dimanche 7 avril 2024

"PAR UN CURIEUX HASARD" DE STEPHAN SCHILLINGER

 

C'est à Ysabelle Voscaroudis que je dois ce texte magnifique ....

 

 

 

 

"— Je n’arrive pas à être moi-même, je ne suis jamais à l’aise en société, ni en groupe, ni même avec mes parents…
— Je t’invite à rencontrer ce que tu cherches à protéger. Tu n’as pas un problème avec le groupe, ou les autres, c‘est un problème de toi à toi-même, une tension dans le rapport à toi-même. Nous cherchons tous à nous tenir à distance de l’inacceptable à notre sujet.
Ce dont nous avons vraiment peur, ce n’est pas vraiment du regard de l’autre. C’est ce que le regard de l’autre nous dira sur nous-même. C’est voir dans son regard, ou son jugement, ce que nous ne voulons pas voir à notre propre sujet : Être creux, être inintéressant, fade, ou insuffisant.
Si nous ne sommes pas à l’aise avec cette éventualité-là nous entrons en réaction défensive avec la possibilité qu’une personne nous le fasse ressentir. Nous ne voulons pas nous rencontrer nous-même, nous regarder et nous accueillir vraiment, à cet endroit désagréable.
— Oui, mais je ne veux pas non plus être le centre de l'attention, parfois j'aimerais disparaître...
— L’autre face de la pièce, implique qu’il est tout aussi inconfortable de découvrir et d'accepter que nous sommes un génie, une héroïne ou une prêtresse. Et endosser les responsabilités qui en découlent.
Nous ne voulons ni voir, ni rencontrer, aucun de ces deux extrêmes, et nous nous confinons entre ces deux limites, que pourtant nous incarnons tous. Nous essayons d’atteindre une « perfection », en fuyant l’incarnation de ces deux extrêmes.
— Mais la quête de perfection n’est-elle pas souhaitable ?
— Elle ne finit jamais. Je t’inviterai plutôt à la quête de « totalité ». Tu es à la fois l’ombre et la lumière, la connasse et la prêtresse, la pute et la sainte, le maître et l'élève… Personne ne fait exception à cette réalité, mais nous essayons tous de la fuir, au lieu de l’englober dans la définition de « qui nous sommes », et de nous assoir dans cette infinie nuance, dans laquelle la vie nous propose de respirer.
Retiens ceci :
La qualité de la relation à l'autre est le symptôme de la relation à Soi. Le regard que tu portes sur toi-même conditionne, et t’enferme, dans ton rapport à l’autre. Il empêche les autres de te rencontrer là où toi, tu refuses de TE rencontrer. Le regard d’une personne libre d’être, englobe les deux insupportables extrêmes à son sujet. Il permet de s’assoir dans son ridicule, son pathétisme, son génie et sa grandeur. De faire face à son entièreté et se présenter au monde dans un état de nudité, et d’entièreté, sur lequel aucun masque ne pourra rester accroché."
 
Stephan Schillinger Extrait de "Par un Curieux Hasard" 
 
 
 
 





Oeuvres d'Ysabelle Voscaroudis
 
 
 
 
 

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