CUPIDON, PROPRIÉTAIRE DE
L'IMMEUBLE SITUE SUR L'ENFER ET LE
PARADIS
sculpturOpéra de Gilbert Peyre
“Un spectacle hors norme, cocasse et
polisson. Une comédie robotique grisante et tragique sur les amours étranges et
fantasques d'une jupe et d'un pantalon, avec pour témoins un lapin sauteur, des
poupées et une armoire épileptique. Allégorie surréaliste de l'amour ou histoire
de cul fripée et friponne ? L'"électromécanomaniaque" Gilbert Peyre nous laisse
le choix, sans craindre de nous laisser béats (d'admiration, bien sûr !) face à
un format inattendu, à la coalition fantastique (et néanmoins réussie)
d'interprètes vivants et mécaniques, et à tant de malice.
“Cupidon s'en fout” chantait Brassens. C'est moins sûr
aujourd'hui !”
VOICI UNE INTERVIEW
DE GILBERT PEYRE PAR RAFA DATANT DU 17 MAI 2013
1
«Cupidon, Propriétaire de l'Immeuble situé sur l'Enfer et le
Paradis», est un spectacle que vous présentez pour la première
fois au Portugal en tant qu'artiste avec votre compagnie «Cie P.P.
Dream & Gilbert Peyre» et qui fait l’ouverture du festival
FIMFA LX13. Que peut-on attendre de ce spectacle ?
G.P.:
"Cupidon" bouscule les règles, fait découvrir un monde
étrange, inhabituel, déconcertant où la technologie a sa part de
rêve. On ouvre une boîte et cela nous parle de la vie, du sexe, de
l’amour, de la folie mais tout n’y est pas aussi joli que les
belles images nous le laissaient croire.....
C’est
une œuvre d’art mise en scène, les sculptures animées sont aussi
des comédiens ; c’est comme une exposition transposée sur une
scène de théâtre, avec les codes du spectacle vivant et de
l’opéra. Plusieurs tableaux défilent, sonores aussi, avec la
musique de Gérard Pesson intégrée aux bruits des machines tout au
long du spectacle et celle de Raphaël Beau accolée à la chanson de
Caruso, au moment où évoluent La Jupe et le Pantalon.
2.
Comment pouvez-vous décrire votre relation avec les marionnettes,
vous la voyez comme une bonne représentation de la nature humaine et
de ses relations ? Certainement avec beaucoup d’humour ; j’imagine
que vous vous amusez pendant que vous écrivez les spectacles et vous
matérialisez les personnages. Comment pouvez-vous décrire votre
processus de création? Est-ce possible pendant les présentations
qu'il y ait de l’improvisation et du “acting”?
G.P.:
Depuis mon enfance, je mets en mouvement tout ce que je trouve ; ma
façon de créer est ainsi, je visualise l’objet avec le mouvement.
Je projette des images, je suis un Plasticien et j’ai des visions
comme un peintre, un sculpteur.
Je
réutilise les objets, les images qui m’ont plu et je recrée un
puzzle avec mes sculptures, je réinvente une histoire, au fil du
temps, de mon inspiration. J’avais déjà créé des saynètes en
1998 avec Achille Orsoni et la robe aux ampoules tournoyantes ; il
chantait en play back ce texte d’Yves Garnier avec la soprano Lydie
Morales et avançait déjà sur un petit charriot. Puis, “Cupidon”
a démarré en 2007 avec Achille Orsoni/Cupidon, ce texte
chanté/enregistré par la soprano et juste l’armoire, symbole de
la religion et cela durait 15 minutes.
Pour
sa création à la BIAM en 2009 à Pantin, la durée est passée à
1h, j’étais alors entouré d’une équipe technique et
artistique. Les premiers acteurs à avoir créé le rôle avec moi,
Corinne Martin et Achille Orsoni, ont enregistré les voix sans que
je leur explique ce que je voulais exprimer. Flore Marvaud pour créer
la lumière, s’est inventé son histoire personnelle ; Fabien Caron
pour le son a été en totale osmose avec moi ; pour la création des
costumes, nous avons beaucoup parlé avec Morgane Olivier, afin de ne
pas refaire “Alice au Pays des merveilles”. L’improvisation
n’existe pas ici ; tout est enregistré, millimétré ; les
comédiens ont des oreillettes et obéissent aux ordres donnés ; le
texte est toujours chanté en play back. Mais la technologie s’est
améliorée.
Les
2 manipulateurs (Juliette Zanon et Bachir Sam) qui télécommandent
les objets, le siège de la Fiancée et de Cupidon, s’amusent
parfois à aller plus loin dans les actions, mais leur liberté est
restreinte par la technologie. Ils font corps avec les comédiens
Cupidon (Jean-Yves Tual) et la Fiancée (Marie De Oliveira), qui
amènent leurs propres émotions, se lâchent, jouent avec le regard,
le visage, les bras. Mais le bas de leur corps reste figé, ils sont
assis à genoux, dans une position qu’on a essayé de rendre la
plus confortable possible ! Dans le dernier Festival Materia Prima à
Cracovie, leur jeu était magnifique, il y avait de l’amour, qui a
emporté tout le public, debout à applaudir.
Seule
la Gouvernante (Gaëlle Fiaschi) marche normalement, mais contrainte
dans une jupe étroite qui la force à faire de petits pas. Si je
dirige mes comédiens comme des marionnettes, j’espère ne pas être
un manipulateur pour autant !
Je
ne suis pas quelqu’un qui sait communiquer, se livrer, parler de
son art ; donc, mes œuvres parlent pour moi et l’humour y
transparaît toujours, car la vie sans humour est impossible. Sans
amour non plus, d’ailleurs.
3.
Votre travail a été décrit comme une comédie mécanique (à peu
près comme «Le petit Cirque de Calder»), un cirque, un défilé,
une liturgie. Et vous-même comme un génie, un inventeur, un maître
du do-it-yourself.
Le do-it-yourself a un rôle majeur dans le développement de vos
spectacles et l'épithète de génialité n'est pas attribué sans
raison. Comment le do-it-yourself est-il né et que cherchez-vous à
travers cette méthode?
G.P.:
Je suis issu d’une famille nombreuse, je n’ai pas fait d’études
et je suis parti à 14 ans de chez moi en apprentissage. J’ai fait
plusieurs métiers, mais, j’avais en moi un mal de vivre, que seul
l’art a réussi à apaiser. Ma rencontre avec ma femme Laurence en
1984 m’a aidé à être plus ouvert aux autres aussi. Et moi qui
travaillais en solitaire dans mon atelier, j’en viens désormais à
m’entourer de techniciens, de comédiens.
En
1996, j’ai créé ma Compagnie P.P.Dream avec ma femme et j’ai
monté “Ce soir on tue le Cochon” tout seul ; pour Cupidon en
2009, le Vikonte de Bartholin m’a soutenu et a amené une partie de
l’équipe technique. Aujourd’hui, Loïc Guyon, le régisseur
général, apporte une professionnalité à toute l’organisation.
Le
mot génie, ce sont les autres qui le prononcent, moi, je travaille,
j’avance, avec difficultés, car pour montrer Cupidon notamment, il
en faut des énergies ; l’équipe accepte nos conditions, nous ne
sommes pas subventionnés ; je monte un projet de spectacle comme je
réalise une sculpture animée ! Je ne cherche pas d’argent avant.
Avec Laurence, on fait tout dans notre compagnie, mais on y arrive !
Je
ne prêche pas le do-it-yourself, mais si on a quelque chose à dire,
à sortir, il faut y aller à fond. Ne pas chercher à utiliser des
moyens trop onéreux au départ. Maintenant, la moindre des choses
que je fabrique entraîne des dépenses, pour la pneumatique par
exemple, car rien n’est récupéré. Mais, je suis entouré de gens
généreux, comme Fabien Poutignat (Loupi Electronique) et
l’ingénieur électronicien Robert Breton.
Dans
mon travail d’artiste, j’ai toujours eu des montagnes à
soulever, tout se fait toujours à la force du poignet, j’aimerais
bien être plus soutenu financièrement ; heureusement, quelques
organismes culturels ont montré Cupidon à Paris en 2009-2010 et
depuis, chaque année, un festival étranger se bat pour le
présenter.
Il
est dit que créer dans la douleur est plus bénéfique...mais, il y
a 9 personnes dans l’équipe Cupidon, je ne suis plus seul ; nous
allons montrer Cupidon à Paris, sous le chapiteau du Cirque
Electrique du 11 au 22 septembre, ce sera une nouvelle aventure...
