mercredi 24 avril 2019

" LA 3 ème HEURE "A LA GALERIE ORIES A LYON

J'ai le plaisir de recevoir très régulièrement les "Feuilles de route" de Bernard Pilorge, magnifiques reportages photographiques sur de  superbes expositions.
Cette semaine belle émotion en découvrant beaucoup d'amis artistes à la Galerie ORIES à Lyon.
Voici donc aujourd'hui sur les Grigris les photos de Bernard pour vous donner envie.
Moi je regrette très sincèrement de ne pas avoir eu, cette fois encore, le don d'ubiquité.






"Nous présentons des Artistes dont le travail n'a pas qu'une fonction décorative. Une oeuvre est bien autre chose qu'un objet, elle peut être belle mais ce n'est pas sa seule fonction car elle porte un message, une histoire et une émotion.
         Chaque jour, le regardeur a un dialogue furtif quelquefois plus profond avec l'oeuvre et le propos de l'Artiste n'est pas obligatoirement celui qui est lu. Mais cet échange est toujours le partage d'une sensibilité commune."






 Pierre Amourette







 Catherine Wilkening


 Bernard Buffet


 Karl Beaudelere (détail)



 Richard Laillier


 Roger Dutel 



 Zlatko Glamotchak,




TEXTE ÉCRIT PAR XAVIER DURAFFOUR POUR L'EXPOSITION 

La troisième heure :
Éclaircissement sur le sacrifice

Lorsque le Christ, après le chemin du calvaire et le supplice au Golgotha, expira sur la croix, s’étant écrié que le Père  l’avait abandonné, il y eut comme une éclipse totale de l’univers. Ces épisodes relatés par les Évangiles ouvrirent l’horizon qui, de la vanité apparente du sacrifice du sacrifié à la résurrection du Sauveur et à son assomption  furent le levain d’une chrétienté qui façonna le monde à son image. La prédiction de la croix , pure folie pour ceux qui périssent, devint ainsi pour Saint-Paul, preuve de la puissance de Dieu pour ceux qui ont sauvés et gagnent le salut.

Mais ils tournèrent aussi la face profane des hommes et des artistes vers un imaginaire puissant qui marqua de son empreinte indélébile toute l’histoire de l’Art. Du plus haut Moyen-Age théophanique et primitif jusqu’à nos expressionnismes modernes et engagés.

Déjà, le retable de Mathias Grünewald édifié à Issenheim entre 1512 et 1516 par ce contemporain de Cranach, Holbein et Dürer concrétisa une volonté d’expression totale, une intensité dramatique et une part de fantastique qui tracèrent la voie de bien des peintres et des courants picturaux.

Cette exposition collective en perpétue ainsi la forme et l’intention. Au-delà de son aspect spectaculaire, elle tente avec succès d’établir une unité de propos au travers de la diversité et de l’éclectisme des œuvres soumises à son regard.

Car c’est lorsqu’il y a, en nos cœurs vides des profondeurs intimes et surnaturelles d’où sortent d’inexprimables gémissements. C’est lorsque nous essayons de rire entre personnes bien élevées devant le spectacle d’un monde en perdition. C’est lorsque les métaphysiques deviennent impuissantes et que les messianismes prometteurs se relèguent  aux oubliettes des Temps Ordinaires.

Et que l’avenir dure trop longtemps vouant les parousies à la caducité, que les peintres et les sculpteurs nous prennent à la fois aux tripes et à l’âme. Dans ce saisissement qui nous pousse à considérer, à l’instar de René Girard (la Violence et le Sacre) que le sacrifice, expression de la plus grande souffrance, est pur paradoxe puisqu’il a pour dessein la conjuration de la barbarie intrinsèque aux peuples divisés et aux civilisations mortelles. Dans une trilogie et un croisement des origines qui réuniraient Œdipe, Dionysos et Jésus-Christ dans une prescience de la symbolique universelle de la Croix.

Cette croix et ce mystère qui ressurgissent des profondeurs archétypales de notre inconscience collective et que les artistes brandissent derechef quand les grandes religions du Livre dépérissent laissant l’île de l’humanité à la dérive.

Et de tous les créateurs ici présents  invoquant à l’envi pour l’Homme, la Création et l’Animal, dans la plus grande fécondité des styles, des techniques, des matières et des propos. Associant la dureté implacable du métal à la légèreté de la gouache, le baroque torturé d’une statuaire héritée d’une goétie cathédralesque au hiératisme d’une facture qui fait écho au quattrocento.

Si Apollinaire nous disait que la pupille est « Christ de l’œil », nous  pourrions à notre tour dire que le regard des peintres et des sculpteurs est figuration d’un possible Christ, simple trace laissée au linceul et pure image de vérité, afin qu’au-delà de la souffrance et de la mort, nous puissions retrouver la fraternité des hommes.

Xavier Durrafour, le 12 mars 2019




Galerie ORIES 

33 rue Auguste Comte - 69002 Lyon

+33 (0)4 78 84 42 19



JUSQU'AU 30 AVRIL


Ouverture du mardi au vendredi de 15 à 19 h.
Du samedi de 10 à 12 h - de 15 à 19 h et sur R. V.

LE SITE DE LA GALERIE

DES ŒUVRES ET DES ARTISTES


(cliquer)

Pour Véronique et Emmanuel




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire