samedi 31 mars 2018

FRANÇOIS SCHMIDT AU CELLIER A REIMS





 Je connais FRANÇOIS SCHMIDT depuis 30 ans et j'avoue que j'attendais cette vaste exposition-rétrospective avec impatience.

Au fil des années les expositions se sont succédées (à l'Atelier Recto-Verso, à l'Opéra, à Epernay....) Il y eut aussi " Artistes dans mon jardin", les affiches Méli'môme, les dédicaces des livres.

Ce fut très émouvant de retrouver toutes les œuvres qui ont ponctué ma vie à Reims et de faire aussi de nouvelles découvertes.

Petit plus de cette impressionnante exposition, un film réalisé par Clément Simon, une ruche décorée par François, un masque de papier réalisé par André Fallon (le grand père de François) et mon coup de cœur, petites cerises sur le gâteau, des petites iles de bois dessinées à temps perdu durant l'année 2017 sur des cageots récupérés au Marché couvert d'Epernay.

Ajoutez à cela la présence quotidienne de l'artiste et le bonheur de le voir installé "comme chez lui", de le voir travailler, de l'entendre répondre patiemment aux questions des enfants et ... des adultes.


SURTOUT NE MANQUEZ PAS CET INCROYABLE CABINET DE CURIOSITÉ, il y a plus de 150 dessins et des merveilles à découvrir .

Prenez votre temps, attardez vous et partez à la recherche des plus petits détails.



















L'exposition propose différentes thématiques chères à l'artiste, différents textes, différents panneaux que François a eu la gentillesse de m'envoyer.

1 Des maisons dans les arbres...

J'allais avec mon grand-père sur la côte de Mordesson. Au loin coulait l'Ornain, vert pâle. Il y avait des rayons de soleil et une cabane de jardin en planches grises. Ailleurs, près d'un château, un cousin plus âgé avait construit dans un grand cèdre une cabane avec des planches et de la ficelle. Ces deux souvenirs peuvent-ils avoir décidé de ma passion ? Je n'en sais rien… 
Aujourd'hui j'ai un jardin. Par la fenêtre de mon bureau, je le vois vivre et changer sous le ciel. En juin, les merles me boulottent les cerises…
Mes dessins racontent des histoires simples d'enfants bâtisseurs. 

2 Bric à brac de dessins : le cabinet des curiosités



Le bric à brac est un vaste cabinet de curiosités, la grande catégorie fourre-tout de mes dessins.
Cette collection, ce melting pot de dessins  représentent le mieux ce que je suis, ce que j'aime et ce que je fais.  Dans cette catégorie, les dessins naissent du hasard d'une image qui me plaît, d'un bon mot qui m'inspire ou d'une rencontre qui montre la voie.
Avec plaisir chacun peut se perdre dans les détails accumulés : on dit que le diable s'y cache. Mais moi, je crois surtout que la vie s'y retrouve.
Je cache dans mes dessins des textes secrets, des choses curieuses, de temps en temps coquines, de temps en temps poétiques : cela s'appelle la paréidolie ou encore la  stéganographie, des mots savants du dictionnaire servant surtout à  briller en société.

3 Champagne !



Je vis à Reims… Alors, peu à peu, le vin de Champagne a infusé dans mes dessins. Au travers de commandes, j'ai créé des capsules, des logos, des coffrets, des étuis, des cartes de vœux, des tabliers, des étiquettes…
J'ai dessiné sur les murs ou les portes de celliers, j'ai dessiné des portraits de vignerons, esquissé des coiffes, créé une bouteille originale, illustré, publié ou maquetté plusieurs livres sur ce sujet.
Aujourd'hui, je coince la bulle dans ses retranchements, je glisse mon grain de sel dans la bouteille, j'accompagne l'effervescence de ma petite musique... Et je bois du Champagne.


