Confinement Jour 2 :
Un immeuble est un corps vivant. La cage d’escalier (cage ?) est la colonne vertébrale, les conduites d’eau et de gaz, les gaines d’électricité et de communications sont les veines et les artères. Cloitré chez moi, j’écris, je lis, je me concentre et… j’écoute. Mon oreille est à l’affut. Le tic-tac de l’horloge de ma grand-mère en basse continue, les pas plus ou moins lourds, les portes, le circuit de l’eau, les machines à laver qui font vibrer les murs, crescendo, décrescendo, les aspirateurs qui vont et viennent, parfois des voix, plus rarement quelques éclats, tout s’inscrit en moi. Pas de musique, pas de son de radio, beaucoup de retenue. Comme si, pour l’instant, ce confinement était un motif de plus à la discrétion les uns vis-à-vis des autres. Les injonctions à l’éloignement s’appliquent tout naturellement. Alors, j’imagine la vie de nos cellules, les préparatifs de repas, les alanguissements devant les téléviseurs, les siestes de lecture, les conference calls devant les ordinateurs, les corps qui s’étreignent, se rassurent. Il n’y a pas d’enfants dans cet immeuble, seulement des jeunes gens aussi fringants que discrets, deux voisins qui s’âgent comme moi et une très vieille dame, notre doyenne, que je n’ai pas vue depuis longtemps alors qu’elle m’arrêtait si souvent sur le palier, dans les escaliers ou dans la cour intérieure. « Vous allez voter à gauche » m’avait-elle intimé, toute petite devant les boîtes aux lettres, pour je ne sais plus quelle élection. Elle était inconsolable d’être restée cachée à Paris pendant la guerre, voyant tant de gens autour d’elle partir vers les camps de la mort. Elle ne pouvait pas se remettre d’être encore là, témoin d’une histoire qu’elle n’avait pas vécu, présente au monde quand tant de gens aimés avaient disparu. Maintenant, c’est sa fille qui me donne des nouvelles, des nouvelles d’une femme qui s’amenuise, d’un esprit qui s’embrume de plus en plus souvent. Je suis en manque de nos conversations. Je suis troublé de ne pas mettre mon énergie pour que la parole circule toujours le long de la rampe. Depuis deux jours, je mets mon corps en éveil, l’ouïe est ce pavillon d’accueil de l’autre. Ce qui se propage, c’est le son des voisins. J’attends.
UN LIEN VERS JÉRÔME
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LE CONFINEMENT ET LES GRIGRIS
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Merci Sophie de partager ce joli texte tout en écoute, merci pour tous ces liens vers tes amis artistes. Il faut que je vienne plus souvent chez toi. Bises confinées de Marseille.
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