mardi 14 mars 2017

FRANÇOISE CUXAC : QUELQUES OEUVRES


 De nouveau sur les Grigris d'aujourd'hui un texte de Jean-Louis Clarac sur l'oeuvre de
FRANÇOISE CUXAC





















L’œuvre
Une œuvre quelle qu’elle soit lui demande beaucoup de temps en raison de la minutie et de la lenteur du processus d’élaboration. La corrélation entre la minutie et la lenteur et la délicatesse de l’objet fini est évidente. Il ne s’agit pas  d’un travail à l’emporte-pièce mais au contraire d’un travail méticuleux, délicat aussi bien dans le procédé que dans l’assemblage des matières employées. Les matières sont de diverses provenances : animales – os, plumes, peaux ; végétales – feuilles, graines, tiges ; minérales – galets, sables ; objets résiduels des activités humaines : tissus, fers, plastiques, verres, photographies. Mais il ne s’agit en aucun cas de les juxtaposer. Toutes ces matières entre ses doigts deviennent autre chose. C’est cette autre chose mystérieuse et familière au cœur de l’objet créé qui fait d’elle une artiste.

Françoise est constamment en recherche et en trouvaille de forme, de fond, de support. Un globe, une boite, un collage, une sculpture, un bas-relief, une peinture, un dessin révèlent à la fois l’unité de ses créations et leur diversité.  Elle ne répète pas, elle ne reproduit pas. Elle innove. Chaque pièce est unique, différente des autres et en même temps constitutive de son monde. De sa vision du monde. Depuis près de 20 ans qu’elle est entrée dans le monde de l’art comme créatrice Françoise construit un univers reconnaissable. Que suggèrent, ou disent plus de deux-cents œuvres environ créées à ce jour ? Elles évoquent, elles présentent, elles affirment une intention : métamorphoser, transformer les éléments de la nature, les objets en une unité originale qui est le dépassement de tout ce qui les constitue. Et qui aussitôt fait sens. Qui touche aux fondamentaux des êtres vivants. La vie, la mort, la mémoire, le temps. Elle fige l’érosion des matières et redonne du temps, de la vie –symbolique – aux innombrables choses de la nature et aux objets  fabriqués. Elle retarde leur disparition, en cela elle devient démiurge. Elle détourne ce qui a vocation à disparaître, elle vole au néant ce qui paraît s’y être perdu. Par exemple elle sauve de l’oubli  des cartons de brocanteurs les photographies  de femmes et d’hommes ; portraits de l’humanité auxquels elle donne un second souffle.

Certaines des pièces créées par Françoise sont des cabinets de curiosités. Elle a même donné ce titre à l’une d’elles. En fait chaque œuvre participe d’un immense cabinet de curiosités, s’agence dans l’ensemble, y trouve son espace au point que l’atelier lui-même est un immense cabinet de curiosités.

L’art de Françoise est œuvre de conservation et d’imagination. Les deux sont inséparables. Elle conserve la mémoire des êtres et des choses. Elle imagine ce qu’ils sont et deviennent. La transformation et la métamorphose sont les signes de son univers artistique.



1 commentaire: