lundi 27 mai 2013

FRANCOIS SCHMIDT VU PAR MICHEL BENARD




Pour son ami François Schmidt et pour fêter le prix Jean-Louis Forain 2012 qui lui a été attribué pour  "La cathédrale engloutie", Michel Bénard a écrit ce  texte :

" Au regard du parcours artistique et personnel de François Schmidt, il nous sera bien difficile de trouver plus européen que lui, pour l’esprit de notre Cénacle Européen, c’est presque un parcours sans faute.
Bien que ce ne soit pas exactement vrai, car involontairement François Schmidt s’est marginalisé, petite coquetterie malicieuse, car aucun prix de notre Cénacle Européen ne correspondait à son travail, mais confronté à une pareille qualité les membres du jury se refusèrent d’écarter François Schmidt pour un simple détail statutaire, alors nous avons décidé de créer cette année à titre exceptionnel un nouveau prix. Après divers tâtonnements devant plusieurs noms de graphistes et peintres possibles ce fût celui de Jean-Louis Forain qui fût retenu. Situons-le rapidement. Artiste né à Reims en 1852 et mort à Paris en 1931. Il est hélas un peu oublié aujourd’hui, mais en son temps il jouissait d’une grande renommée, excellent peintre, ce fut aussi un remarquable dessinateur. Pour la petite histoire des influences, son style personnel et incisif imprégna beaucoup le jeune Picasso qui possédait un de ses livres illustrés. Sans oublier les journaux « Le Gaulois » et « La vie parisienne » auxquels Jean-Louis Forain collaborait que Picasso pouvait lire. Certains de ses pastels orientèrent aussi Picasso.
Ainsi ce nouveau prix qui vient aujourd’hui couronner François Schmidt ne fait que concrétiser la valeur artistique de notre lauréat.
Artiste, dessinateur, illustrateur, conteur, auteur, François Schmidt a un parcours très professionnel reconnu dans de nombreux pays.
Auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages illustrés, il collabore et dessine pour FR3, pour les éditions «  L’Effervescence » où il est l’une des pierres angulaires et dont il fût le fondateur.
Vivant et travaillant à Reims il est aussi souvent sollicité par le monde du champagne. Ses activités rattachées à la culture sont multiples, il y a quelques années il a réalise des images géantes qui furent projetées sur des édifices publics, monuments, cathédrales etc. Il conçoit également des décors de théâtre, des jaquettes de disques, des maquettes de livres, la liste serait encore longue mais sa modestie pourrait en être affectée.
Coté expositions personnelles ou collectives, nous ne les comptabilisons plus, France, Paris, province, Allemagne, Belgique, Grèce, Portugal, Espagne, Bénin, Guinée etc.etc.
Ainsi, comme je le soulignais initialement, il est difficile de trouver plus européen que François Schmidt qui nous dit : qu’« évoquer l’Europe, c’est évoquer le sol où poussent nos racines. »
Chez lui l’Europe commence avec son patronyme, Schmidt, qui résonne un peu comme un vent parfumé des résines d’épicéas nous revenant de foret noire.
Dans son adolescence il connaîtra la RDA, qui n’est plus que le souvenir d'un lourd passé historique. Ensuite épris des voyages il parcourra l’Europe, de long en large, Europe de l’Est, centrale, du Sud, je vous épargnerai la liste de tous les pays qu’il fixa sur ses carnets de dessins et dont la poussière se colla aux semelles de ses souliers.
Simplement j’évoquerai une importante exposition qu’il réalisa récemment en 2011 en Grèce sur l’ile de Tinos dans les Cyclades, ces seuls noms évoquent en nous tant de souvenirs et d’images mémorielles où il a reçu un chaleureux accueil et remporta un immense succès. La beauté, l’originalité et le raffinement de ses œuvres furent une révélation pour un public grec et international amateur du vrai métier de dessinateur et de travaux de qualité.
Précisément puisque le dessin est ici l’axe central de l’œuvre de François Schmidt, laissons-nous porter aux travers des méandres, des histoires, des mystères, des touches d’humour, des interrogations ésotériques contenus dans cette œuvre singulière, sans laquelle François Schmidt ne serait pas parmi nous aujourd’hui.
Ce dernier, appartient à cette catégorie d’artistes inclassables dont l’originalité et la singularité m’attirent particulièrement, cette année d’ailleurs avec Chantal Lanvin, Jean Zorko nous sommes comblés et François Schmidt ne dénote pas du tout au contraire!
Pour être atypique, il l’est, c’est le moins que nous puissions dire, là réside tout l’intérêt de sa création, de son expression, de son imagination.
Afin de poursuivre une œuvre authentique, il est absolument nécessaire de toujours demeurer dans l’étonnement, dans l’émerveillement, de se renouveler sans cesse. Il est indispensable de savoir encore s’égarer dans son œuvre personnelle, sans carte, ni astrolabe, de la parcourir comme un labyrinthe dans l’incertitude de l’issue.
François Schmidt est un perfectionniste, d’une exigence avec lui-même à la limite de la maniaquerie, de la névrose de l’absolu, ce qu’il reconnaît et avoue lui-même.

