jeudi 30 juillet 2015

ETIYE DIMMA POULSEN A LA GALERIE BOURREAU RAVIER A NOIRMOUTIER






 

 










Une belle présentation de Jean-Michel NEHER :

Née en 1968 à Aroussi en Ethiopie
Etude aux Beaux-arts de Copenhague

Les œuvres d'ETIYE DIMMA POULSEN sont issues d'une enfance dont elles rappellent la couleur, la chaleur et l'émerveillement. C'est au spectateur de les comprendre. Car avec ses origines éthiopiennes, son éducation danoise, ses séjours dans plusieurs régions d'Afrique (Tanzanie, Kenya) et sa vie actuelle en France ETIYE, se trouve confrontée à quelques défis...
Mais c'est dans sa mémoire qu'elle cherche pour célébrer les premiers éblouissements de sa vie, les couleurs chaudes, la terre craquelée, les lignes tracées sur les tissus ou les corps pour donner à entendre qu'il y a aussi une pensée à l'œuvre sous la toile ou la peau.
Mickaël GIBSON
Etiyé Dimma Poulsen, artiste d'origine éthiopienne, enchaîne depuis trois ans les expositions, aussi bien en Europe qu'en Afrique - où elle est représentée par la galerie Mam, basée à Douala. Elle a pourtant difficilement commencé en faisant vainement le tour des galeries parisiennes qui l'orientaient vers des boutiques "africaines " où ses sculptures avaient du mal à se situer au milieu de copies de masques anciens et d'artisanat touristique. C'est finalement par le biais des galeries de céramistes et surtout par la galerie Capazza, galerie d'art réputée, située à Nançay au sud de la région parisienne, quelle a fini par imposer ses fascinants personnages de terre et de fer.
Couchées sur une longue table de bois ou posées à même le sol, les sculptures d'Etiyé Dimma Poulsen, quelque soit leur taille, ne sont dressées qu'une fois terminées. Toutes sont faites de la même trame, entourées d'une sorte de grillage maintenu par une structure de fer à béton et recouvert d'une fine couche d'argile. La jeune femme ne sculpte que des corps prolongés par une petite tête qu'elle habille de pigments naturels, déclinés dans des camaïeux d'ocre, de rouge, de beige, de brun ou de bleu.
Arrive ensuite l'étape quelle considère comme étant la plus excitante de son travail, celle de la cuisson et de la sortie du four où ses personnages cuisent à mille degrés. Les sculptures soumises à l'épreuve du feu apparaissent animées d'une étrange vie qui semble émerveiller autant celle qui en est à l'origine que son public.
"C'est toujours une découverte pour moi lorsque mes personnages sortent du four. Je ne sais jamais comment ils vont en sortir. Le feu est un élément créateur qui modèle mes sculptures tout en leur donnant vie". Fascinée par cet élément qui joue sur son œuvre et la parachève, la jeune femme en revendique l'apport aléatoire dans ses créations. Si dans la vie, elle a besoin de repères solides et structurés, Etiyé aime que les choses lui échappent un peu dans son travail. "Parfois, il y a des pièces que j'aime beaucoup et dont certaines parties explosent au four. Passé l'effet de surprise, je constate que le feu a raison, que le visage qui ressort creusé est certes diffèrent de celui que j'ai sculpté à l'origine mais il est souvent plus beau. Certains corps ont perdu une couche d'argile qui finalement était de trop. Le feu est comme un mentor qui corrige les défauts de mes sculptures et efface les traits inutiles que je peux faire".
Une fois les sculptures retirées du four, s'accomplit le rituel de la naissance de l'œuvre qui est recouverte de sciure avant d'être lavée à l'eau. Instants sacrés pour le sculpteur, où l'alchimie de la terre, des pigments et de la chaleur révèle l'œuvre dans une atmosphère de fumée et de vapeur, l'imposant en un symbolique accouchement.
La première sculpture est née par hasard il y a dix ans alors qu'elle joue avec un morceau de treillis métallique auquel elle donne une forme conique. Par la suite recouvert de terre et cuit selon un mode de cuisson particulier que lui enseigne le sculpteur Michel Moglia, le petit grillage ainsi transformé, devient le premier personnage du peuple mystérieux qui compose l'œuvre d'Etiyé Dimma Poulsen. Depuis, elle n'a eu de cesse de creuser et d'affiner sa démarche créatrice tout en gardant la ligne élancée de sa première sculpture. Ce sont les infinies variations des corps et des expressions qui intéressent Etiyé, celles que l'on retrouve dans chacun de ses personnages qui, même si elle reconnaît volontiers à certains un "air de famille", sont finalement tous très différents les uns des autres. Toute sa démarche réside dans ces multiples variations sur un même thème qui peuvent se décliner à l'infini. "Loin d'être un frein, cela m'a obligée à trouver des variations dans un cadre limité et c'est là que j'ai le plus appris". Chez Etiyé, les silhouettes sont épurées, démembrées, désencombrées de tout artifice, les yeux se dessinent d'un simple trait qui donne au visage un regard lointain, mystérieux, posé à la fois sur un horizon inconnu et tourné vers un passé inassouvi.
