« Je travaille en mouvement ce qui me procure des effets directs à la prise de vue...
Je me laisse guider par mon ressenti et mes émotions. Mon travail est à l’image de
ma perception du monde. Des paysages, des silhouettes et des autoportraits qui oscillent entre
rêve et réalité, laissant libre cours à l’imagination de chacun ».
Et ce très beau texte de Martine Chapin écrit en novembre 2020:
Paysage vieilli, l’arbre s’envole au bord du fleuve, désespérément enraciné dans le sol, il se tord de douleur, enivré d’une folle énergie, il tourne et appelle à notre bienveillance. Ne pas l’arracher pour céder au labourage de la terre.
Les autoportraits sont inquiets mais ne désespèrent pas d’enlacer ses branches en silence un soir d’hiver, Sophie sautille dans la maison au plancher de bois, impatiente de sortir aux pas cadencés de la course folle du désir.
Au loin un chapiteau flotte, la petite fille aux allumettes de Sarah Moon se cache derrière en attendant le retour de la trapéziste. La disparition et la guerre ne sont pas loin, oubliées de notre mémoire, elles continuent à hanter notre pensée. Les ruines de Saint-Pol Roux n’abritent plus que les craves noirs aux pattes et becs rouges. Leur colère sillonne les paysages tremblants, fantomatiques et la mer rugit au pied des champs à l’herbe rase, stoppée par une rangée d’arbres, une ultime protection.
Les arbres comme les personnages vibrent à l’unisson de la lumière. Il est impossible de s’arrêter, de se reposer, toujours au bord du gouffre, seuls ou en groupe, individus fantomatiques se tournant le dos, se frottant, se réconfortant peut-être sans ponctuation possible, pas de repos sur le chemin qui ne mène nulle part.
Sophie bouge, danse, saute, le mouvement est fixé à son appareil photo. Mon regard cavale, s’essouffle, comment la rattraper ? Je reprends ma respiration, le noir m’obsède, dire non, résister et pourtant la lumière éclabousse, elle s’infiltre dans le moindre interstice de mes perceptions.
Je fais une pose au bord de la mer, la plage rassure, la brume de mer envahit le sable, le paysage s’estompe laissant peu d’espoir à cette humanité qui se cherche. La beauté est sacrilège et Sophie la chevauche avec justesse, elle la dompte et nous la donne en partage en toute simplicité. « Au cœur des songes » est un rêve éveillé couvert d’un brouillard léger où la vie révèle son existence aux rythmes syncopés des pas qui sillonnent le temps.
Je saute d’un arbre à l’autre, je suis prise dans le tourbillon des contrastes, je cligne des yeux pour mieux tenir le mouvement, je m’absente, l’image m’absorbe…
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La Galerie est ouverte durant la période des expositions du mardi au samedi
de 10h30 à 13h00 & de 15h00 à 19h00
ou sur rendez-vous au +33 (0)6 42 40 88 30
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