jeudi 2 mars 2017

ANNABELLE GUETATRA


Nouvelle découverte !

Scènes récurrentes, fantasmes répétés, esquisses brûlantes, histoires ébauchées mais qui font sens dans notre imaginaire ... je suis fascinée par l'audace d' ANNABELLE GUETATRA.
Et j'observe chaque dessin avec une rare attention, l’œil s'attarde, s'effraie, effroi et douceur se mêlent....


Les contes énigmatiques d’ Annabelle Guetatra
 
"Elle a des doigts de fée Annabelle Guetatra. De quelques coups de crayon, de quelques touches de couleur, la jeune femme de 25 ans diplômée de la Cambre qui a reçu trois prix d’affilée - prix de la Vocation, prix Rousseau à Ixelles et Prix de la Communauté française catégorie peinture et dessin - crée un monde en soi.
Ses dessins mystérieux mettent en scène des corps avec un fantastique sens du mouvement nous invitant à entrer dans la danse dont elle seule connaît les pas. Au premier regard, les personnages s’animent, l’histoire toujours saisissante surprend et nous plonge dans un conte à l’issue imprévisible. Annabelle excelle dans l’art de l’esquisse.
Ses traits qu’on imagine glisser sur le papier bruissant sont teintés d’une spontanéité tout en sobriété que contredit l’aboutissement de l’œuvre. Si la technique du dessin est incroyablement maîtrisée révélant une utilisation de l’espace où le vide a autant de sens que le plein, il persiste une impression glissante, de l’ordre de la pulsion. Dans les petits formats, l’histoire se concentre, se densifie, dans les grands, les jeux de transparence intensifient la sensation hypnotique d’irréalité et de flou.
Les dessins d’Annabelle Guetatra sont tout en paradoxes.
Comiques et tragiques. Tempérés et excessifs. Sobres et frivoles. Délicats et tranchants. Vivants et morbides. Poétiques et effrayants. Les personnages qui peuplent ces mondes inquiétants proviennent de contes, de légendes, de mythologies, de l’imaginaire nourri de voyages de l’artiste. Les protagonistes, hommes et femmes, côtoient des animaux, poissons et oiseaux et, ça et là, des objets de la vie courante, une boîte, une chaise, un robinet. Il y a de la beauté dans ces œuvres où la couleur employée avec parcimonie éclate comme la joie. Il y a de la répulsion aussi.
C’est là l’essence de l’art d’Annabelle Guetatra : jeter un peu d’effroi mais avec douceur.
Sans qu’on s’y attende, il y a toujours quelque chose qui pique et épouvante suscitant un savant sentiment de léger dégoût mais surtout de fascination chez le spectateur érigé en voyeur. Car les personnages de ces dessins apparaissent souvent au plus près de leur animalité. Nus, ils prennent l’attitude de poules picorant en cœur, de poissons, de grand méchant loup, et se transforment, l’un voyant ses ongles démesurés devenir griffes, l’autre sa chevelure évoluer en dense végétation. Ces hommes et femmes s’entre-dévorent, se goûtent, s’enlacent, mêlent leurs corps. L’érotisme se faufile avec malice dans la majorité des dessins. Si le domaine du conte et la technique du crayon à papier appartiennent à l’enfance, les fantasmes, eux, font incontestablement partie de l’univers adulte.
Angoisse, désir, tristesse, sexualité transparaissent dans les jeux de ces personnages tourmentés.
Tout est jeu dans l’œuvre d’Annabelle Guetatra où des figures fantasmagoriques et enchantées qui semblent s’entraîner dans une ronde incoercible s’enfoncent dans la perversion. L’univers, pourtant, n’est pas sombre, il en ressort même une certaine joie de vivre, une jouissance espiègle pleine de non-dits. Insaisissables, les dessins oniriques restent énigmatiques car si les personnages nous chuchotent leurs histoires à l’oreille, ils ne livrent pas tous leurs secrets.
A nous de découvrir, de nous émerveiller, d’ouvrir grand nos yeux !"
Camille Perotti, 2011.


VOICI UNE SÉLECTION DE VISUELS ...
 DE 2016 A 2009 ...













"Les femmes d’Annabelle Guetatra se jouent du monde. Parées de masques et de plumes elles mènent la danse et leur corps libéré bat la mesure, dans un grand éclat de rire. Cruelles ou bienveillantes, elles s’amusent et jouent des rôles. Ses femmes sont parfois des amantes alanguies, rêvant d’amours tentaculaires et d’unions mythologiques. Menues et juvéniles, elles sont pourtant toutes-puissantes, car si elles s’offrent, elles restent indomptables. Un instant douces et caressantes, elles redeviennent dare-dare des succubes aux mille arrière-pensées, un fantasme inaccessible, une énigme. A travers ses créatures dessinées qui débordent d’ironie, Annabelle Guetatra révèle le ridicule –attendrissant– du jeu de la séduction, la médiocrité –aimable– des grands sentiments, la précarité –délicieuse– de nos amours. Elle expose nos vanités. Et elle nous pardonne."
Justine Jacquemin, 2015. Galerie d'YS.