ET CETTE AVENTURE VOUS POUVEZ LA VIVRE JUSQU'AU 22 SEPTEMBRE !
"Le
théâtre de Gilbert Peyre, tragique, excentrique, violent, sadique,
magique, divertissant et disjoncté,
montre
que le monde des marionnettes ne vit pas isolé de la réalité et
"n'est pas créé dans une bulle qui le protège de ce qui se
passe dans la vie des gens".
(Crédit
Photographe : Krzysztof
Wojcik)
Mercredi 11 au samedi 14 à 21h
Dimanche 15 à 17h
Mercredi 18 au samedi 21 à 21h
Dimanche 22 à 17h
Dimanche 15 à 17h
Mercredi 18 au samedi 21 à 21h
Dimanche 22 à 17h
Big Top du Cirque Electrique du 11 au
22 septembre 2013
Place du
Maquis du Vercors 75020 Paris - Métro ligne 3bis et 11/Tram T3b arrêt Porte des Lilas
Bus : 48, 61, 96, 105, 115, 129,
170, 249 arrêt Porte des Lilas - Voiture :
périphérique sortie Porte des Lilas - 2
stations velib à proximité
Plein tarif : 16€ / Tarif réduit
: 8€ (étudiants, -12 ans, chômeurs) - Durée 1h
Réservations : 09.54.54.47.24 reservation@cirque-electrique. com
Teasers
spectacle
ET LA
(cliquer sur les liens)
GILBERT PEYRE: BRICOLEUR,INVENTEUR,MUSICIEN, METTEUR EN SCÈNE DÉJANTÉ,POÈTE, SCULPTEUR, DISTRIBUTEUR D'IDÉES, CRÉATEUR DE SPECTACLES, DÉMIURGE MAGNIFIQUE ... ARTISTE COMPLET ET HOMME ATYPIQUE ASSURÉMENT !
***2 sculptures animées
de Gilbert Peyre, "Le coq" et "Monsieur Leo", exposées parallèlement dans le superbe
cabinet de curiosités Memento-Mori
du 13 au 30 septembre
«L ’Automnale Paul Bert Serpette »
& « Paris Design Week » avec «
Nocturne du Marché Paul Bert
Serpette » vendredi 13 septembre 18h-23h (sur
invitation)
Puces de
Saint-Ouen - Marché Paul Bert 96 rue des
Rosiers 93400 Saint-Ouen - Stand 213 - Allée 4
-
vendredi 8h-12h/samedi et dimanche 10h-17h30/ lundi sur rv
Merci à Laurence Alfieri pour tous ces liens ...
*** J'ajoute aujourd'hui la critique alléchante et enthousiaste de Claire Pérez :
"Un tricycle roule sans conducteur et des têtes de poupées plantées sur une étagère valsent au rythme d’une armoire vivante psychédélique. On n’a jamais rien vu de tel sous le chapiteau d’un cirque. Les premières secondes avaient déjà de quoi intriguer, puisqu’on nous distribuait une enveloppe fermée, sur laquelle des lettres majuscules ordonnaient « N’ouvrez pas l’enveloppe ». Une fois dévoilé, le licencieux contenu donne le ton de ce spectacle surréaliste complètement décalé, installation électronique, mécanique et musicale où Cupidon et sa promise prennent les traits de deux excellents acteurs-automates (Jean-Yves Tual et Marie De Oliveira). Tout n’est que voix trafiquées, onomatopées délirantes et déclarations grivoises chantées sur un air d’opéra, où trouvent même leur place le "Cantique des Cantiques" et des chants religieux. Étrange mélange du sacré et du profane que ce bricolage artistique où les mots n’ont plus de sens. La princesse se barbouille les lèvres de rouge et se tourne lentement vers le public avec de grands yeux, « tu-veux-jouer-avec-moi ? », susurre-t-elle d’une voix lointaine et flippante. C’est inénarrable, inclassable, si ce n’est dans la catégorie formelle de « SculpturOpéra » qu’a instaurée son metteur en scène, le plasticien Gilbert Peyre, un « électromécanomaniaque » qui créé des automates farfelus à partir d’objets de récupération. Une invention fantaisiste, teintée de mélancolie, qui avait séduit Jean-Pierre Jeunet au point de l’inclure dans son film "Micmacs à tire-larigot" en 2009, l’année même de la création de "Cupidon…", à la BIAM à Pantin. Depuis, le succès. C’est que dans le beau et bizarre, demeure une certaine poésie, comme cette rencontre d’une jupe et d’un pantalon pendus à des cintres, coulissant l’un vers l’autre. Quand les objets, sans parler, en disent bien plus que le constant charabia humain."
