jeudi 31 mars 2016

ANDRE PARISOT AU CELLIER A REIMS OUVRE LES PORTES DE SON IMAGINAIRE

C'est avec un grand plaisir que nous sommes allés en famille découvrir l'exposition d'ANDRÉ PARISOT au CELLIER.
Ses spectacles nous les avons tous vus dans le cadre de Meli'Môme et revoir installations,  personnages, décors fut très émouvant.
ANDRÉ PARISOT est un homme aux multiples talents, et nous avons aussi découvert ce qu'il appelle ses grabouillages à la mine de plomb et au stylo ainsi que des œuvres créées avec des objets glanés
au grès de ses promenades.

Seul ou en famille vous avez jusqu'au 2 avril pour découvrir cette exposition !

 


"Cela commence toujours par « un presque rien », un reste, un reste de ce que nous ne voulons plus.
Ramassé par hasard, sur un « coup de foudre ».  Et ce trois fois rien a « une présence », je ne sais pourquoi mais je sais que... parce que... parce qu’Il – le reste – m’apparaît comme une rareté, une existence usée, une histoire maintes fois recouverte, pour rester digne, avoir l’air. Des aventures secrètes ou intimes que je serai seul à inventer, à « mettre en scène » dans le silence, car les confidences des « bouts de rien» ne passent pas par les mots. Elles se raconteront à moi parce que je les cherche comme une nécessité de me nourrir de l’enfant disparu qui s’imaginait découvrir le pôle Nord en éventrant un édredon. Il s’agit d’aller à la rencontre de ces « petits riens », de garder de la distance, d’être délicat avec leurs blessures, leurs usures, leurs histoires apparentes ou réinventées. Objet rescapé, c’est lui le départ, château de cartes érigé avec précaution en marchant le nez en l’air, le nez en bas, à tâtons. Partir de l’objet pour parvenir au sujet... mais lequel ? Musique silencieuse que chacun s’inventera. Penser un monde."
























EXPOSITION OUVERTE
TOUS LES JOURS DE 14H à 17H
JUSQU'AU 2 AVRIL 

FESTIVAL MELI 'MOME 

LA BIO D'ANDRE PARISOT 

mercredi 30 mars 2016

ALAIN ARNEODO ET MICHEL LEROUX : 22 ANS DE CORRESPONDANCE


Le 21  mars 2016 ALAIN ARNEODO a eu la gentillesse d'écrire, à ma demande, pour les Grigris un texte sur l'ART POSTÉ.
J'ai demandé au collectionneur et grand amateur d'Art Brut MICHEL LEROUX, qui entretient avec lui une correspondance suivie depuis 1994,  quelques visuels des magnifiques enveloppes d'Alain.

Entre l’amitié et la lettre

"Pour moi, l’art posté, c’est-à-dire les enveloppes illustrées, ce n’est pas l’étalage de dessins, de collages destinés à un public. Je préfère que ce soit « l’art posté » pour un ami, pour lui dire qu’on l’apprécie au point d’ajouter au message écrit un autre message, une illustration pour faire plaisir. Cela forme un tout.
L’enveloppe illustrée va devoir traverser des épreuves : l’oblitération (plus ou moins violente), les manipulations diverses, la mise en paquet (ah ! ces maudits élastiques qui, parfois, entaillent le papier…), le voyage, le dernier tri, la distribution. Je n’oublie pas de signaler que cette pauvre enveloppe sera parfois soumise à la météo : la redoutable pluie qui efface ou mouille méchamment l’adresse et l’illustration…
Ces épreuves n’épargnent personne : telle enveloppe d’un « grand » artiste se verra traitée de la même façon que le courrier administratif ou publicitaire. Elle fera partie de cette masse incroyable de choses véhiculées par la poste.
Je pratique l’amitié illustrée et postée depuis vingt-cinq ans et jamais je n’ai eu à déplorer un seul vol. Je salue et remercie les postiers pour leur honnêteté.
A notre époque où l’on parle beaucoup au téléphone, où on communique grâce à l’ordinateur, je souligne l’aspect « manuel » de ce type de correspondance. Un archaïsme, presque…
L’art posté se mérite. Un échange présuppose du respect, de l’attention, voire de l’admiration.
Une exposition d’art posté peut dévoiler le jeu de toutes les libertés : un relâchement subtil, des cadavres exquis, des feuilletons, des pastiches, un érotisme coquin, etc …
Une enveloppe illustrée ressemble à une façade qui annonce déjà le contenu de la lettre."