"Incisif, léger, coupant comme une lame, le dessin d'Annabelle Guetatra (Bruxelles, 1985) poursuit l'introspection du Moi de cette artiste qui aime raconter des contes énigmatiques. La couleur, -toujours le rouge-, souligne ces encres, fusains et crayons qui taille la part belle à l'effroi, mais avec douceur."
Dominique Legrand, Mad/Le soir - 28 mars 2012.




"Il est des jeux qui ne se jouent que dans la pénombre... Les personnages d’Annabelle Guetatra jouent à saute-mouton, font la bête à deux dos, voient le loup, donnent leur langue au chat quand ils ne la tirent pas, et ils attribuent à leurs jouets en peluche des vies secrètes d’aventure et de conquête. On est dans la pénombre d’une chambre d’enfant à l’heure de la sieste, ou juste avant, quand la réalité se mêle doucement aux rêves déjantés de l’âge tendre, dans lesquels les objets inanimés ont une vie propre. Dans les coins d’ombre, un rien est le départ d’une histoire qui met en scène figures et objets familiers dans de rocambolesques épopées."
Justine Jacquemin, 2016.Galerie d'YS.











Guetatra au pays des merveilles

"L’art est un voyage. Quotidien, rêves et fantasmes, réalité transcendée… L’artiste donne corps et âme à ses quêtes insolites.
Merry go Round" : Annabelle Guetatra et ses dessins à rêver debout nous interpellent depuis trois ans. Depuis deux premières expositions, à l’Iselp, à la Galerie d’Ys qui, depuis, lui sert de vitrine dynamique. Or, reflets sans doute de découvertes mexicaines et indiennes, cette même Guetatra tout feu tout flamme, dessin qui vole et s’affranchit de l’univers, profile en ses feuillets passions et extases, l’érotisme en embuscade.
Un insolite galopant occupe l’espace de la B-Gallery comme jamais aucun jeune artiste invité ne l’avait fait avant elle ! Elle n’est, il est vrai, plus une néophyte et ses années de parcours, de Bruxelles à Paris, l’ont rompue aux exercices sans filet. Annabelle Guetatra agite les sursauts de l’inconscient, nous emmène, nous enlève littéralement, en son monde enchanté par contes suggérés, dessinés, fantasmés, la meilleure face de son vrai et rafraîchissant talent. Pourvu que rien, jamais, n’infléchisse ardeur ni trouvailles, audaces et danses du crayon sur papiers au vent !
La conquête frappe dès l’abord, ses personnages volants, nus et agiles emplissant, de leurs envols, les baies vitrées d’une galerie reconvertie en antre pour feux follets. Première et accaparante sensation d’un bonheur qui s’annonce bien. Et prend le large quand, à l’intérieur, l’imprévu vous y saute au nez en chaque recoin. Couleur, fantaisie, allégresse, air d’ailleurs. Du Guetatra tout plein, tout bon, tout cru, assaisonné de fantaisies d’autres mondes, sacrales et fantasques, la magie de la déraison s’y accordant à l’irrationnel des magies. Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll réinventé, une Annabelle au royaume des anges rebelles ? On ne sait où donner de la tête. Il y a là de superbes nouveaux dessins, insolites, vêtus d’ors, de parures de vie. Du film d’animation.
Il y a toute une série de masques, grands, petits, têtes rondes avec ou sans yeux, taches multicolores, mirages d’empires et d’aventuriers réincarnés. Moulés à la main et peints d’un doigté de fée. Et puis, il y a, trésor exquis à mouvoir d’une patte blanche, émotion au garde-à-vous, sa belle histoire en cinq tomes géants : "Le manège du fou" sur un récit tout en marges et illuminations de sa sœur, Kahina Hassani. Le beau travail de quatre mains ravies. Folie ultime et songe pour nuit d’automne, vous en tournez les pages, qui vont, viennent et volent, de droite à gauche ou vice-versa, parfois des deux côtés à la fois. Alors, surprise : des musiques, des bruits, des silences même s’en viennent à vous, page après page.
Livres pop-up, feuillets rêvés, jeux de dames éprouvés, sortilèges de saison, émotion et fausse candeur de l’image, des mots et des sons. Guetatra a, une fois encore, frappé ! Surprenant, décoiffant, amusant, subtil, diabolique silence d’images venues du fond de l’âme d’une artiste. Des histoires à dormir émerveillé. Du Guetatra au pays des mille et une nuits. A voir dès le saut du lit !"

Roger Pierre Turine - LaLibre Belgique du 07/11/2012.

LE SITE DE L'ARTISTE

UNE INTERVIEW DE L'ARTISTE 

LA GALERIE D'YS 

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