LES GRIGRIS DE SOPHIE: OUTSIDER ART FAIR PARIS 2022 (1)

Outsider Art Fair reste un de mes grands bonheurs annuels et cette 10 ème édition, après l'interruption pour les raisons que l'on sait, fut riche de rencontres et de découvertes. Si certains reprochent à cette grande foire d'Art Brut son côté mercantile c'est oublier ce qui en fait sa force et son intérêt : ce qu'elle donne à voir, c'est-à-dire des œuvres à couper le souffle et les commentaires de vrais passionnés, dans une ambiance chaleureuse.

Cette année la date a changé et c'est le jour du vernissage, le jeudi 15 septembre, que j'ai pu retrouver mes amis d'art brut, mes galeristes préférés (Pol Lemétais et Aurélie Fourrier, Kristine Kimo et Lars Egeris de Copenhague, ma très chère Antonia Jacchia de Milan, Arthur Borgnis, Philippe Saada. Manquait à l'appel cette année hélas la galerie new-yorkaise et ce couple que j'aime tant Randall Morris et Shari Cavin et Béatrice Soulié dont tous les ans je saluais le regard éclairé ), les artistes que j'aime, qu'ils soient représentés par les galeries ou qu'ils viennent pour le plaisir (Mina Mond resplendissante et Fred toujours aussi élégant, Evelyne Postic, Sandra Martagex, Marion Oster, Ody Saban, Margot, Patrick Adam, Michel Nedjar, Jaky la Brune et tant d'autres).

Une quarantaine de galeries du monde entier, des États-Unis à l'Espagne en passant par la Suisse, le Mexique ou l'Italie, nous ont proposé des œuvres fortes et enthousiasmantes.

Mes coups de cœur vont, cette année, aux galeries suivantes :

* The Gallery of Everything en la personne du passionné James Brett présentait des sculptures de Pietro Moschini (dont j'avais découvert l'environnement de pierre grâce à Pavel Konečný). La puissance de ses sculptures méritait à elle seule la visite. Il y avait aussi deux merveilles de dessins d'Albert Lubaki.

* Une galerie mexicaine, la Galeria Muy, occupait un tout petit espace et avait sélectionné deux artistes Manuel Guzman et Maruch Mendez. Coup de cœur pour les scènes de la vie quotidienne de ce deuxième artiste, pour les prix incroyablement bas pratiqués par cette galerie et pour l'accueil exceptionnel et toutes les explications données par les différentes jeunes femmes.

* J'ai eu la joie de rencontrer Mamadou Boye Diallo et Mélodie Petit et de découvrir "pour de bon" les œuvres de Pape Diop dont j'avais parlé sur les Grigris en avril 2019 ( ICI). Le grand panneau des œuvres à touche-touche était tout simplement exceptionnel.

* Pol Lemétais présentait Michel Nedjar, Darédo, Mina Mond, Paul Duhem, Pépé Vignes. Des Anselme Boix-vives à mourir de plaisir. De nouveaux dessins de Jean Crié (grande découverte pour moi en 2017). Et deux sculptures de Paul Amar et d'Alain Lacoste qui ont eu un vif succès.

* La Bibao Formate présentait un artiste dont je reparlerai sur les Grigris : Martin Eider qui réinvente des tableaux très connus (la jeune fille à la perle, le baiser de Klimt etc...)

* La Copenhagen Outsider Art Gallery m'a réservé un accueil chaleureux et m'a permis de rencontrer Sarah, la jeune artiste aux bleus magnifiques et aux corbeaux, qui parlait parfaitement le français. Des sculptures en papier mâché de Camilla Kinthof et des dessins de Thomas Larsen. Je consacrerai des articles à ces trois artistes sur les Grigris.

* J'ai été très intriguée par les tableaux de Javier Arce proposés par la galerie madrilène The Goma, des toiles tendues sur des baguettes de bois différents donnant un mouvement et un relief étonnant à ces tableaux.

* Andrew LaMar Hopkins de la Nouvelle Orléans était présent sur le stand de la Gryder Gallery avec ses miniatures fascinantes.

* Les très émouvants ex-voto d'Alfredo Vilchis Roque, les merveilles d'Ise et les petits bijoux de Sandra Martagex présentés sur un papier peint réalisé par l'artiste étaient visibles à la Galerie Frédéric Moisan. J'ai adoré les vierges canettes de Sylvain Lefebvre et un beau visage en noir et blanc.

* La Galerie Polysémie avait des œuvres de ma très chère Samaneh Atef, deux beaux tableaux très colorés de Mohammad Ariyaei, tout un mur d'Evelyne Postic et m'a permis de découvrir les dessins de David Mazin.

* Coup de cœur aussi pour les artistes marocains de la Galerie Escale Nomad, ce Babahoum qui me transporte complètement. La galerie présentait aussi un très charmant Giovanni Podesta, un August Walla et dans ses cartons un artiste que je ne connaissais pas et dont je parlerai bientôt sur les Grigris.

* On ne se lasse pas des Madge Gill et Aloïse, des Scottie Wilson, Josef Wittlich, Auguste Forestier de la Galerie du Marché, des Edmund Monsiel et et des George Widener de la Galerie Arthur Borgnis, des Pietro Ghizzardi, des Egidio Cuniberti et des Carlo Zinelli de Maroncelli 12, des Charles" Cako" Boussion, Jean Pous de la Pop Galerie.
La Galerie J.P.Ritsch-Fisch révèle tous les ans des splendeurs : des Francis Marshall, des Hervé Bohnert, une petite merveille d'Emmanuel "le calligraphe" ... et une oeuvre rare et précieuse de l'Abbé Fouré. J'ai retrouvé avec émotion des tableaux de l'artiste ukrainienne Maria Prymachenko sur le stand de la Rodovid Gallery.

* J'ai revu les incontournables, chez Andrew Edlin Gallery : : Darger bien sûr, John Byam et sa petite statue de la liberté et j'ai été fascinée par les miniatures de Ray Materson réalisées en prison avec des fils de chaussettes.

Ajoutez à cela la librairie de la Halle Saint Pierre, le stand du magazine Artension et le sourire chaleureux de Françoise Monnin et d'Emma Noyant....

Le bel espace de l'Atelier Richelieu et ses verrières ont, cette année encore, vu pendant quatre jours des gens heureux ! "L'objectif de l'art n'est pas le déclenchement d'une sécrétion momentanée d'adrénaline, mais la construction sur la durée d'une vie, d'un état d'émerveillement et de sérénité" disait Glen Gould et bien c'est ce que j'ai éprouvé ce 15 septembre 2022, de l'émerveillement et de la sérénité !