 









mardi 29 mars 2016

GERARD SENDREY VU PAR DENIS BILLAMBOZ
















" Je connaissais le crayon de Gérard Sendrey pour avoir apprécié les illustrations incluses dans le dernier recueil d’aphorismes de son éditeur, Jean-Louis Massot, « Sans envie de rien », mais j’ignorais qu’il avait aussi une plume et même une belle plume. Dans cet opuscule qui hésite entre témoignage personnel sur la vie qu’il a menée et essai sur la façon d’appréhender la vie pour en tirer profit, on pourrait voir une sorte de livre testament mais de testament fragmentaire car l’auteur aura encore l’occasion de préciser certains points de sa pensée dans des publications à venir. Il ne peut abandonner ses lecteurs alors qu’il vient seulement de comprendre la signification de ce qu’il chantait il y plus de cinquante ans.
« Je suis heureux d’exister et de déguster en des moments d‘émotions profondes cet amour de la vie que je chantais, il y a plus de cinquante ans, grâce à Eddie Constantine, en prononçant des paroles dont je n’ai compris qu’à l’orée de ma quatre-vingt-huitième année la signification d’un passage capital de son contenu : «  J’ai fait mon paradis sur la terre, et la paix règne au fond de mon cœur, et vraiment, si c’était à refaire, je serais pour garder le bonheur… »
Enfant né au mauvais moment, un peu trop tard pour réjouir des parents qui le laissent orphelin trop vite, juste assez tôt pour pâtir des affres de la dernière guerre. Enfant turbulent qui éprouve le besoin de se distinguer pour prouver son existence. Enfant nourri de bondieuserie par la tante bigote chargée de son éducation. Enfant complexé parce que ses parents ne se sont pas préoccupés assez tôt de son bénin problème sexuel. Enfant qui entre dans sa vie d’homme avec ce qu’il a découvert pendant et après la guerre, notamment l’antisémitisme et la shoah qui l’ont profondément marqué. Adulte, il comprendra vite qu’il ne faut pas confondre certitude et croyance, la religion restera un élément essentiel de sa vie.  Il dit toujours qu’  « Il y a pour moi trois mots synonymes dans notre langue française pour désigner la même notion relevant de l’inconnu … ces trois mots significatifs de données indéfinissables sont pour moi Dieu, la vie, le mystère »
Devenu plus âgé, il attribue à sa part féminine dont il avoue l’importance sans jamais avoir été tenté par des aventures homosexuelles, une meilleure compréhension des nombreuses femmes qui évoluèrent souvent platoniquement dans son entourage, et une meilleure appréhension de la vie qu’il a fini par trouver belle lorsqu’il a admis qu’il fallait s’aimer soi-même pour pouvoir réellement aimer les autres. Le titre de l’ouvrage devient alors un véritable credo, il faut aimer la vie, la vie qu’on a en soi pour pouvoir aimer les autres et vivre pleinement son existence.
Au soir de sa vie, il aborde aussi le thème du libre arbitre, du déterminisme, de l’acquis et de l’inné, il ne croit pas au hasard, « Le hasard n’existe pas et la vie se charge d’organiser les différentes existences à sa façon », pas plus en l’humanité : « Une reconnaissance capitale des insuffisances de l’homme,…, qui ne pourra jamais comprendre son propre fonctionnement corporel et intellectuel dans les diverses parties de son corps… ». Comme Pascal Mercier le démontre dans « Train de nuit pour Lisbonne », il croit lui aussi que nous possédons en nous une quantité de vies potentielles dont nous ne menons qu’une infime partie. Cependant lui croit que les lois qui régissent l’univers se chargent d’organiser l’existence de chacun alors que Mercier laisse cette mission au hasard le plus pur. Tous les deux pensent que nous développons les talents vers lesquels nous sommes orientés mais que nous pourrions en développer beaucoup d’autres et mener des existences très diverses.
Dieu, la religion, la bêtise humaine, le hasard, les forces supérieures inconnues, la perspicacité féminine … toutes les préoccupations qui ont conduit Gérard Sendrey à prendre modestement la plume car, comme nous l’a appris Queneau, on peut bien écrire sans être écrivain et sans vendre des montagnes de livres, pour nous faire partager son credo en la vie qui coule dans nos veines et qu’il faut aimer pour pouvoir aimer les autres."

lundi 28 mars 2016

LES MOSAIQUES D'EVELYNE DANTEL



Certaines personnes arrivent à sublimer les moments difficiles de leur vie.

C’est le cas d’Evelyne Dantel qui, par deux fois, a été mise à l’épreuve et a su trouver dans la mosaïque bonheur et réconfort. 

Tout a commencé en 2011. Une idée s’est imposée à elle « Il faut que je fasse quelque chose sur cette maison ». Une envie, un besoin, une pulsion. Elle a commencé avec des coquillages et des chutes de carrelage. Elle avoue qu’elle ne connaissait pas Gaudi et qu’elle ne connaissait rien à la technique de la mosaïque. 

Les thèmes sont figuratifs (arbre, chien, bouquetin) mais pas toujours (arabesques, spirales).  Elle dit qu’elle n’a pas de message, pas d’idées à défendre
Evelyne ne fait pas de croquis et ne sait pas lorsqu’elle commence vers quoi elle va, elle veut que cela reste spontané «  je casse les morceaux au marteau et je me lance ».

« Je suis impatiente, je ne peux plus m’arrêter, je n’en reviens pas, cela ne me fatigue jamais, je ne suis jamais en difficulté, ce n’est jamais compliqué » sont des mots qu’elle utilise lorsqu’elle parle de son travail. 