Le parcours de l'artiste, qui préfère à ce terme être "quelqu'un qui fait", a d'abord été contrarié par des débuts en peinture restés sans échos. Etiyé a commencé par la peinture à l'huile au Danemark où, influencée par le travail d'Emile Nolde, elle peint de nordiques paysages de ciel et de terre. Parce qu'elle ne peut rentrer à l'Ecole des Beaux Arts de Copenhague, elle s'inscrit en faculté d'histoire de l'art où l'analyse et la théorie la pétrifient. Période de doute et de frustration où l'envie de créer reste la plus forte. Plus que l'université, elle fréquente les musées où, déjà sensible aux silhouettes longilignes, elle s'abreuve des sculptures de Giacometti. "Le fait de voir une œuvre forte me chargeait en énergie, et c'est cela qui me donnait envie de créer, même si à l'époque, on me faisait sentir qu'il n'y avait pas de place pour mes peintures. C'est douloureux et frustrant de lâcher dans le vide quelque chose qui vient du plus profond de soi. J'ai arrêté de peindre, et cette frustration a probablement attisé mon envie de m'exprimer qui s'est peut-être ensuite traduite dans mes sculptures."
De son enfance africaine, il lui reste des clichés de villages, de soleils couchants et de "silhouettes qui s'allongent", mélange d'images d'Ethiopie - quittée à l'âge de six ans - de Tanzanie et du Kenya où elle vécut jusqu'à l'âge de 14 ans avec sa famille d'adoption danoise avant de rejoindre le Danemark. C'est à son arrivée en France huit ans plus tard qu'Etiyé découvre les arts africains à Paris au Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie et au Musée Dapper. Si elle reconnaît que l'habillage de ses sculptures peut être inspiré par les "arts premiers", il l'est autant des arts d'Afrique que d'Océanie, notamment des arts aborigènes. "Mon travail a des affinités avec certains arts d'Afrique, mais en même temps cela ne veut rien dire. Les formes élancées m'ont toujours parlé, peut-être font-elles écho à des images d'enfance, mais on ne peut rattacher ce travail de recherches formelles à une culture ou à une autre. Il est vrai que la surface craquelée de mes sculptures est proche de ce qu'on peut retrouver en Afrique sur les maisons en banco dont la terre est séchée et craquelée par le soleil, mais ce n'est pas une raison pour m'étiqueter artiste africaine, cela ne veut rien dire !"
Riche de plusieurs vies, Etiyé Dimma Poulsen ne veut pas se limiter à un morceau de vie accroché à une origine, une nationalité ou à une fonction : "certains ont envie de me voir comme danoise, d'autres éthiopienne, d'autres sculpteur ou d'autres encore comme céramiste, l'éventail est large, j'ai plusieurs familles et chacune correspond à ce que je suis."
Aujourd'hui, l'artiste est en phase de recherche et de réflexion, animée par l'envie et le besoin d'expérimenter de nouveaux matériaux, notamment le bronze pour la sculpture et le bois pour la peinture, jamais totalement interrompue. "Je ne peux plus peindre comme je peignais avant, je suis forcément influencée par les recherches que j'ai faites en sculpture. J'essaie d'inclure quelques éléments dans mes peintures où je travaille plus sur un jeu de formes et de couleurs que sur un sujet précis". Déjà, elle a commencé à réaliser des peintures sur bois, réchauffées, brûlées, cloquées par l'apport du feu, élément fondateur de son œuvre qu'elle est bien décidée à expérimenter dans ses recherches picturales, même si elle dit ne pas être encore parvenue à faire le lien entre sa sculpture et sa peinture.
Eternel questionnement d'une artiste sensible, en doute perpétuel, qui, malgré une reconnaissance grandissante, s'étonne encore d'avoir rencontré un public. Belle revanche pour celle qui n'osait pas s'imaginer artiste, trouvant cela trop beau pour elle, elle qui s'émerveille aujourd'hui que son rêve soit partagé par d'autres: "ce sont des petits trucs que je fais, qui avaient besoin de ça."
Virginie Andriamirado
