dimanche 16 juin 2024

DE PIERRE ET D'OS DE BERENGERE COURNUT

 

"Une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune fille inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence alors, dans des conditions extrêmes, une aventure qui va faire d'elle une femme."

 

 

 QUELQUES EXTRAITS .....


Nous découvrons ensemble, avec la même joie, le même émerveillement, le tout nouveau manteau de neige. Désormais, le jour naît de la terre. La faible clarté du ciel est généreusement reflétée par une infinité de cristaux. La neige tombée durant la nuit est si légère qu'elle semble respirer comme un énorme ours blanc.


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 L'air glacé entre dans mes poumons, descend le long de ma colonne vertébrale, vient apaiser la brûlure de mes entrailles. Au-dessus de moi, la nuit est claire comme une aurore. La lune brille comme deux couteaux de femme assemblés, tranchants sur les bords. Tout autour court un vaste troupeau d'étoiles.

 

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Nous allons loin parfois. Au-delà de la baie, au pied des icebergs qui passent au large. Ces géants de glace sont comme des montagnes posées sur l'eau. Aux heures où le soleil monte dans le ciel, ils sont éblouissants, on ne peut pas les regarder sans se blesser les yeux. Ils parlent une langue étrange — de succion, d'écoulements et de craquements. Ils sont plus imprévisibles encore que la banquise. 

 

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 "Chant du vent et de l'orage"

Nous sommes l'été
Nous sommes le Nord et le Sud
Nous sommes les vents violents
Qui soulèvent la terre et l'eau

Nous sommes la chaleur et la fièvre
Nous sommes l'air vibrant dans la lumière
Nous sommes le sang qui coule
Dans tes veines et sous ta peau

Nous sommes les esprits puissants
Dans des corps encore débiles
Que personne à part toi
Ne sent ne palpe,
Ni ne voit

Notre présence va tout emporter
Tout bouleverser
Nous allons briser les pierres
Transformer ta chair
Faire de toi un chemin
D'étoiles et de poussière

Tu seras toi-même
Et plus que toi-même
Tu ne t'appartiendras pas
Ton temps dépassera l'horizon
Tu sauras voyager en deçà
Et au-delà
Pour nourrir
Et pour guérir
Tu pourras aussi faire souffrir

Les liens ne pourront rien contre toi
Tu seras fluide et sensible
Aux choses qui échappent
Et qui écrasent parfois

Parmi tous tes esprits
Nous sommes les plus puissants
Nous sommes le Nord et le Sud
Nous sommes les vents violents
Qui soulevons la terre et l'eau

Nous sommes la chaleur et la fièvre
Nous sommes l'air vibrant dans la lumière
Nous sommes le sang qui coule
Dans tes veines et sous ta peau.

 

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Tu es déjà quelqu'un d'étrange, à mi-chemin entre l'homme et la femme, l'orpheline et le chasseur, l'ours et l'hermine. ...Qui sait ce que tu peux encore devenir ? 

 

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 J'ai sans cesse envie de rire et, lorsque je m'approche du rivage, j'entends les palourdes qui claquent sous la glace. Si j'avance seule sur la banquise, je perçois la mer qui bouge en dessous, je sais qu'elle rit avec moi. Cette fois j'en suis certaine : un enfant est là. 

 

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 ..Sous la peau de mon ventre, l’enfant bouge comme une vague, parfois comme un jeune harfang qui tente de prendre son envol. Je me demande d’où vient ce petit être. De la mer, du ciel ou de la toundra ? 

 

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 Nous devons maintenant inventer la nuit qui vient. 

 

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 Les mâles croient être les seuls
A se battre avec leurs crânes, avec leurs os
Mais le bruit fracassant de leurs corps en bataille
N'est que le souvenir d'une lutte plus ancienne
Que chaque être mène avec le squelette maternel 

 

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 Depuis que je sais qu'un enfant est là
Qu'un enfant va passer par moi
Je ris, je ris en secret
Je ris comme une brassée de palourdes
Qui roulent depuis les collines
Jusqu'aux galets lourds
Du rivage.
Et depuis plusieurs lunes
Que le sang bat et reste en moi
J'ai l'impression que
Sous la banquise
La mer rit avec moi.

 

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Chant du renard arctique
Je suis un flocon de neige
Qui est tombé du ciel
Jusqu’à une banquise inconnue
Je suis un souffle au creux de la nuit polaire
Je suis un renard blanc qui a fondu


 SUR BABELIO

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 Merci Marie

 

 

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