Contrairement à Robert Vasseur qui, parti d’un évier, a peu à peu envahi tout l’espace intérieur puis son jardin, Evelyne est partie du dehors mais songe très sérieusement au dedans (elle vient de mosaïquer un meuble d’angle !)

Au tout début Evelyne tenait ses créations secrètes, maintenant elle a envie de partager, de faire visiter son jardin, de rencontres.
En juin, lors des journées des jardins, elle ouvrira sa maison aux gens de son village et aux visiteurs.
« Dans 5 ans ce sera encore mieux » ! 
Le jardin d’Evelyne Dantel est un lieu en devenir.
 Qu’on se le dise !



















 

 

 

 


 

Et pour accompagner ces photos un texte écrit par EVELYNE pour les Grigris  pour expliquer sa démarche :



Les petits jardins d’Eve

La mosaïque ou l'art de recoller les morceaux ....



J'ai toujours aimé créer à partir de matériaux de récupération. Enfant, je fabriquais des animaux, de petits personnages, des maisons de poupées avec des papiers, du carton, des emballages, de la laine, des chutes de tissu, de bois ou de métal.

Comme j'aimais également dessiner, à l'âge adulte, j'ai pris des cours, et notamment avec l'artiste Giuseppe Collara.

J'ai réalisé quelques expositions où mes tableaux, peints aux pastels à l'huile, représentaient essentiellement des chevaux.

La rencontre avec la mosaïque est plutôt étrange et inattendue. Devant la tristesse et l'uniformité des murs gris de ma maison, j'ai ressenti un fort besoin d'y ajouter de la couleur et de la diversité. L'idée de la mosaïque  s'est imposée à moi, je ne l'ai pas cherchée !! Spontanément et intuitivement, j'ai eu envie  de coller des coquillages, des galets, des chutes de carrelage, de la vaisselle cassée, des émaux... Les amis, les collègues, les voisins m'apportent leurs « déchets », tout ce qu'ils avaient prévu de jeter à la déchetterie...

Et la grande aventure commence...

 J'ai commencé par créer un soleil en forme de visage et depuis ce jour je n'ai jamais pu m'arrêter ! Coller et coller...Après avoir mosaïqué  les murs et les sols extérieurs, j'ai commencé à investir l'espace autour de la maison, avec l'idée de créer de « petits jardins » comportant un thème pour chacun. Des sculptures et divers objets mosaïqués y prennent place.

 Coller, toujours coller...mais aussi  recoller  les morceaux... Les morceaux de quoi ? De ma vie, de mes chagrins, de mes amours déçus, de mes manques, de mes pertes, de mes vides, de mes angoisses, de mes espoirs, de mon désir de vivre...

Recoller les morceaux pour survivre, pour transcender les ténèbres en lumière !

Une fois collé, c'est bien collé ! Ça ne partira pas ! Ça restera ! Pas question de revenir en arrière, c’est fait et ce n'est pas à refaire ni à défaire... Un seul chemin : avancer et toujours avancer plus, au gré des nouvelles idées...



Quel chemin parcouru en presque cinq années... Que de doutes et d'hésitations dépassées, de regards critiques...



Quel espace de liberté et de vie ! Quel souffle et quel mouvement! Espace d'intimité et en même temps oeuvre collective puisque tout est réalisé avec des morceaux de vie de chacun : des huîtres ou des moules récupérées après un repas de Noël d'une amie, du carrelage d'un voisin qui débarrasse sa maison, des galets ramassés au bord de mer lors de vacances familiales, des émaux récoltés sur un site avec l'aide d'un ami fidèle, etc etc !

Jamais je ne m'ennuie ni me lasse quand je mosaïque, c’est un espace intime hors du temps, en suspends, comme un silence ou une méditation, une respiration, un espace sans limite qui me permet de me recentrer sur l'essentiel.

Quand je débute une mosaïque, je ne sais jamais ce que je vais faire à l'avance, je laisse aller, les gestes émergent d’eux mêmes, je me laisse guider, c’est comme une danse.





Quand j'ai commencé cette aventure, je n'avais aucune « culture » artistique, je ne connaissais même pas les œuvres de Gaudi ! Ce sont mes amis qui ont ouvert mon esprit et mon regard !

Aucune technique particulière, je n'ai pas appris, je ne me suis pas documentée, je ne me suis inspirée de personne. J'ai fait, tout simplement, sans me poser de questions !

Un jour, on m'a dit «  tu fais de l'art brut ! ». Ah bon !!! Alors j'ai commencé à me renseigner... Picassiette, le  palais du facteur Cheval, la cathédrale de Linard  etc ! Quel bonheur !

Je n'ai pas de message particulier à faire passer au travers de mes créations ( quelle prétention ce serait pour moi !), juste un partage, une émotion, un regard, un sourire...

Aujourd'hui , je me  sens libre de créer et de partager mes créations !

Alors bienvenue dans mes Petits Jardins !



 RETROUVEZ EVELYNE SUR FACEBOOK ICI 


Pas très loin de La Charité sur Loire dans la Nièvre....