Giovanni Bosco pour moi c'est cette fabuleuse découverte dans les rues de Castellammare del Golfo, seule, puis avec le groupe du colloque ...
Donc beaucoup d'émotions-souvenirs en visitant l'exposition de Christian Berst ....
"Il n’est certainement pas nécessaire de connaître la vie de Giovanni Bosco pour apprécier ses grands dessins au feutre. Mais, dans le cas de l’art brut, ce sont les histoires humaines qui bien souvent font aussi l’œuvre, qui conduisent les objets à devenir des œuvres. Et aux auteurs à s’inventer des manières bien personnelles de se réinventer eux-mêmes."
Mon préféré ....
"La vie douloureuse du peintre sicilien Giovanni Bosco a toujours eu pour cadre Castellammare del Golfo. Cette ville est située entre Palerme et Trapani, entre la montagne et la mer. Pasteur ou pêcheur : deux variantes de la même pauvreté s’offraient souvent, naguère, à ses habitants. La famille de Giovanni n’étant pas tournée vers les activités maritimes, son enfance se passe à garder les moutons avec son père dont il sera vite orphelin.
C’est la deuxième fois que sa mère se retrouve veuve. A la naissance de Giovanni en 1948, elle n’était pourtant âgée que de 18 ans. Giovanni Bosco ne fréquente que l’école élémentaire. Dans le climat lourd d’une époque en attente de juges comme Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, le jeune berger ne parvient pas à s’adapter à son rude métier. Il perd son troupeau, travaille occasionnellement dans une carrière de marbre. Sans que l’on sache très bien comment, il est condamné pour un petit vol de bétail. Il passe deux ans en prison à Trapani, y subissant de mauvais traitements. Pendant son incarcération, il apprend en 1976 que deux de ses jeunes frères ont versé aussi dans la petite délinquance et qu’ils ont été assassinés. Le crime organisé a pris ombrage de leurs juvéniles incartades. Cette tragédie précipite Giovanni Bosco dans la psychose et il semble que des électrochocs lui soient alors prescrits. C’est peut-être à l’hôpital psychiatrique qu’il voit des gens se livrer à des travaux d’art. Il s’en souvient plus tard en dessinant et en écrivant compulsivement sur des supports de fortune (cartons trouvés, boîtes à pizza). De retour chez lui, il s’adonne à la création malgré la misère où il vit. Solitaire, exposé aux taquineries des gamins et pourtant protégé par ses concitoyens. Fumant et chantant les refrains populaires de Mario Merola, vedette napolitaine qu’il affectionne, il remplit de pleins carnets de ses dessins, il couvre les murs des vieilles maisons de son quartier de fresques où cœurs, robots, personnages élastiques, lames de couteaux, se mêlent et nous interpellent. Ce répertoire de formes est stupéfiant. Un vocabulaire riche et cohérent, totalement personnel s’offre au passant ou au visiteur. L’ancien berger qui n’a plus de métier se désigne dans ses compositions sous le vocable de « Dottore di tutto ». Un artiste local remarque son talent et l’encourage mais c’est à un regard extérieur qu’il devra d’être identifié pour ce qu’il est vraiment : un grand créateur d’art brut. A partir de 2007, les choses se précipitent. Un intérêt général se manifeste en sa faveur. Il n’est plus obligé de dire que ces « gribouillages » pourraient avoir de la valeur une fois encadrés. On vient maintenant lui en acheter et sa situation commence à s’améliorer. Les gens qui aiment son travail se prennent à rêver… Ils ignorent que Giovanni est atteint d’un cancer et que, à peine sexagénaire, il est condamné. Quand une exposition et un colloque international est organisé à Castellammare del Golfo au début de l’année 2009, Giovanni n’est déjà plus en mesure d’y apparaître et de goûter à la reconnaissance des siens."
LE SITE DE LA GALERIE
LE CATALOGUE ICI
LE DOSSIER DE PRESSE
GIOVANNI BOSCO ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
UN ARTICLE DE 2011
UN LIEN : GIOVANNI BOSCO DANS LIBÉRATION
GIOVANNI BOSCO ET LAUSANNE
LE TEXTE DE CÉLINE DELAVAUX
GIOVANNI BOSCO ET LA COLLECTION ABCD
GIOVANNI BOSCO ET COSTRUTTORI DI BABELE
( cliquer sur les liens)
(photo Google)
3-5, passage des Gravilliers
75003 Paris
Pour Eva, Raija, Chiara, Roberta et tous les autres ....