« Je dessine avec précision presque maniaque, m’imposant des règles aussi absurdes qu’inutiles. Par exemple, je trace les choses qu’il y a derrière les choses vraiment. Je m’use les yeux à additionner les détails, collectionner les collections et y glisser ma petite musique. Le fouillis c’est la vie, l’anecdote mène aux grandes histoires. »

Le trait est de la plus haute précision, insolite, inattendu, évoluant au fil de la pensée, de la ligne innovante et de l’imaginaire spontané s’enchaînant au fur et à mesure de l’évolution de l’œuvre. La construction s’harmonise naturellement comme une ligne mélodique, sans réelle élaboration préalable.
Le dessin se fait parfois prémonitoire, visionnaire et sage, dénonçant à sa manière l’inhumaine folie, la menace d’un péril programmé par notre cupidité et aveuglement à nous vouloir supérieur en tout.
Afin de mieux prendre conscience de l’intérêt et de l’indescriptible diversité de cette œuvre, il suffit de prendre le temps, de ralentir un peu notre rythme effréné, de détailler chaque élément, je serais tenté de dire, de se donner la respiration nécessaire pour lire, oui j’ai bien dit lire, comme on écrit ou lit une icône, un manuscrit ancien de haut en bas ou de droite gauche pour rompre avec nos automatismes occidentaux ! Absolument, car nous ne sommes pas loin ici de l’iconographie fabuleuse, sacrée et profane à la fois. Oui nous côtoyons ici une facette initiatique de l’œuvre de François Schmidt.
Nous demeurons dans l’esprit des premiers architectes, des bâtisseurs de cathédrales, des artisans, des maîtres compagnons sculpteurs, verriers, charpentiers, etc. Notre ami se fait alchimiste, concepteur de labyrinthe, son trait est fouillé, appliqué, il foisonne de détails époustouflants et intrigants, anachroniques parfois, d’une extrême précision proche de l’obstination perfectionniste.
Il y a réellement chez cet alchimiste graphiste, l’âme d’un perpétuel quêteur ou révélateur « laïco-mystico-syncrétique, » où l’on peut retrouver tous les courants de la pensée humaine et d’une connaissance métissée, sorte de grand puzzle original à la sauce François Schmidt.
Par fragments discrets, par détails multiples l’histoire du monde Occident, Orient, est confinée dans l’œuvre de notre créateur, qui est en fait une sorte de parcours initiatique, constat ou témoignage d’une société où le passé extrêmement proche est  similaire du présent et où l’espérance d’un futur plus lumineux demeure encore dans les ténèbres de nos consciences.
Voici bien une œuvre porteuse de la pensée universelle, mais où sans cesse nous sommes confrontés à notre ignorance et aveuglement obtus !
Par ce don de dessinateur qui lui fût insufflé, François Schmidt se fait relayeur, passeur d’une connaissance, d’un savoir, il joue un rôle d’initiation et de transmission, à nous dans l’observance de savoir en cueillir les fruits.
Pour conclure je songe ici au stylite de « La cathédrale engloutie » s’adressant à son disciple en ces termes :

« …à toi de préserver la paix et le calme retrouvés. La cathédrale t’y aidera, car c’est la plus belle preuve du génie humain…
Il n’y a plus de dieux ici ; y en a-t-il eût un jour ? Il n’y a que des pierres humides. Mais aussi du rêve, de l’utopie et de l’amour, tant que cette église restera plantée debout entre ciel et terre.
Tu en es maintenant le gardien et après toi, des enfants te remplaceront. »
 
N’est-ce pas la plus belle note d’espérance que nous puissions imaginer ?
Pour m’être imprégné de cet incontournable ouvrage de François Schmidt, j’ai revisité les huit siècles de la cathédrale différemment, avec un autre regard, avec ce sentiment plus prononcé d’être au cœur du Livre de pierre (ou de Pierre) de la connaissance universelle, bien loin d’une quelconque dogmatique.
Ici le sens du sacré nous restitue notre liberté de penser et nous transporte sur un autre plan, non plus celui de l’homme objet de la création, mais de l’homme dans sa fonction de créateur.
Pour notre ami, je pense qu’être artiste, poète, c’est déjà revendiquer son besoin d’amour, c’est respecter la vie et oser croire encore en l’Homme, c’est tendre tout entier vers un devenir.
Alchimiste de la matière, par son acte de création l’artiste peut métamorphoser la vie ! "
 

....Et petite information de dernière minute ... 


...ce message de François annonçant une nouvelle réjouissance :

"Je commence, malgré mon grand âge, une carrière internationale de Slameur Scientifique. Ni vous ni moi ne savons ce qu'est le "slam scientifique" mais nous allons apprendre ensemble !
Le soir du 29 mai prochain, à 20h 30 au café-bar "le Challenge", 152 rue St Marceaux, je vous parlerai de la
sexualité des méduses !"







 LE SITE DE FRANÇOIS SCHMIDT

LE SITE DE MICHEL BENARD 

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