lundi 11 avril 2011

"SOSYETE PANTEYON" DE BMZGD A CHAUMONT


Et pour annoncer cette exposition le texte de Vincent Cordebard :
On promit le paradis à sept millions de sacs de charbon ( René Depestre )

" A l'inverse des artistes qui prirent leurs sources et motifs dans les arts africains pour inventer l'art moderne, BMZgd travaille à l'introduction des outils et objets de l'art contemporain dans l'espace symbolique de la "Guinée" d'avant la grande déportation. BMZgd a pris un jour le chemin du Benin afin d'y rencontrer les traces contemporaines du vodou. Ainsi la pièce centrale de son installation n'est pas un fac-similé à visée ethnologique. Encore moins la trace militante d'une quelconque révolte de pacotille. C'est, dans la plus claire des affirmations, une sculpture contemporaine qui s'origine dans une relecture de plusieurs mouvements modernes en art. Sa singularité et l'ambiguïté conséquente tiennent au fait qu'elle est volontairement prise en étau entre deux blocs ; d'un côté "les fulgurances" ou les produits dérivés et parfois frelatés du bel art, de l'autre l'architecture de survie et les singularités cultuelles et culturelles liées à la nation vodou. Sa sculpture-maison comme, plus loin, ses cages à poules, sont des lieux de passage entre deux mondes de l'intelligence. Celui du réel que nous partageons et celui de mythes constitutifs de cultures puissantes mais que nous ne partageons pas nécessairement ou, plus trivialement, que nous ne savons plus reconnaître. Le travail de BMZgd est donc tout sauf une provocation. S'il dérange, c'est au sens qu'il met du désordre dans le placard bourgeois de nos pensées. Ainsi une "étagère" est-elle allusion ironique à nos intérieurs replets (bibelots chargés d'affects divers et parfois forts laids, bar débordant de bouteilles et marque de savoir-bienvivre et de bonne urbanité) , modèle réduit d'un centre d'art contemporain et, en même temps, autel consacré au culte de nos souvenirs heureux ou non. BMZgd se joue de nos ambivalences. Ainsi, le grillage qui enveloppe le meuble de salon n'est pas là pour dissuader le voleur ou pointer quelque paranoïa ! Le grillage est signe ! Signe qui, ailleurs, dans l'autre culture, en Haïti ou au Bénin, affirme un lieu de culte et nous invite, certes avec violence, mais avec tant de pertinence, à prendre la mesure de nos insolences de "pas-des-sauvages-nous" tout autant que celle de nos vraies blessures d'amour. Chez les charbonniers on naît pas-des-sauvages. C'est bien connu depuis des siècles. Les blessures d'amour aussi d'ailleurs. Ainsi, dans la cage à poule, Ogou-Feraille ouvre un oeil. Plus bas, débordant un peu sur le carrelage institutionnel, c'est Legba-Papa qui veille sur notre passage. A portée de regard, pans de murs décolorés et tapis rouge matérialisent temporairement et symboliquement ce territoire de passage et, par extension, partage l'établissement qui reçoit BMZgd, entre un univers parfois technocratique, mais rassurant, de formation professionnelle et celui, plus inquiétant, plus risqué mais si fécond, de la création contemporaine. Partage dont la proposition se réaffirme violemment avec l'inclusion maléfique qui cancérise ( charbon de bois , paille, figures et grillage ) un énorme " Formica " assimilable par sa radicalité certains avatars de la création ultra-contemporaine, mais plus trivialement, chargé( dictionnaires, boites d'archivage, ... ) pendant cinquante ans d'incarner la solennité et l'autorité du bureau directorial. Ailleurs c'est un hommage à " jaminsou Lacroix " qui s'installe, tout en lumière, au milieu des affichages légaux et institutionnels. Faut-il traduire " jamais saoul Lacroix " ou " jamais sous la croix " ? Prophylaxie ou laïcité ? Certains débats actuels et quelque peu nauséabonds nous proposent synthèse. Oublions cette hypothèse. Un retour à l' histoire de la grande déportation s'impose. Il y sera évidemment question de syncrétisme."



* Vernissage le mardi 12 avril à partir de 18 heures (C'est demain qu'on se le dise !)

. L'artiste proposera également une présentation de son oeuvre à partir de 16 heures ce jour-là. L' exposition durera jusqu'au 31 mai 2011 .

http://bmzgd.eu/sosyete%20panteyon.html

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