Pour Laurent qui n'a pu se joindre à nous
Pour Antoine et Apolline
Donc beaucoup d'émotions-souvenirs en visitant l'exposition de Christian Berst ....
"Il n’est certainement pas nécessaire de connaître la vie de Giovanni Bosco pour apprécier ses grands dessins au feutre. Mais, dans le cas de l’art brut, ce sont les histoires humaines qui bien souvent font aussi l’œuvre, qui conduisent les objets à devenir des œuvres. Et aux auteurs à s’inventer des manières bien personnelles de se réinventer eux-mêmes."
"Né en 1948, le sicilien Giovanni Bosco -
d'abord berger puis ouvrier dans une carrière de marbre - sombra dans
la psychose à la suite de l'assassinat de deux de ses frères par la
mafia. L'institution psychiatrique et la prison à laquelle il fut
condamné un an à la suite, semble-t-il, d'un vol de bétail, ne lui
ôtèrent ni son sourire désarmant, ni sa propension à transformer son
existence démunie en un acte de poésie pure. À Castellamare del Golfo, à
l'ouest de Palerme, ses journées furent alors rythmées par les chansons
populaires napolitaines et les peintures d'une inventivité rare qu'il
exécutait sur les murs de sa ville ou sur des matériaux de fortune. Au
moment où son génie est enfin reconnu – grâce aux efforts du photographe
Boris Piot -, il est emporté par un cancer en 2009.
Sa première exposition monographique lui fut consacrée par notre galerie dès 2011, accompagnée d'un catalogue avec des textes de l'historienne de l'art contemporain Eva Di Stefano et du critique Jean-Louis Lanoux. Depuis lors, son oeuvre a fait l'objet de nombreuses tentatives de décryptage et un film retraçant les derniers mois de sa vie a été produit par des étudiants qui furent parmi ses derniers amis, tandis qu'un projet de restauration et de conservation de ses fresques est envisagé. À son tour, la Collection de l'art brut, à Lausanne, organisait une rétrospective en 2013 en même temps que paraissait une étude sur son oeuvre dans le Fascicule de l'Art Brut # 24.
Ce qui frappe de prime abord, dans cet oeuvre, c'est qu'il ne semble débiteur d'aucune influence, échappant, de fait, à tout rapprochement hasardeux.
« Bosco était traversé par la pensée visuelle » écrit Di Stefano, une façon de souligner que la complexité et l'originalité de ses réalisations trouveraient leur seule source dans les arcanes inextricables de sa psyché. Ses compositions irriguées de rouge et savamment agencées, ses coq-à-l'âne formels, ses homoncules hybrides, ses avatars musculeux, ses membres votifs, ses glissements du glyphe à l'organique, et réciproquement, finissent par y égrener l'alphabet d'une langue secrète, intime. Un peu comme si l'on assistait à un soliloque graphique de la plus haute intensité. Giovanni Bosco, en mélancolique dottore di tutto, accablé de tous les malheurs, avait trouvé dans l'art un remède absolu."
Sa première exposition monographique lui fut consacrée par notre galerie dès 2011, accompagnée d'un catalogue avec des textes de l'historienne de l'art contemporain Eva Di Stefano et du critique Jean-Louis Lanoux. Depuis lors, son oeuvre a fait l'objet de nombreuses tentatives de décryptage et un film retraçant les derniers mois de sa vie a été produit par des étudiants qui furent parmi ses derniers amis, tandis qu'un projet de restauration et de conservation de ses fresques est envisagé. À son tour, la Collection de l'art brut, à Lausanne, organisait une rétrospective en 2013 en même temps que paraissait une étude sur son oeuvre dans le Fascicule de l'Art Brut # 24.
Ce qui frappe de prime abord, dans cet oeuvre, c'est qu'il ne semble débiteur d'aucune influence, échappant, de fait, à tout rapprochement hasardeux.
