lundi 17 décembre 2012

GASTON MOULY : L'ATELIER D'ETE




 
Depuis longtemps déjà j'entendais parler des ateliers et de l’œuvre de GASTON MOULY, par Michel Leroux, par Laurent Danchin qui avaient eu la chance de visiter les lieux fermés au public  grâce à Jean-François Maurice; grâce aussi au blog de Jean-Michel Chesné .
Cet été lorsqu’Apolline et moi avons fait "notre périple brut" nous avons eu la joie de passer une journée entière  avec Jean-François . Au programme les fameux  ateliers, les archives Escard (dont je reparlerai  ici) et l'exposition d'Art Brut Américain riche de trésors .
Ce fut une journée si pleine de bonheurs qu'elle restera à jamais dans nos mémoires.

Que dire de lieux laissés en l'état ? Que dire face à une œuvre puissante et magnifique ?
Au cœur beaucoup d'émotion, bien sûr la poussière a envahi les lieux mais rien n'a bougé depuis 1997 date de la disparition de cet artiste hors-norme .
Sa  femme nous a reçu avec une réelle gentillesse mais quel immense regret de ne pas avoir rencontré l'auteur d'une œuvre si forte et si cohérente . 
On passe des sculptures de l'atelier d'été aux dessins de l'atelier d'hiver avec le même bonheur .
On se rappellera longtemps des galettes, des sculptures aux longs doigts fleuris  et du cerf de GASTON MOULY!


















 Je laisse la parole à Jean-François Maurice, son ami, qui a publié dans le Gazogène N°21 ce texte sur
 "Les ateliers de Gaston Mouly":


« Cadet Rousselle a trois maisons,Gaston Mouly trois ateliers. »

"Cela pourrait être le début d’une belle chanson.
Il aura fallu près de soixante ans pour qu’elle devienne réalité.
C’est d’abord par ses qualités d’artisan maçon que Gaston Mouly entra en contact avec Ossip Zadkine, Roger Bissière et Louttre B. ou encore Nicolas Wacker. Ces artistes reconnus avaient tous un atelier qu’il contribua du reste parfois à restaurer ou édifier. Si l’atelier ne fait pas l’artiste, dans notre imaginaire, il semble bien qu’il y contribue.
Gaston Mouly voyant les choses à hauteur de ses désirs d’enfance retrouvée, c’est-à-dire très grands, occupa trois ateliers.
Il me semble toutefois que cette répartition de l’espace ne fait que manifester sur le terrain les forces élémentaires de l’imaginaire.

Commençons par ce qu’il est convenu d’appeler l’atelier d’été. Ici se sont élaborées les grandes sculptures mais aussi – des photographies de Philippe Soubils en témoignent – l’immense tableau représentant l’histoire de Lherm : « La vie au village, le jour et la nuit ». Pour moi, c’est l’atelier de l’eau. Non seulement le ruisseau murmure en contre-bas mais encore s’y trouve le petit bassin où des générations de Mouly ont appris à nager, bassin cimenté mais dont une petite partie est restée en terre pour que les poissons puissent trouver à manger… Gaston dixit !

Ensuite nous trouvons l’atelier d’hiver, celui du four dont nous nous souvenons tous, grâce à l’odeur des pommes cuites qui y rissolaient, dans un petit compartiment aménagé à cet effet. Là se faisaient les sculptures plus petites, les galettes. Dans le feu la terre prenait forme.

La chaleur monte, c’est bien connu. À l’étage, Gaston dessinait et recevait dans son troisième atelier inondé de lumière : lieu de l’air où se déployaient à tire d’aile ses préoccupations spirituelles, qu’il faut bien appeler métaphysiques ou quasi médiumniques.

Ainsi Gaston Mouly le terrien avait réconcilié en sa personne et en son œuvre les éléments fondamentaux de l’imaginaire bachelardien : l’eau et les rêves, l’air et les songes, la terre et les rêveries du repos et de la volonté. Et le feu du désir.

Par la grâce de ses espaces, l’enraciné devenait l’émerveillé.

Il faut se faire une raison :
« Cadet Rousselle avait trois maisons,
Gaston Mouly trois ateliers. »

Quelques jours après avoir rédigé ce texte, j’ai eu la surprise et le plaisir d’apprendre, à l’occasion d’une vente de canivets à Drouot, que non seulement Cadet Rousselle avait réellement existé mais encore qu’il avait été un créateur d’imagerie populaire. Une nouvelle fois la réalité coïncidait avec la pure fiction, en la dépassant, cela va de soi.


***Ce texte devait primitivement figurer dans les catalogues de l’exposition initiée et réalisée par moi, au Musée Henri-Martin de Cahors, en avril et mai 2000 : Gaston Mouly, Émile Ratier. L’Art Brut s’affiche au Musée. Des impératifs de mise en page l’avaient hélas fait disparaître."



 GAZOGENE et GAZOGENE N°21 


GASTON MOULY ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

(cliquer sur les lien)


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