samedi 25 septembre 2021

DANS L'ATELIER DE STEPHANIE SAUTENET - SSOLOEIL

 

Je l'avais rencontrée à Paris. J'ai croisé bien des fois son travail.  Ce Périple 2021 m'a donné l'occasion de la rencontrer chez elle et de découvrir ce lieu où elle vit et travaille...




 













 

  

 

Stéphanie m'a donné ce texte pour les Grigris :

Mon cheminement :

Après un passage sans conviction aux Beaux-arts (Tours, Avignon), j’ai commencé à imaginer une sorte de narration visuelle et onirique à travers le collage et la réalisation de « livres muets ».

Puis ma création personnelle s’est essentiellement axée sur le dessin aux crayons de couleur ou à l’encre de Chine.

J’ai par ailleurs élargi le questionnement de l’être par l’art  en étudiant l’art-thérapie au sein de l’institut de Jean-Pierre Klein (l’INECAT). Cet enseignement m’a permis d’accompagner des personnes en souffrance dans leur propre cheminement plastique et symbolique (en psychiatrie, psychogériatrie et addictologie) pendant quelques dizaines d’années.
 

Le dessin :

J’appréhende le dessin comme un aveugle l’espace, la matière, l’univers labyrinthique, en me tenant à mon crayon comme à un bâton. Un aveugle, qui, à l’image de Tirésias dans un rituel prophétique, tenterait de transcrire le champ visuel qui sourd de toute son intériorité.

L’outil, le « stylet », tel un prolongement de la main ou une hybridation du corps, fait écho selon moi au caducée d’Hermès, ce dieu psychopompe. Chaque dessin est la trace de ce voyage entre le monde des vivants et des morts, entre Eros et Thanatos, le Réel et le Symbolique.

L’art et la mort sont à mon sens inextricablement liés. Comme le soutenait Jean Genet en observant les sculptures de Giacometti, « l’œuvre n’est pas destinée aux générations enfants » ; « toute œuvre d’art (…) doit avec une patience infinie, depuis les moments de son élaboration, descendre les millénaires, rejoindre s’il se peut l’immémoriale nuit peuplée de morts… » !

Toute image, tout dessin est un masque, une fenêtre ouverte sur la mort.
 

Les périodes :

Après le Recueil de sorcières  (galerie A. Dettinger, 2011) inspiré d’un de mes livres en collage réalisé sur un vieux cahier d’école de sciences, La vie des saints (galerie A. Dettinger, 2014), une parodie hallucinée de l’iconographie religieuse qui hante nos livres d’art, la série Ailleurs fait état d’un virage, la rencontre avec le chamanisme. 

La création est une transe, une brèche spatio-temporelle et procède du même mouvement que le chamanisme. Il y a nécessité, comme un irrévocable désir de mettre à jour des présences invisibles, occultées. C’est une ouverture vers un autre langage où tous les règnes (minéral, végétal, animal,...), tous les éléments s’expriment. 

Les séries Bacchanales et jeux pythiques et le prisme du daïmôn (galerie B.Soulié, 2017) sont un plongeon dans le chamanisme et les visions hallucinées au tambour (soin, extraction, recouvrement d’âme, travail psychopompe,…). Je me laisse traverser par la symbolique hermétique des esprits, les nôtres et ceux des guides. 

J’ai réalisé ensuite des petits livres graphiques édités par les Crocs électriques : Sans s’effleurir, Conte sans foi ni loi, Gris Moires ; ce qui m’a permis de renouer avec le livre-muet, jusqu’à “Impudicus” où la parole s’est dénouée au travers de rêves. J'ai alors choisi de définitivement arrêter de travailler en psy ! Vient alors la période Animalice avec entre autres le livre méli-mélo Ooz puis une série érotique, Sève montante et descendante (comme un simple pied de nez à la sinistrose).

Pour Planète Animalice, j’ai invité de véritables auteurs autour d’une impression fanzine, dont voilà l’appel, le cri de départ  ! 

La Bête, sauvage, mythologique ou hybridée, nous a toujours guidés jusqu’à dessiner des routes stellaires afin de mieux nous élever de notre condition terrestre. Aujourd’hui, le génocide animal que tissent nos précaires présences, affamées et tremblantes, nous renvoie à un miroir halluciné de bêtes domestiquées ! Ces misérables totems semblent nous achever ! Comment le coq, tel un dragon écervelé, pourrait-il nous éveiller ?! Le chat, omniprésent, camoufle à peine nos soifs sanguinaires sous son doux pelage ! Le chien, tel un flic abruti, garde la porte de nos terreurs ! Le taureau sacré se vend en pièces détachées ! Ses cornes dressées au ciel, supplantées par nos antennes paraboliques, sont sacrifiées, broyées et bien enterrées dans nos jardins ! Et le porc ! Ah le porc, doux et sucré, parfume nos morbides recettes au goût charogne ! Le cheval, tel un Chronos maître de l'absurde faim, s'est fait détrôner par une cage de Faraday nous permettant d'effectuer nos quotidiennes saturnales dans d'absurdes rondes autoroutières ! L'oiseau railleur, avant de finir comme cure-dent, se gausse encore de notre débilitante lutte des sexes et de la farce de la parité  ! L'archaïque chasse ne sait plus animer le cycle de renaissances et de cérémonies offertes à leur proie et encore moins assouvir nos ventres repus.  Théâtre d'ombres obscènes, elle met en scène l'obscure désir de frayer avec le ventre maternant de la forêt jusqu'à sa totale extinction. L'animal, en laisse ou enchaîné, parqué en cage ou en réserve, se fait l'observateur éberlué de nos ridicules défilés, de nos enfilades tant aimées à la caisse des temples dédiés à la prestidigitation !  Oh, tais-toi enfin sale enfant gâté ! Cesse ton cri face à l’araignée, au vortex qui t’enfante ! Face au serpent qui t’anime ! Je veux voir resurgir la faune en nous et leurs squelettes réanimés par des chamans visionnaires ! Oh tais-toi enfin petit singe et apprend à danser nu l’animal face à ta psyché ! Impudique et enragée, j’appelle à la renaissance de la jungle ! Que notre lutte soit impitoyable !

 

 

© Photo NR

 

LE SITE DE STÉPHANIE 

 (cliquer)

 

 1 rue Pierre Vincent - 36800 Rivarennes

 

Vous pourrez acquérir une œuvre de Stéphanie Sautenet sur le blog " PETITS FORMATS ET PETITS PRIX"

Les dessins-collages sont eux extraits du livre graphique Sans s'effleurir
(éd° les Crocs électriques #018, 2017).
Ils font environ 19/14 cm et sont présentés avec un passe-partout 25/20 cm.











 

3 dessins à l'encre (14,8/21 cm), des illustrations pour  l'Enlèvement, une nouvelle de Michel Lascault
(in L'imagination au pouvoir, 2019) tirées de mon petit livre Sève montante, 2021.





PETITS FORMATS ET PETITS PRIX 

(cliquer)






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire