samedi 11 novembre 2017

DANS L'ATELIER DE CLAUDINE GOUX






De nouveau lors de ce PÉRIPLE 2017 la joie de revisiter CLAUDINE GOUX, de partir à la découverte d’œuvres nouvelles, de découvrir sa nouvelle presse, son travail sur emballages et ses figurines chères à mon cœur,  le plaisir de la voir au travail ...
Pour accompagner mes photos et celles d'Apolline, c'est à Martine Lamy, son amie artiste, que je donne la parole aujourd'hui  ...



























(Photos Sophie et Apolline Lepetit)

Claudine Goux ou l’invitation au voyage
Voilà quelque temps déjà, tu t’es installée à l’extrême pointe de l’estuaire. Humer les embruns, parler aux bateaux, écouter les phares, percer le mystère des vagues scintillantes, caresser la peau de l’océan et recueillir les enfants qu’il rejette après les avoir longuement bercés, ausculter le littoral et prendre le pouls des sirènes… toi, la doctoresse qui a troqué le caducée d’Esculape pour le volumen de Calliope. La médecine est un art, la création, c’est entrer en paradis, loin des bonnes intentions dont on dit que l’enfer est pavé. L’esprit inventif, lui, sait « Donner du style à son caractère – c’est là un art considérable qui se rencontre rarement ! » (*). Bienvenue chez toi !
S’il était deux mots pour évoquer ton œuvre, je choisirais voyage et musicalité. Puis immédiatement après : profondeur et légèreté. Tu t’es longuement nourrie des cultures et des mythologies ancestrales, et tu savoures la musique, est-il besoin de le préciser ? Tu aimes aussi marcher sur les sentiers de traverse où l’herbe est « si verte qu’on dirait qu’elle est peinte à la gouache tous les matins ! » (**), des côtes royannaises à celles, beaucoup plus austères, des landes irlandaises, te laissant porter par le chant des quatre vents contraires chers à Dubuffet. Le voyage peut alors commencer. Il se déroule dans l’immanence des poètes. Tu es devenue leur muse, illustre. Et ils en redemandent. Voyant la clepsydre se vider, tu songes parfois arrêter d’illustrer des recueils. Mais il y a anguille sous roche. Je sais que tu ne resteras pas très longtemps loin de la fontaine de Jouvence.
Avec tes amies, Odile Caradec et Yvonne Robert, poètes chacune en son genre, vous êtes les reines de ce monde. Et les reines ne font pas grand tapage ni ne montent sur n’importe quel rafiot. Pour vous, descendantes du roi Arthur – qui écrivit en sa Saison : « La morale est la faiblesse de la cervelle » – c’est à la caravelle céleste que vous abordez pour nous conduire en terra incognita. Dans ton Arche, tu emportes tes créatures favorites : l’Ourse musicienne, l’Eventail à mouches, le Colosse de Rhodes, le Berger des oiseaux, les Fils de plume, l’Ombre du Minotaure, la Viole gambette, une Assemblée de fous, Le vieux pirate, l’Oiseau-bus, les Barbaresques en partance sur la mer des Sargasses... Et dans ta malle, tu ranges de somptueuses boîtes à rien et boîtattoos, des os peints et des statuettes aux probables vertus prophylactiques. Suivent un équipage de catamarans ébouriffés, des triptyques finement pyrogravés, sans oublier le Totem youyou, juste au cas où... pour passer le cap des quarantièmes rugissants.
Et en avant la grande symphonie… sauvage. Dentelière graveuse, joueuse de couleurs, aventurière, tu accostes bientôt aux rivages de l’Eau-forte. Et là, c’est une autre musique…Tu te lances, tu rates, tu râles. Tu recommences. Roulements de tambour, tintement de cuivres, morsure de l’acide. Jongleuse, acrobate, fil-de-fériste, en un tour de manivelle tu gagnes enfin ce numéro de haute voltige, avec l’élégance de la lutheuse libérée de la pesanteur. Musiciens, arlequins, danseuses et chanteuses, un instant figés, reprennent la fugue au milieu de cette éclaircie où l’Arbre joyeux abrite les joueurs de pipeau et de cornemuse. Tout est à nouveau à sa place, dans le grand désordre ordonnateur, et la caravelle va… pour suivre son Odyssée.
Un instant nous sommes entrés dans l’Or du temps. Avec légèreté et profondeur de… vole humaine !
Martine Lamy
(*) Friedrich Nietzsche, « Le Gai Savoir »
(**) Claudine Goux évoquant l’Irlande
écrit en octobre 2012



CLAUDINE GOUX ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

SUR LE HANG ART DE SAFFRE

SUR ARTPULSION

SUR L'ART TOUT SIMPLEMENT

CHEZ JEANINE RIVAIS

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