LE LIEN
Encore une belle critique !
RépondreSupprimerPar Cyriel TARDIVEL
La mécanique de l’amour sous toute ses formes.
Gilbert Peyre est un artiste passionnant, de ceux qui bouleversent les esprits en nous faisant entrer de plein pied dans leur univers. Un univers à la fois poétique, drôle, décalé, libidineux, enfantin, érotique, inquiétant, dérangeant... Autodidacte de génie, Gilbert Peyre n’a jamais cessé de fabriquer ses propres jouets. Les années ont passé et ses créatures (eh bien oui, parce qu’entre ses mains, les objets prennent vie) ont commencé à raconter des histoires. Depuis quelques temps, à force de passion et d’acharnement, Gilbert Peyre est entouré d’une équipe et crée des spectacles vivants qu’il transporte autour du monde.
Aujourd’hui, cette joyeuse troupe délurée pose ses valises, ses systèmes hydrauliques, ses poulies... au Cirque Electrique. Cupidon Propriétaire de l’immeuble situé sur l’Enfer et le Paradis est un spectacle atypique. Le spectateur est emporté dans un tourbillon où les repères sont bouleversés. Les comédiens deviennent des marionnettes mécaniques, un pantalon et une jupe sont amants, une armoire a de sérieux soucis de santé et les têtes de poupées s’envolent dans les airs. La structure est impressionnante ! Une sorte d’immense cage de ferraille où chaque coin recèle une création mobile. Et c'est au fur et à mesure que les différentes créatures/créations se dévoilent. Pièce maîtresse de cette immense construction, deux personnages, Cupidon et sa fiancée. Une prouesse d’acteur pour ces comédiens (Jean-Yves Tual et Marie De Oliveira) installés sur leurs genoux durant toute la durée du spectacle, sur des tabourets tournants et mobiles manipulés par les deux techniciens de l’équipe. Juliette Zanon et Bachir Sam sont en costumes d’écoliers installés devant leurs petits pupitres à presser les boutons des machines, contrôler les créations téléguidées... Ils jouent à dieu devant ce monde étrange et loufoque. Coincés dans leurs engins. Le jeu des acteurs; lui, se situe uniquement dans leurs bras, leur buste et leur visage. Les comédiens sont reliés en direct par oreillettes à l’équipe technique qui assure le reste de leurs déplacements. Un immense travail d’équipe.
Et ne croyez pas, parce qu’elles sont des marionnettes, qu'elles n’ont rien à dire. Ces créatures mi-homme mi- mécaniques en ont des choses à partager. Elles ont du texte, beaucoup de texte. Mais là aussi, cela devient passionnant, tant pour le comédien que pour le public, car tout leur texte est enregistré sur une bande sonore et tout est interprété en play-back. De plus, les timbres de voix sont inversés. La copine de Cupidon a la voix rauque d’un monstre alors que Cupidon chante comme une Castafiore ! Tout est précis et millimétré. Une prouesse artistique à noter.Marie De Oliveira se révèle magistrale et flippante par son jeu, ses mimiques, ses postures. Elle est à la fois belle, attirante et... très effrayante.
L’histoire serait plutôt au ressenti de chacun. Ça parle d’amour, c’est une certitude. Mais toutes les facettes de l’amour dans un univers entre rêve et cauchemar, enfer et paradis. Amour-amitié, amour-sexualité, amour-haine, amour-homme/femme, amour-enfant... On voyage, on navigue et on se laisse porter par les flots du spectacle et les différents tableaux.
L'équipe s’amuse et veut partager ce bonheur avec le public. Coquins, tous jouent avec lui. En premier lieu avec la petite enveloppe remise à l’entrée du chapiteau... Mais on n’en dira pas plus. Le mieux est de découvrir ce spectacle surprenant. Une création qui va en déranger certains, que d’autres vont adorer, mais qui ne passera pas inaperçue, ça c’est sûr !
http://www.theatrotheque.com/web/article3687.html