« Bosco était traversé par la pensée visuelle » écrit Di Stefano, une façon de souligner que la complexité et l'originalité de ses réalisations trouveraient leur seule source dans les arcanes inextricables de sa psyché. Ses compositions irriguées de rouge et savamment agencées, ses coq-à-l'âne formels, ses homoncules hybrides, ses avatars musculeux, ses membres votifs, ses glissements du glyphe à l'organique, et réciproquement, finissent par y égrener l'alphabet d'une langue secrète, intime. Un peu comme si l'on assistait à un soliloque graphique de la plus haute intensité. Giovanni Bosco, en mélancolique dottore di tutto, accablé de tous les malheurs, avait trouvé dans l'art un remède absolu."
Mon préféré ....
"La vie douloureuse du peintre sicilien Giovanni Bosco a toujours eu pour cadre Castellammare del Golfo. Cette ville est située entre Palerme et Trapani, entre la montagne et la mer. Pasteur ou pêcheur : deux variantes de la même pauvreté s’offraient souvent, naguère, à ses habitants. La famille de Giovanni n’étant pas tournée vers les activités maritimes, son enfance se passe à garder les moutons avec son père dont il sera vite orphelin.
C’est la deuxième fois que sa mère se retrouve veuve. A la naissance de Giovanni en 1948, elle n’était pourtant âgée que de 18 ans. Giovanni Bosco ne fréquente que l’école élémentaire. Dans le climat lourd d’une époque en attente de juges comme Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, le jeune berger ne parvient pas à s’adapter à son rude métier. Il perd son troupeau, travaille occasionnellement dans une carrière de marbre. Sans que l’on sache très bien comment, il est condamné pour un petit vol de bétail. Il passe deux ans en prison à Trapani, y subissant de mauvais traitements. Pendant son incarcération, il apprend en 1976 que deux de ses jeunes frères ont versé aussi dans la petite délinquance et qu’ils ont été assassinés. Le crime organisé a pris ombrage de leurs juvéniles incartades. Cette tragédie précipite Giovanni Bosco dans la psychose et il semble que des électrochocs lui soient alors prescrits. C’est peut-être à l’hôpital psychiatrique qu’il voit des gens se livrer à des travaux d’art. Il s’en souvient plus tard en dessinant et en écrivant compulsivement sur des supports de fortune (cartons trouvés, boîtes à pizza). De retour chez lui, il s’adonne à la création malgré la misère où il vit. Solitaire, exposé aux taquineries des gamins et pourtant protégé par ses concitoyens. Fumant et chantant les refrains populaires de Mario Merola, vedette napolitaine qu’il affectionne, il remplit de pleins carnets de ses dessins, il couvre les murs des vieilles maisons de son quartier de fresques où cœurs, robots, personnages élastiques, lames de couteaux, se mêlent et nous interpellent. Ce répertoire de formes est stupéfiant. Un vocabulaire riche et cohérent, totalement personnel s’offre au passant ou au visiteur. L’ancien berger qui n’a plus de métier se désigne dans ses compositions sous le vocable de « Dottore di tutto ». Un artiste local remarque son talent et l’encourage mais c’est à un regard extérieur qu’il devra d’être identifié pour ce qu’il est vraiment : un grand créateur d’art brut. A partir de 2007, les choses se précipitent. Un intérêt général se manifeste en sa faveur. Il n’est plus obligé de dire que ces « gribouillages » pourraient avoir de la valeur une fois encadrés. On vient maintenant lui en acheter et sa situation commence à s’améliorer. Les gens qui aiment son travail se prennent à rêver… Ils ignorent que Giovanni est atteint d’un cancer et que, à peine sexagénaire, il est condamné. Quand une exposition et un colloque international est organisé à Castellammare del Golfo au début de l’année 2009, Giovanni n’est déjà plus en mesure d’y apparaître et de goûter à la reconnaissance des siens."
LE SITE DE LA GALERIE
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GIOVANNI BOSCO ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
UN ARTICLE DE 2011
UN LIEN : GIOVANNI BOSCO DANS LIBÉRATION
GIOVANNI BOSCO ET LAUSANNE
LE TEXTE DE CÉLINE DELAVAUX
GIOVANNI BOSCO ET LA COLLECTION ABCD
GIOVANNI BOSCO ET COSTRUTTORI DI BABELE
( cliquer sur les liens)
(photo Google)
3-5, passage des Gravilliers
75003 Paris
Pour Eva, Raija, Chiara, Roberta et tous les autres ....
Pour Laurent qui n'a pu se joindre à nous
Pour Antoine et Apolline
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