Etiyé Dimma Poulsen et le verdict des flammes
A presque 42 ans, Etiyé Dimma Poulsen pourrait déjà s’enorgueillir d’un brillant parcours personnel et professionnel qui l’a conduite de sa condition d’orpheline -née dans la ville d’Aroussi en Ethiopie- à celle d’une artiste reconnue et considérée comme l’un des sculpteurs les plus originaux de la scène contemporaine éthiopienne.
Plusieurs ouvrages, catalogues d’exposition, sites Internet, retracent en détail le parcours de cette artiste d’origine éthiopienne, vivant en Europe depuis son enfance. C’est à l’occasion de l’exposition «Ethiopian Passages: Dialogues in the Diaspora» organisée par le National Museum of African Art du Smithsonian Institute (mai-octobre 2003) et de l’édition de son catalogue (en anglais) en 2003, qu’Ici Palabre a découvert cette artiste et s’est intéressé de près à son parcours et à sa démarche esthétique.
La vie d’Etiyé Dimma Poulsen démarre sous de funestes auspices: sa mère décède alors qu’elle n’a que deux ans. Un couple de Danois l’adopte et c’est le début d’une perpétuelle transhumance entre Afrique de l’Est, Europe et Amérique. A l’âge de raison , sa condition d’exilée surgit comme une évidence. Seule réponse au sentiment d’isolement et de déracinement qui l’habite et aux difficultés de communication qui en procèdent, Etiyé trouve dans l’expression artistique la voie de son salut, un cataplasme sur les lésions de l’âme. A l’université, elle étudie l’histoire de l’art et s’essaie à la peinture, d’abord, s’inspirant de l’austère expressionnisme allemand. Alors que les portes des écoles d’art lui restent désespérément closes, elle approche la matière et tente ses premières improvisations sculpturales à base d’argile et de fer. L’idée lui vient de composer les squelettes de ses sculptures en maille de fer qu’elle recouvre ensuite de terre, d’émaux, de vernis. 
La «part naturelle» de ses créations est un respectable hasard qu’elle accepte comme les vérités parfois douloureuses parfois heureuses de son propre destin. Cette «composante extrinsèque» , étrangère et étrange, contrôlée et incontrôlable à la fois, lui est donnée par le feu. Ainsi, lorsqu’elle soumet une sculpture au verdict des flammes, Etiyé ne sait pas toujours quel être nouveau s’en affranchira. Car dans la matrice du brasier, l’incandescence fait son oeuvre, s’accouple avec l’imagination de l’homme. Et de cette gestation incertaine naissent des personnages de terre et de cendre, sylphides superbes et paisibles, dont on se plaît à penser qu’ils seraient enfantés par le mariage d’Héphaïstos  (dieu grec du feu) et d’une nymphe, archétype de la légendaire beauté abyssine.
Ce mariage revêt-il une dimension sacrée ? On ne saurait dire. Mais rappelons qu’en Ethiopie, ont encore cours des croyances anciennes, entretenues par l’art talismanique et l’art religieux, qui considèrent les artisans, potiers et forgerons - tous ceux qui parviennent à transformer la matière brute- avec un regard méfiant. Pire, on ne les regarde pas dans les yeux, par crainte du «mauvais oeil».
La terre, le métal et le feu, éléments majeurs des créations de Poulsen, pourraient donc d’emblée jeter le trouble dans l’interprétation, en laissant supposer qu’il existe entre l’artiste et une nature réputée indomptable, une familiarité paranormale. Et dès lors, on se laisse gagner par le doute, on s’interroge sur la «présence» qui habite telle forme sculptée, et pour peu qu’on se laisse surprendre par la puissance d’apparition de l’objet - c’est mon cas, mais il faut en faire l’expérience personnelle - ,  on serait tout prêt à croire à son intensité magique!
D’aucuns en jugeront par eux-mêmes. Mais il n’est sans doute pas interdit de voir les sculptures de Poulsen sous cet angle relevant autant de conceptions esthétiques que de l’ethnographie, en se rappelant ces mots de J.Kerchache à propos de la sculpture africaine (authentique) : «Les formes ne sont pas inventées, elles sont découvertes» .


En permanence, à la galerie d'art 12 grande rue
85330 Noirmoutier en l'île
( tél : 02 51 39 17 14 )

de juillet à septembre, à la galerie du château 7 rue de la cure
85330 Noirmoutier en l'île
( tél : 02 51 39 18 27 )


 LE LIEN DE LA GALERIE

LE LIEN DE L'ARTISTE  

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JUSQU'AU 5 SEPTEMBRE 2015 !







( Et d'autres photos trouvées sur Google)


Pour Anne-Marie .....


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