mercredi 24 août 2016

DANS L'ATELIER DE SABRINA GRUSS



Sabrina Gruss, glaneuse magnifique,  explore les sous-bois à la recherche de crânes, de coquilles vides, d’écorces et de bouts d’os, de dépouilles aussi qu’elle enterrera en attendant patiemment leurs décompositions et le blanchiment des os.
On peut être amoureuse de la vie et du vivant et aimer passionnément les os. Sabrina Gruss est une magicienne puisqu’elle a choisi de redonner vie à un peuple de squelettes, une alchimiste qui « honore » les os qu’on lui a confiés. « Enterrer, déterrer, recomposer, remettre debout pour jouer et sourire à nouveau ».
Chacune de ses créatures porte en elle une histoire secrète qui se mêlera à la sienne. C’est une danse avec la mort qui n’a rien de morbide mais qui reste totalement ludique, ballet funèbre et cocasse à la fois, personnages mi-sourire, mi-grimaçants.
Dans son atelier-laboratoire, elle se livre à de surprenantes résurrections et réalise des mises  en scène tendres et burlesques à la fois. Elle donne des noms étranges à son  insolite galerie de portraits : Soupe à la Grimace, Petit Rictus, Chien jaune, la Folle du Six fois Neuf, Tête Morte, Gueule Noire, Franc Débris, les Sœurs Trouées et la veuve Remugle.
Lorsqu’on découvre les sculptures de Sabrina on est partagé entre attraction et répulsion, on est totalement fasciné par ce mélange détonnant  et dérangeant, par l’humour grinçant de ce bestiaire tendre et ironique.
 
Sabrina Gruss a su sublimer l’inacceptable et nous aide à jeter un œil apaisé sur nos terreurs d’enfant.




















SABRINA GRUSS VUE PAR JACQUES, SON FRÈRE :

"Sabrina fut sommée de venir au monde au début du mois de février 1958 dans le 12e arrondissement de Paris. Elle pose à cette occasion son premier acte de résistance aux forces de la nature et elle ne se rendra qu’aux forceps. C’était moins d’un an après la naissance de son frère.
Par la suite, leur yiddish mama tenta bien de les dévorer afin qu’ils réintègrent l’endroit d’où ils n’auraient jamais dû sortir… En vain.
Son frère fut à l’origine un modèle. Non pas qu’il fut exemplaire mais cet être singulier et dissymétrique était debout et se mouvait grâce à un assemblage de cuir, de fer et de bouts de ficelles ce qui était fort admirable… Et mystérieux car elle avait le sentiment d’être la seule à constater ce phénomène tant était puissant le déni qui rendait muets ses parents.
Mais tout commença vraiment au début des années soixante, lorsque leur père crut enfin réussir à séparer ces espèces de siamois en leur intercalant une petite sœur qui vint très vite se nicher entre eux.
Ils étaient parvenus à réinterpréter l’espace familial, très petit et menaçant, en un monde exaltant et sans limite tant l'imagination de Sabrina déjà était féconde. Seulement voilà, comment intégrer cette nouvelle personne, si différente et tellement vulnérable, étrangère à la culture échafaudée entre eux deux ?
Alors pour cette petite sœur, elle se mit à déconstruire et recomposer toute la matière environnante : les poupées cassées, les bouts de tissus, les bafouillages de bandes dessinées, les jeux incomplets et dépareillés (et beaucoup d’autres choses que sa mère ne retrouva plus jamais). Ainsi, elle lui inventait une pédagogie de la réalité d’à côté, la vraie, celle qui, en proposant un autre regard sur le monde, dévoile sa vérité et offre une chance de le saisir.
Beaucoup plus tard, au début des années 80’, ses professeurs des bozars d’Avignon lui expliqueront ce qu’est l’intention artistique et elle réalisera alors que les études permettent de comprendre ce que l’on a appris il y a très longtemps.
Mais revenons aux années 60’. Ne croyez pas que Sabrina racontait des histoires à sa sœur. Non, non ! Elle lui expliquait le monde et en nommait les créatures. Ainsi prirent corps Le Babayou, Sandrépoupou, Titou son double et autres Krabichnouk… personnages effrayants pour le commun des mortels qui s’arrêterait aux apparences ; autant d’anges gardiens pour ceux qui savent les apprivoiser.
Vous comprenez maintenant que ce que vous croyiez être des œuvres d’art sont en réalité des moyens d’invocation. Et merde ! j’devais pas l’dire !"



LE SITE DE SABRINA

UN AUTRE LIEN

CHEZ BÉATRICE SOULIE 

RETROUVEZ SABRINA SUR FACEBOOK 

UN LIEN

 CHEZ CLAIRE CORCIA

GALERIE NICOLET

DES PHOTOS

SUR PINTEREST 

(cliquer)




( photo Sabrina Gruss)


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