"De son enfance, elle a tout oublié sauf la peur et l’ennui coriace. De ses vingt ans, elle a tout oublié sauf son absence au monde. Elle a même oublié Césarée, la ville en ruine qu’elle déclarait « inoubliable » dans une lettre envoyée à sa mère. Elle a juste retenu le vers de Racine, « Je demeurai longtemps errant dans Césarée ». Heureusement, sa mère a écrit un journal où elle raconte ce qu’elles ont vécu ensemble, avec et sans le père. Sa mémoire c’était sa mère, et elle vient de la perdre – la mère, le jardin, la maison. Elle vient de vider la maison, dans le chagrin et la colère. « Ma mère, c’était après moi le déluge. J’entasse au grenier un bordel monstre, tu te taperas un jour le remake du nettoyage des écuries d’Augias, mais je ne serai pas là pour le voir. »
Heureusement, il y a les copains, qui la baladent du chagrin au rire, et c’est toujours le rire qui la sauve. Alors, armée du récit maternel, des photos d’époque et de ses trous de mémoire, elle s’attaque au puzzle, elle reconstruit la vie de sa mère et la sienne, quitte à les trafiquer – peu importe, une vérité mouvante et floue arrive à surnager. Et maintenant, elle aime sa mère.
Avec Aucun souvenir de Césarée, Marie-Ange Guillaume signe un texte poignant où, au-delà de l’humour et de la colère, affleure une tendresse immense. Une adresse à sa mère, à toutes les mères, qui touche le lecteur en plein cœur."
" Je venais pourtant de lire le roman d'Aragon, Aurélien, dont le héros est hanté par un vers de Racine qui lui semble d'ailleurs d'une beauté douteuse : " Je demeurai longtemps errant dans Césarée" . Ce vers me hantait aussi, je pouvais le répéter vingt fois sans me lasser et, contrairement à Aurélien, je lui trouvais de la gueule : " Je demeurai longtemps errant dans Césarée" .
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