4 Cathédrales




Les cathédrales traversent le temps comme le vaisseau spatial Entreprise traverse l'espace. Leurs bâtisseurs sont les géants d'un monde de pierre et leurs embarcations immobiles relient le passé au présent et au futur. Elles me touchent pour leur architecture, pour leur histoire, bien plus que pour leur message spirituel.
Dans les années 90, j'ai réalisé des images qui ont été projetées sur la façade ou dans la nef des cathédrales de Reims, d'Albi ou de l'Epine en Champagne. Ces spectacles d'images et de lumière sont à l'origine de ma passion pour ces monuments et pour l'époque qui les a vus naître.
L'album la Cathédrale Engloutie est consacré à la cathédrale de Reims.  Les cathédrales de chimères, quant à elles, sont faites d'un curieux mélange de cathédrales, celle de Laon surtout, avec dedans de vrais morceaux de Reims et d’Avioth, dans la Meuse.


5 Des îles


 


C'est en choisissant de dessiner des îles que je me suis aperçu de la relation singulière qui m'attachait à elles. Ces fragments de terre poétique occupent ma mémoire. Les îles me fascinent parce que je vis sur un continent. La mer ou l'océan forment un passage magique qui conduit à un autre monde. Étrangement, le sentiment d’insularité peut être provoqué aussi par un territoire clos de murs.

Les Drôles d'Îles sont devenues un livre en 2017.

J'aimerais bien
Danser le rock à Java,
Boire du café à Ceylan,
Retrouver le pied d'un moai sur l'île de Pâques.
Attraper un papillon pour le relâcher
sur l'île du Diable.
Accoster sur Zanzibar en calebar.
Arriver en avance à la Réunion.
Changer de principes à São Tomé.
Soigner les îles Maldives.
Rencontrer Reggiani à la Barbade,
Et Brel aux Marquises.
Boire du rouge à Curaçao et du cacao à Cuba.
Chanter la complainte du phoque à Sakhalin.
Rire sur l'île de la Désolation.
Voir tomber la neige à Tinos.
Mettre un bémol à Ré.
Goûter aux grenadines,
manger une soupe à la Tortue.
Être comblé par l'île de la Déception.
Finir à Capri.
J'aimerais aussi
Taquiner le jambon beurre aux îles sandwich,
Briser un cœur à Rodrigues,
Bomber l'ile Moustique.
Me repentir à la Jument,
Rencontrer le maigrichon de Rhodes,
Être le beau Roméo de Borromée, ho !
Eviter les Sanguinaires,
Me coucher au Levant
Et faire Dodo à Maurice.
Décoller à Madère,
Peigner l'ile Rousse,
De toutes les matières, préférer Houat.
Donner dans la dentelle à Burano
Puis souffler un peu à Murano.
Boire une bière à Malte et péter à Lanzarote
Puis m'en aller avant que ça se Corse.
Etre présent à Saint-Cado,
M'assoir sur le ban d'Arguin.
Je voudrais Tatihou et plus bas encore,
Caresser l'ile de Sein,
Puis prendre une douche à Tahiti
Les ouvrir à Yeu et les fermer au Cercueil


6 Afriques

Par deux fois j'ai exposé en Afrique, une fois au Bénin à Cotonou, et une autre en Guinée à Conakry. Par deux fois j'ai reçu un choc immense. C'est la rue incroyable, incompréhensible, démente et violente qui a été le point de départ de mon travail. Mais très vite les gens et les visages ont inspiré mes dessins. Ce sont pratiquement les seuls portraits que j'ai réalisés.
Je suis sur une autre planète.
Je découvre la ville et je ne la comprends pas.
Où sont mes repères ? Où faut-il regarder ? Que font-ils, tous ceux là qui bougent ou ne bougent pas, allongés sur la terre, assis contre un mur, ou marchant lentement ?

Des paniers, des vêtements suspendus à des fils tendus entre deux arbres, des sellettes de bois noirci recouvertes de tubes de dentifrices ou de bananes : les vendeurs de la rue forment un mur vivant pour cacher les murs lépreux du bidonville. Du matin au soir, ils tournent dans la poussière, chemise impeccable, pagne immaculé et la nuit venue, dans la fraîcheur retrouvée, je sens leurs corps allongés qui se retournent dans le noir. Ils rêvent qu'ils dorment sur un trottoir de Paris, dans la lumière des vitrines de Noël, enroulés dans des guirlandes qui leur tiennent chaud.
Les masques les poursuivent.
En dormant, ils me sourient,
quand ils sont réveillés ils me sourient,
en marchant ils me sourient.


