dimanche 5 février 2012

" MICHEL ANGE FACE AUX MURS " D'ARMAND FARRACHI



"Ainsi cédant à l'impérieuse volonté du Saint-Père, par contrainte et par obéissance, gémissant et furieux en lui -même , poussé par la nécessité de gagner son pain autant que par l'urgence de sauver son âme, tel le Christ supportant sa croix, lui, autoproclammé "homme vil, pauvre et fou", bourrelé par la gravelle, par l'insomnie et la mélancolie, menacé par les fièvres à cause des émanations délétères des maremmes, par le sac de soudards enragés de guerre et de carnage qui grondaient aux confins, prisonnier d'une ville aux remparts branlants et déjà livrée à la pâture des vaches comme au racolage des catins et des mercenaires, lui, Michel-Ange Buonarroti, délaissa encore une fois la gradine, le trépan et la râpe pour le pinceau et la brosse, accepta la commande du Jugement dernier, et prévint avec fermeté sinon avec arrogance qu'il y travaillerait seul, non parce qu'il gardait le souvenir des assistants chassés de divers chantiers et des scènes pénibles que ces renvois occasionnaient, mais parce que, ayant partout répandu le bruit qu'il était l'unique artisan du plafond, on ne manquerait pas d'attribuer cette assistance à une faiblesse s'il consentait d'être aidé pour le mur, ni de conclure que Buonarroti était en son déclin, homme fini, peintre incapable, impotent travaillant désormais avec des aides comme s'il marchait soutenu de béquilles... "

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