LES GRIGRIS DE SOPHIE: " JACQUES REUMEAU ET SES AMIS" AU MUSEE DE LA PERRINE A LAVAL

J'avais découvert une oeuvre de Jacques Reumeau l'an dernier à la Perrine ( ICI ) mais de lui je ne connaissais rien...

Cette année l'association CNS 53 (Création Naïve et Singulière en Mayenne) met JACQUES REUMEAU à l'honneur et témoigne des amitiés picturales qui ont jalonné la vie de l’artiste.
Bravo à, Marc Girard et Jean-Luc Mady pour la conception et la réalisation de l'exposition, à Jean-Claude Leroy et Jean-Christophe Lerouge pour la maquette du catalogue, à André Lemaitre et Jean-Jacques Cousquer pour le crédit photographique et enfin à Michel Leroux pour son oeil expert!

Marc Girard connaissait l'artiste, il a déjà présenté son travail plusieurs fois mais, fait nouveau, il a choisi de montrer aussi le travail des amis de Reumeau : Barbâtre, S. Blanchard, J.-P. Bouvet, J.-LCerisier, M. De Selva, J.-E. Fouchault, A.Lacoste, P. Le Cour, Ph.Le Gouaille, S.Nitkowski, J.-J. Sanfourche, R.Tatin, H.Trouillard.
"Jacques habitait sa ville, Laval, son "pays", autant qu'il en était habité. Non loin, à Cossé le Vivien, la Frénouse de Robert Tatin lui offrit l'occasion de participer à un élan créatif collectif, et d'y sceller de fidèles amitiés. La mise en espace veut témoigner de ce contexte artistique dans lequel il baignait dans les années 70, marqué par un intense brassage des idées et une grande liberté, héritage du Douanier Rousseau et d'Alfred Jarry...." écrit Marc Girard dans le catalogue de l'exposition.

Les tableaux proviennent du Musée de Laval, du musée Robert Tatin, de la Coopérative Céres Franco et de collections particulières (celle de Michel Leroux appelée "L'art obscur", de Claude et Vincent Bouvet, de Jean-Michel David, de Juliette et Virginie Fouchault et de Mosca de Selva).

Le lieu d'exposition, je l'avais signalé l'an dernier, est remarquable avec de belles salles et un grand salon en rotonde muni d'immenses miroirs.
"L'espace d'exposition se repartit sur quatre salles principales. Chacune d'entre elles propose un climat thématique, des œuvres de Remeau d'une même époque. Celles-ci conversent avec celles de ses pairs, pour certaines tout à fait récentes."

J'ai eu une grande émotion en découvrant " le noir convulsif des fusains, la clairvoyance des pastels"et les flamboyants rayonnements à la Odilon Redon. J'ai aimé les quatre pastels de la rotonde, " l'homme poisson" et les deux pastels sans titre de la troisième salle et eu un coup de coeur absolu pour "L'ange et les planètes" et " Le monde fantastique des oiseaux".

" En quoi cette peinture nous regarde-t'elle aujourd'hui ? L'épaisseur du temps récent ne fait pas obstacle à sa force, il la décante, intacte" " constate Gérard Bodinier.
Toujours dans le catalogue on peut lire cette phrase de Jean-Louis Cerisier: " Il se demandait s'il n'allait pas tomber dans un total oubli. C'était la chose qui l'angoissait le plus".
Marc Girard et l'association CNS 53 peuvent s'enorgueillir de faire œuvre de mémoire en présentant des tableaux rarement sortis des réserves et peu connus du grand public.
Cette exposition réjouirait Jacques Reumeau c'est sûr !

" La peinture s'est emparée d'un homme, elle fut son démon et son exigence" nous dit Gérard Bodinier "et face à elle nous sommes comme ces oiseaux géants, dans l'un de ses premiers fusains, émerveillés autour d'une pianiste, dont ils sont le rêve comme elle est le leur, quand s'impose la clarté obscure des évidences et des mystères"
Nous sommes, tout au long de cette visite, plongés dans cette dualité : entre vision tourmentée et vision lumineuse.
Une chose est sûre, j'ai fait à la Perrine une magnifique découverte et j'espère que cette œuvre trop peu connue sera présentée à Montolieu ou dans d'autres musées.
Cette exposition m'a donnée envie de lire le mémoire de Maîtrise qu'Estelle Soleillant rédigea en 1999-2000. Ce mémoire, cité dans le catalogue, présente une synthèse de la vie, de l’œuvre et de l'environnement artistique de l'artiste et propose aussi des propos recueillis auprès de personnes ayant côtoyé Jaques Reumeau.

Bref, cette année encore, un très bel accrochage et une exposition à ne pas manquer !