mercredi 10 août 2011

LA FABULOSERIE : UN MUSEE D'ART BRUT A DICY



Je crois que La Fabuloserie est un de mes musées préférés !


Alain Bourbonnais , son créateur, a écrit que c’était « le temple du rêve, de l’imagination, de l’émotion .Qu’on n’en ressortait pas comme on y était entré » et c’est tout à fait vrai !

J’en suis à ma troisième visite et à chaque fois le même choc, la même jubilation, le même enthousiasme sans réserve.

Le lieu tout d’abord est charmant, juste un peu difficile à trouver mais pas trop (Nous sommes à Dicy un petit village perdu au fin fond de la Puisaye entre Val de Loire et Morvan) .

Il y a un parking (littéralement plein lorsque nous sommes repartis), un cerf dans un petit jardin attenant au Musée (pour ma collection bien sur !), la très sympathique pièce où l’on prend les billets avec déjà des œuvres à profusion (un superbe Fernand Michel  et bien d'autres merveilles )  puis la visite commence par Simone Le Carré Gallimard : deux salles entières (la quasi-totalité des œuvres de l’artiste) . Deux salles où l’austérité de l’enfance est enfin vengée et où triomphent les couleurs, le maquillage interdit, la joie de vivre longtemps étouffée et où le jeu et le jouet envahissent tout l'espace (" J'ai pu recréer un monde qui vivait en moi et que je n'avais pas pu exploiter jusqu'alors" ).

On entre ensuite dans le Musée proprement dit et dés la première porte le charme opère.

Il y a des sculptures, il y a des vitrines, il y a des bancs, il y a des broderies….

Tout est admirablement mis en valeur, abondant mais pas trop .

Caroline Bourdonnais, la propriétaire de ce Musée-trésor rappelle que son mari était architecte et sans doute cela explique t’il que la déambulation est si agréable, que ce parcours labyrinthique est si habilement mené .

Il y a des couloirs, des petites salles aux murs recouverts de bois, de grandes salles aux tommettes luisantes et aux poutres magnifiques, il y a le tunnel, le grenier blanc, le grenier noir, la passerelle, des tapis qui rendent cette visite intime et au milieu de ce décor extraordinaire les œuvres extraordinaires d’ artistes « ordinaires ».

Emile Ratier est à l’honneur, on retrouve avec plaisir Noël Fillaudeau, deux poupées de Danielle Jacqui et un artiste pour lequel nous avons un véritable coup de cœur Pascal Verbena ses boîtes à secrets et ses mécanismes ingénieux, l’extravagante automaboule de François Montchâtre, les fabuleuses poupées felliniennes et baroques  de Reinaldo Echenberger, les bois sculptés et peints du couple Petit, l’enfant encagé  de  Jano Pesset (qui porte le nom de " la mère possessive")  , les merveilleux théâtres animés d’Albert Sallé, les délires mystiques de Giovanni-Battista Podesta ( La Fabuloserie possède une grande partie des oeuvres de cet artiste , d'autres sont visibles au Musée de l’art brut à Lausanne et au Cyclop de Milly la Foret ).

Il y a aussi la salle Marshall, celle qui déclenche les polémiques, celle qui fascine et dérange et pour finir la salle des Turbulents, une salle de démesure, la salle des créatures pleine de bonhomie et de joie de vivre d’Alain Bourbonnais, le propriétaire des lieux aujourd’hui décédé .
C’est chaleureux, confortable, c’est une salle où l’on se sent bien, ce sont des pièces « interloquentes », ubuesques qui tiennent de la fête foraine, du cirque et des géants des carnavals de Nord, ce sont les créations d'un être forcément gourmand de la vie  ." Je suis pour l'irrévérence, l'insubordination, l'irréalisme, la rêverie, la folie, l'utopie, le désir " cette phrase de Mario Chichorro pourrait être une citation d'Alain Bourbonnais .

Mais la visite n’est pas finie (elle dure un peu plus de deux heures !). Reste l’extérieur, un immense parc avec un étang, des sculptures de métal de Jean  Bertholle et les personnages et animaux polychromes de Jules Damloup et de Camille Vidal, le décor dAlain Bourbonnais (réalisé pour le tournage de Turbulent’s band)  et son mur présentoir, quasi symbole de la Fabuloserie, crée pour mettre en valeur les oeuvres de François Portrat .
Vient ensuite le clou du bonheur, la cerise sur le gâteau, celui qui, il y a plus de dix ans, m’a fait connaître La Fabuloserie (grâce au magnifique spectacle de Suzanne Lebeau) : le manège de Petit Pierre.

Et là on est émerveillé par l’œuvre bien sûr mais aussi par la reconstruction méticuleuse de cette structure gigantesque qui trouve ici sa place comme si elle avait spécialement été créée pour le lieu .

Il y a les outils de Petit Pierre, les tôles peintes, les bidons  et l’incroyable Tour Eiffel de 23 mètres de haut !


Nulle afféterie à La Fabuloserie . C’est un lieu d’une simplicité parfaite où chaque objet prend place comme une évidence. C’est un lieu où l’on se sent bien, où l’on a envie de revenir pour le besoin de revoir et parce que l’on sait que l’on n’a pas tout vu .

L’amour de Caroline et d’Alain Bourbonnais pour cet art « hors-normes » est tangible.

Qu’ils en soient ici remerciés !

Ce Musée est une réussite, un total hommage à l’Art Brut, aux créations spontanées, aux« Imagitateurs» , aux « habitants paysagistes », à l’art populaire et rural , aux « bricoleurs de rêves », aux malmenés de la vie . 

La Fabuloserie est un musée généreux à l’image de ses créateurs. Et si l’œuvre d’Alain Bourbonnais est « un chant continu consacré à la vie, à l’amour et la dérision » , son Musée est un fabuleux enchantement !





Et une superbe vidéo à regarder absolument :

ICI 

La Fabuloserie
Tél. 03 86 63 64 21


Ouvert du 1er avril au 2 novembre,
samedis, dimanches et jours fériés, de 14h à 18h et tous les jours en juillet et en août, de 14h à 18h

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