7  Esprits d'Opéras


 


Après avoir tourné mon crayon dans mon oreille, j'ai réalisé une série de dessins dont chacun évoque un opéra.
Définitivement inculte en cette matière, il m'a fallu découvrir les pièces en écoutant les mélodies, en lisant les livrets ou en observant les images des artistes. Des amis complices ont aussi contribué à mon édification musicale.
Je commence à peine à découvrir cet univers étonnamment vaste et multiple, à la manière du baigneur frileux qui tâte de son orteil la température de l'eau de la piscine.

8 Qui c'est ?


 

Je suis né en 1957. Mes parents étaient droguistes, marchands de couleurs, un métier presque disparu. La boutique sentait le mastic et la lessive, il y avait des sachets remplis de poudres colorés bien rangés dans des tiroirs alignés. Du plafond pendaient des plumeaux, des balayettes, des ventouses et des martinets que mon père en blouse blanche décrochait avec un long bâton muni d'un crochet, comme on attrape un poisson. Mon adolescence d'insouciance et d'amitiés est traversée  par le théâtre (ah, la Chandelle Verte !), la musique et le dessin, à Vitry-le-François, le port de pêche le plus désolé de la région. En 1975, je rentre à reculons à l'école des Beaux-arts à Reims, me jugeant incapable d'être à la hauteur. Je fréquente l'atelier de gravure de Daniel Pillant. Mon maître était un barbu passionné d'art populaire, hyperboliquement bavard, énervé et énervant. Je fréquente aussi les sculpteurs du cours de Charles Auffrey, qui cassaient des cailloux dans la salle d'à côté. Je garde de ces Beaux-arts l'extraordinaire saveur de la liberté et, très paradoxalement, le gout du travail. Parfois, je réalise des œuvres avec certains des anciens élèves de cette époque.

Au sortir des Beaux-arts, je ne dessine plus… C'est la seule période de ma vie où j'abandonne les crayons sans regrets, sans tristesse, comme s'il me fallait du temps pour digérer ces années vives. Puis, la machine démarre lentement. En 1989, à l'issue d'une décennie endormie, on me propose une première exposition à la maison de la Culture de Reims : c'est le " Bric à brac n°1 " qui connait un vrai succès et qui me propulse responsable des expositions et du jeune public à la Scène Nationale de Reims - Centre National Art et Technologie, pendant dix ans. Je dessine et publie beaucoup à cette époque, en particulier pour des spectacles, pour des affiches et couvertures et pour des expositions.

Au milieu de ces années, je fabrique des dessins projetés sur la façade et la nef de la cathédrale de Reims, de l'épine et d'Albi, pour des spectacles monumentaux. De cette expérience technique et artistique naît mon attachement au moyen-âge. Cette aventure artistique et culturelle s'arrête à l'instant précis où naît le 21e siècle.

En 2002, je deviens dessinateur professionnel, affilié à la Maison des Artistes, comme il se doit ! Pour la première fois de ma vie, toute mon activité est consacrée au dessin. Et moi qui ai toujours vécu dans un confort institutionnel et salarié, je plonge juste là où je n'ai plus pied ! Alors, je suis obligé d'apprendre très vite comment on peut vivre de sa passion : donc, je dessine, je dessine, je dessine ! En 2005, je crée avec deux amis " les éditions de l'Effervescence ". Je mets en page des livres et publie parfois mes dessins comme dans " Jardins, Gloriettes et Cabanes Perchées " en 2011, puis " Drôles d'Îles " en 2017. La Maisonnette d'édition continue à vivre encore aujourd'hui. Puis, je rejoins en 2006 les trois dessinateurs qui illustrent l'actualité pour France 3 Champagne-Ardenne.  Une ou deux fois par semaine, je dessine sur palette un dessin d'humeur et d'actualité.

Aujourd'hui, ma création de dessins s'est développée au travers d'expositions en France et à l'étranger, de commandes privées et de publications. Je suis toujours responsable artistique des Éditions de l'Effervescence et je dessine de plus en plus pour le monde du Champagne, et pour l'édition en général.

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 JUSQU'AU 6 AVRIL 2018

4 RUE DE MARS 

ENTRÉE GRATUITE 




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