LES RENDEZ VOUS DE LOUIS ARAGON
(photo Apolline Lepetit)
Ainsi je t'aurai toute la vie attendue
Présente absente ailleurs ici proche et lointaine
Je t'aurai mendié de silence je t'aurai
Mangé de paroles comme une orange
J'aurai perdu ta trace une fois nuit
Une fois jour perdu ta main prise dans l'ombre
Ta merveilleuse main d'enfant enfui
Ainsi je t'aurai toute la vie attendue
Il est trop tard pour espérer enfin t'atteindre
Je n'aurai pas trouvé les mots tout
N'aura semblé qu'un murmure un étouffement de cris
Je ne t'aurai donné que ce chant avorté de moi-même
Tu n'auras pas entendu ni personne
Entendu le battement en moi de ce grand oiseau rouge
Je n'aurai donc été vers toi qu'une phrase sans fin
Il est trop tard et caetera
Mais même si même alors même comme
Un chien qui cherche en vain son maître et traine
Une chaine arrachée
Même sans espérance
J'arrive au bout de ce voyage au moins
Portant toujours semblable cœur sanglot semblable
J'écoute en arrière de moi sur la route
Ce bruit de toi blessé ce bruit bleu ce bruit blanc
Ce bruit bluté de blé ce bruit redoublé
De toi par où nous fûmes
Et je tends encore une fois mes bras de fumée.
Merci Bakou ...
Quand lit le poème qui dit qu"il est trop tard pour enfin espérer t'atteindre", un nom apparait dessus qui fait croire qui peut laisser penser que c'en est l'auteur.
RépondreSupprimerMais ce poème est de Louis Aragon, et il aurait été bien de le signaler.
A part, je suis plutôt content de voir, malgré le silence des médias et des intellectuels qu'on voit passer sur les ondes, que la poésie et Aragon sont toujours lus.