Aubagne ?) j’ai été invité en 2013 au Forum Social Mondial de Tunis pour faire une conférence sur mon travail. J’ai pu ainsi m’exprimer en tant qu’artiste plasticien et débattre sur le thème de la souffrance humaine dans le monde, j’ai longuement discouru sur le combat que je mène au travers de mon art. Mes machines ont été présentées à un large public du monde arabe qui a félicité mon implication artistique.
Le festival International d’art singulier d’Aubagne était un grand festival, reconnu pour sa qualité, l’équipe qui œuvrait aux commandes de Danielle Jacqui était une équipe impliquée qui cherchait à exposer la qualité émotionnelle des œuvres et leurs messages intrinsèques. La municipalité aurait sans doute préféré une exposition de champs de lavande… Depuis tout temps il y a eu des censures, certaines légitimes d’autres non. Des êtres humains ont donné leur vie pour la liberté d’expression, nous vivons dans un pays culturellement riche. La diversité fait partie de cette culture.
Qu’une mairie décide qui doit faire partie (ou non) d’un festival ne reflète pas vraiment cette notion de liberté culturelle. J’ai la sensation – très personnelle – que le problème est plus politique qu’artistique et cela est attristant. Jusqu’à présent je dénonçais principalement les souffrances et les injustices qui se produisaient dans des pays tels que la Syrie, etc. ou le pouvoir asservissait en maître le peuple opprimé. De par cette censure, la municipalité d’Aubagne fait elle aussi état de son pouvoir pour tenter d’asservir les artistes, c’est inadmissible."

*** Lettre ouverte du 22 juin 2014 en réponse à l'article paru 
dans le Figaro

" La mairie déclare dans un récent communiqué « être contre l’annulation de la manifestation ».  Paradoxalement à cette position elle désire en temps qu’entité souveraine quel artiste doit (ou non) participer à ce festival. Il ne me semble pas raisonnable, dans ces conditions qu’une représentation artistique puisse avaliser ce dogme. Le festival international   d’art singulier d’Aubagne était géré  depuis de nombreuses années  par  Danielle Jacqui (reconnue par ses pairs comme la papesse de l’art singulier). Danielle Jacqui  est venue dans mon atelier en janvier dernier, elle a choisi de prendre pour ce festival l’ensemble de mes créations afin de les présenter au public ; non pas pour déclencher un scandale en exhibant des œuvres sujettes à polémiques, mais pour montrer mon œuvre qu’elle a jugée sur sa qualité.  Je déplore que mon travail soit découvert de cette manière-là: par la provocation et la censure, je n’ai jamais cherché cela.  L’idée évoquée par la mairie d’une manipulation est tout simplement insane.  Déclarer  « ils essaient de démontrer que la droite ne comprend rien à la culture » est une réaction absurde et restrictive, car je ne peux condamner tout un parti pour l’impéritie  de quelques élus ayant l’esprit en jachère.    Je ne suis ni de droite ni de gauche, j’applique simplement ma prise de position sur l’adage du  bon sens. J’estime que dans un pays libre, chacun doit jouer son rôle, la mairie gère sa ville, les commissaires d’exposition... les expositions ! Concernant notre volonté de créer le buzz médiatique, j’estime que celui-ci est la conséquence d’un choix irréfléchi  par la municipalité d’Aubagne. Ce buzz est la conséquence inhérente d’une prise de position sans doute basée sur une mauvaise stratégie politique. Il serait peut-être souhaitable que le maire prenne enfin ses responsabilités, s’il n’en est pas capable, alors  qu’il démissionne.  La municipalité déclare  que  Danielle Jacqui a été poussée à la démission par les artistes, cette info est totalement fausse, (d'ailleurs, ceux qui la connaissent savent que personne ne pourrait la pousser à quoi que ce soit)

Je suis conscient que mes machines  peuvent choquer, déranger, mettre mal à l’aise.  Mais une œuvre d’art n’est-elle pas là pour transmettre avant tout des émotions ? Quelles qu’elles soient ! J’ai fait le choix de parler de la souffrance, sous toutes ses formes, des injustices, des massacres d’enfants etc.  De par ce choix, je ne peux pas créer mes œuvres à coup d’arc-en-ciel et de  sucre Candy ! Alors serait- il plus judicieux de faire l’autruche ? D’éduquer nos enfants en leur cachant une partie du monde ? En ne leur présentant que des œuvres  bisounours. Car l’art peut aussi être un moyen de transmettre des informations sur les conditions humaines dans le monde. Sauf si bien entendu, on peut ne pas se sentir directement concerné par ce qui se passe à des milliers de kilomètres de chez nous."

LE SITE DE DEMIN

(cliquer sur le lien)

1 commentaire:

  1. que dire de plus... absolument inadmissible... ignorance de la bourgeoisie!

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