LES GRIGRIS DE SOPHIE: VINCENT CORDEBARD : " MAUDITE SOIT L'ESPERANCE" ET D'AUTRES SCENES PEU ORDINAIRES

Avec " Maudite soit l'espérance" on n'est pas dans un art qui flatte l’œil ou plus exactement, si les couleurs sont séduisantes et génèrent un premier enthousiasme, le deuxième regard (qui arrive plus ou moins vite !) fait pénétrer le visiteur dans une réalité dont il ne sait que faire ...
Après la séduction arrive ce coup de poing en pleine figure et la douleur qui vient avec ....

Les tableaux de Vincent Cordebard sont dérangeants, bousculants, troublants, contrariants et si l'on pousse un peu la recherche des synonymes on arrive à des termes plus forts comme déséquilibrants, embarrassants, incommodants et perturbants !
Voilà pourquoi l'artiste dérange et n'est pas consensuel, il ne peint pas pour plaire mais il utilise les artifices de la couleur pour dénoncer un réel dont "le regardeur" ne veut pas .
Il utilise le territoire de l'esthétique dans un sens oubliè depuis longtemps mais cette fois aucune idéologie religieuse ne vient atténuer le propos et le spectateur se retrouve désarmé avec des codes qui lui échappent .

" Maudite soit l'espérance" reste un lieu de violence pour mes visiteurs" écrit Vincent Cordebard.

"Ces peintures sont incontestablement difficiles et, semble-t-il, obscènes non pas parce qu'elle chercheraient à heurter , mais sans doute parce qu'elles n'offrent aucune perspective de transcendance. Pire , peut-être, aux yeux de ceux qui me les disent "trop réalistes", elles réintroduiraient dans un champs "idéologiquement réservé" à la beauté ou à la libre expression de soi - une forme nécessairement heureuse d'exister- et avec ses propres outils esthétiques, ce réel insupportable que l'art et la culture prétendraient pouvoir adoucir.

Je crois pour ma part que s'il peut rester quelque espoir d'en changer quelques traits, c'est en acceptant de dire le monde tel qu'il est. Sans chercher à inventer un quelconque non-lieu où il ne serait que question d'une "beauté" qu'on pourrait " liker" tranquillement."

"On ne pourra jamais le montrer"a t'on pu dire de lui , le mot est lâché Vincent Cordebard n'est pas montrable parce qu'il est plus que cela, il est celui qui dit, celui qui ose, celui qui sans concession, mais sans désir de choquer ("ce n'est pas dénonçant" dit il de ses tableaux) nous force à voir . N'oublions pas que c'est lui qui en exergue de son blog assène un " Nous sommes ce qui nous somme. "

Si "Le suprême objet de la danse est la monstration du corps", le suprême objet de la peinture ne peut il pas être la monstration du réel ?
Vincent Cordebard nous montre à voir un monstrueux que l'on rejette et qui nous fascine, Vincent Cordebard, de plus en plus douloureux et puissant, livre des corps en pâture et nous restons ... sidérés ...