samedi 19 novembre 2022

LES COLLAGES DE ARZ MAËL ...MOI J'AIME

 

Voilà une découverte que je dois à Katia Geins !








 

 




 Arz Maël a accepté d'écrire un texte spécialement pour les Grigris :

L’échappée belle

Je suis une bidouilleuse, je bricole, je patouille, j’assemble. Je mets les mains dans la peinture, dans la colle… Je me laisse faire. Peintures, collages ou assemblages, je ne sais jamais ce que je vais créer. Cela me prend comme ça, c’est plus fort que moi… Mes mains prennent le dessus. Je feuillette à grande vitesse les magazines, les livres d’art, j’arrache les pages, je découpe les images qui me sautent aux yeux, puis j’assemble et colle très vite. Le principe est le même quand j’écris ou je peins, je me laisse faire, je laisse couler… Et je suis toujours surprise à la fin, tiens c’est cela ? C’est pour cela que je ne signe pas mes créations. Sont-elles vraiment à moi ? de moi ? Pour mes collages, je change parfois de support, j’aime qu’ils soient en volume comme sur une soupière ou un buste réalisé avec du plâtre puis en papier. En fait, je vis cela comme un rêve, sans aucune maitrise.

Je rêve d’avoir une maison, un bâtiment ou le palais du facteur cheval et que je puisse réaliser des collages partout du sol au plafond, sur les meubles. C’est un peu comme une maladie, une obsession, mon corps a besoin de prendre le dessus sur mon cerveau. Alors je débranche et je laisse faire. J’utilise rarement des pinceaux et finis souvent avec de la peinture sur le nez, les bras, même les pieds. J’aime réaliser des choses sans rien acheter, en collectant des objets dans la rue, des livres, des écorces, des pommes de pin, des plumes dans le bois.  Je pourrais aussi m’installer à côté d’une déchetterie, j’y vois là une véritable caverne d’Ali Baba. J’aime les objets qui ont servi, ils gardent une âme. J’aimerai créer tout un village, avec des maisons de bric et de broc.

Je n’ai hélas pas d’atelier, ni de lieux où conserver mes créations…qui par manque de place finissent parfois à la poubelle ou sont recouvertes d’une autre création, couche sur couche. Je fais beaucoup de choses avec le papier, le carton… Je réalise de plus en plus mes fonds à la peinture. J’aimerai pouvoir créer de grands volumes.

Je suis autodidacte, je fais cela comme les enfants, sans réelle culture artistique ou technique, sans modèle. Je veux être libre, libre de ne pas choisir, de laisser faire ma nature, libre de jugement, tant pis si ce n’est pas beau, pas utile.

Quand la réalisation est terminée, c’est un peu comme après l’amour, j’ai un petit coup de blues… je prends mon plaisir en faisant, l’après est toujours un peu triste. Je suis toujours étonnée du résultat. Cela a d’ailleurs commencé ainsi, ne sachant rien dessiner, ou si mal, j’ai laissé faire mon crayon, mes doigts. Je patauge dans la matière, la peinture, la colle, la terre.

Concernant le rythme, je ne m’impose rien… A certaines périodes, je suis boulimique, je n’arrête pas…Le procédé est un peu hypnotique. En ce moment, je suis beaucoup sur les points de peinture… C’est assez proche du collage finalement. Assembler des morceaux épars et découvrir une sorte d’équilibre entre ces formes que je n’ai pas vraiment choisies, je trouve cela magique. Je détesterai qu’on me donne un thème, un sujet. J’essaie de libérer mon écriture de la même manière, mais c’est plus compliqué.

J’ai réalisé mes premiers collages en tout petit format, c’était des Ktatracts… que je laissais dans les carrières souterraines de Paris. J’adore ce lieu, c’est comme une galerie souterraine d’art, on y trouve des graffs mais aussi des sculptures, des textes cachés dans l’ombre… Une belle chasse aux trésors cachée.

Parfois j’accroche mes collages au mur et ce n’est que bien plus tard que je reçois leurs messages. C’est comme si l’image sortait avant que je sois capable de l’analyser, d’en dire quelque chose… C’est même plutôt le collage qui m’informe. C’est un monde intérieur que j’explore sans en connaitre vraiment la langue, ni le paysage. Je me promène en moi-même.


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