dimanche 25 août 2019

MARILENA PELOSI MOI J'AIME


Jean-Pierre Faurie aime, comme moi, MARINENA PELOSI.
Il l'a rencontrée en juillet 2019 et suite à une interview a écrit ce texte pour les Grigris :

Rencontre avec Marilena Pelosi
Pas/sage du réel à l’imaginaire


Au bout du chemin des Bois Niquaux à Tourneville (Eure), j’arrive au Chesnay. Au fond d’un parc une belle maison bourgeoise, Marilena Pelosi m’y attend. Elle habite cette belle bâtisse où elle loue un appartement. La nature est partout prairies, fleurs, forêt mais aussi une barrière électrique installée pour empêcher les sangliers de tout défoncer. Marilena travaille dans ce lieu bucolique « Quand tu me prendras en photo je veux que tu me montres souriante car je suis heureuse ici. Tu parleras de mon travail simplement » me lance-t-elle.

Les murs de son coquet logis accueillent des œuvres d’artistes singuliers qu’elle aime. Elle me les présente tous afin d’étancher ma curiosité puis elle me conduit dans sa chambre où est installé un petit bureau sur lequel naissent ses dessins. « Je travaille ici tous les jours mais que quelques heures. La réalisation d’un dessin peut me prendre plusieurs jours. J’utilise des papiers de couleurs et de formats différents. Mes outils sont des Bics plastique classiques ordinaires de couleur bleue et rouge et des crayons HB noirs. Quand je pose mon crayon sur la feuille je ne sais ce qui va se passer. C’est la surprise » précise-t-elle puis, elle me montre des invitations, des catalogues de ses dernières expositions et une série de dessins récents et plus anciens.

« Tu peux les photographier. Mets-toi à cette table c’est de là que je les prends. Tu peux voir que mon imaginaire est très fermé, très centré sur moi-même. Je ne suis pas influencée par l’apparence que donne le monde extérieur. Je préfère rester dans mon monde particulier. Jeune je me sentais isolée, presque autiste mais avec le temps j’ai pris l’habitude de sortir, mais sortir de la maison ne m’empêche pas de rester dans ma bulle. On peut sortir dans le monde et rester enfermé dans son jardin » affirme-t-elle.

Tout en prenant le café dans ce lieu paisible Marilena veut bien dévoiler des pans de sa vie qui n’a pas été un long fleuve tranquille….. Fille unique elle a eu une enfance très solitaire car ses parents ne s’occupaient pas d’elle. Elle a été élevée dans la religion catholique jusqu’au jour où son père s’est converti au Vaudou. « Il m’a amenée avec lui lors de séances de vaudou. C’était horrible parce que des animaux étaient sacrifiés. Leur sang était mis dans des coupelles pour offrande à des statues. L’atmosphère de ces cérémonies était très chargée, beaucoup d’émotions, des incantations, des percussions, des psalmodies dans des langues que je ne comprenais pas » dévoile-t-elle. Elle a été spectatrice et parfois actrice lors de ces séances et de ces cérémonies elle en garde des souvenirs très précis. Quand il entre dans ses dessins le spectateur se pose des questions quand il voit les nus, les sacrifices, les tortures, les mutilations, les processions et les transes.

« Tu vois de 2000 à 2009 mes dessins étaient remplis de couleurs. Puis j’ai fait un retour à l’essentiel : le trait » lance-t-elle.

Beaucoup de femmes dans ses productions. Elles tricotent, lient, relient, nouent…« Ces femmes c’est moi dans différents états émotionnels que je connais puisque je me vois tous les jours en tant que femme. Il y a des fluides qui circulent car nous sommes des êtres aquatiques »

Le sexe masculin n’est pas totalement absent il y a des personnages « avec des jeux de zizi, arbre ou aiguille ». En 2012 dans six dessins il y a même eu des couples qui dansaient.


« Je suis une créatrice. Je mets une distance entre le réel et l’imaginaire. Quand j’entre dans mon univers, je sais en ressortir pour revenir au monde de la vie courante. Mon monde imaginé c’est moi qui le nourris . Il est intense, érotique, violent mais moins que le monde réel »

























 Photos Jean-Pierre Faurie

Biographie

1957 : Naissance à Rio de Janeiro (Brésil)
1973 : Hospitalisation à cause d’une grave maladie. Elle commence à dessiner par intermittence des dessins imaginaires pour passer le temps.
1979 : Quitte le Brésil pour Londres car son père veut la marier à un prêtre Vaudou qui a le double de son âge.
1980 : premier mariage avec un grand voyageur qui l’amène faire le tour du monde. Elle dessine toujours par intermittence.
1986 : 2ème mariage, après son arrivée en France. Elle se met à dessiner avec une plus grande fréquence puis tous les jours.
2000 : divorce et première exposition à la Galerie Alain Dettinger-Mayer à Lyon. Ensuite les expositions s’enchainent  comme à la Création Franche à Bègles,  "Émancipations"  au Musée Singer-Polignac, à l’Hôpital Sainte-Anne, « Arte Bruta » à la fondation Vieira de Silva de Lisbonne, « Corps Accords » au Musée Art et Marges de Bruxelles.
2008 : 1ère exposition chez Christian Berst Art Brut à Paris.
2014 : Marilena Pelosi est représentée en France par Christian Berst Art Brut.
2017 : 2ème exposition chez Christian Berst Art Brut
2019 : « Flying Higth » Women artists in Art Brut au Kunstforum à Vienne ( Autriche), "Extravaganza" Au centro de Arte Oliva prés de Porto ( Portugal), "Lusopolia i a beleza insensata" au Musée Arpad Szenes Vieira da Silva à Lisbonne (Portugal), « La folie du jour » Gerorges Focus et la collection d’Art Brut de Françoise et Jean Greset au Musée des Beaux Arts et d’Archéologie de Besançon



 Marilena Pelosi
1, lieu dit Le Chesnay
27930 Tourneville


Merci Jean-Pierre Faurie pour ce texte et ces photos ....


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