samedi 5 mars 2016

MARC DALLE VU PAR MICHEL BENARD





"Ange ou Démon ? Lequel se fait le plus enjôleur, le plus terrifiant ? Ni l’un ni l’autre, chacun étant issu de la même hiérarchie céleste, chacun à tour de rôle nous imprégnant de son implacable pouvoir de séduction ou de tentation, selon la disposition de l’instant.
Le constat est flagrant, depuis ses travaux rattachés au Décalogue, au Cantique des Cantiques et aujourd’hui avec cette thématique jumelée aux Anges et Démons, Marc Dalle par sa démarche plastique ne masque pas ses sources, ni le fil d’argent de l’évolution de son œuvre colorée par le prisme du Livre des livres. Tels sont les piliers de cette trilogie.
Néanmoins, ne nous y méprenons pas, car en aucun cas nous ne nous situons dans l’ordre du religieux, moins encore celui du dogmatisme, non, nous évoluons dans les sphères vertueuses de la réflexion, de l’interrogation et de la volonté de restitution du sens sacré, dont la teneur est fondée sur les paramètres essentiels du miracle de vie ! Sur l’expérience intérieure aussi et le cheminement sur la voie personnelle.
L’œuvre de Marc Dalle s’offre à nous comme un miroir à double face où se reflète l’insolite dépouillement d’une alternance, sorte de dualité d’ombre et de lumière. Palindrome hésitant entre une symbolique sacrée et une volonté révélatrice d’un principe de vie.
Ses compositions ne sont que fourmillement de scènes diversifiées de cette grande parade circassienne de la destinée où cohabitent l’amour, l’érotisme, la dramaturgie, l’onirisme, le mystique ou le mythique, espèce de tourbillon informel qui galope au centre de la piste du monde.
Parcimonieusement, silencieusement, Marc Dalle petit à petit rassemble tous les ingrédients d’une poétique ésotérique où l’on effleure la tentation, la sagesse, le concert des anges, le tumulte sabbatique, la pesée des âmes, l’humaine condition et les degrés de l’existence.
Le voyage est à la fois céleste et funeste, il nous place dans l’incertitude d’un lendemain issu de l’énigme du combat des anges.
Mais, Marc Dalle est avant tout un peintre qui jongle plus particulièrement sur triangle chromatique du rouge, du bleu et du vert. Rien n’est régi par le hasard, car le rouge pour être le symbole du feu et du sang, est aussi la couleur de la transmutation dans l’athanor de l’alchimiste. Le bleu attaché à l’immatérialité intemporelle, à la transcendance, se charge du souffle divin. Quant au vert, il est la médiation, l’apaisement qui porte l’espérance nécessaire à la reconstruction, à la renaissance d’un devenir pour un environnement meilleur.
C’est bien dans ce monde que voudrait nous guider Marc Dalle, en marge de tout aveuglement passionnel.
Au travers de ce tourbillon que l’on souhaiterait, dessiné d’une plume d’ange, notre artiste parvient à se faire incisif, provocateur, militant, il joue de la tentation et du désir, tout à fait conscient du dérisoire, de la fragilité et de la fragmentation de nos ambitions humaines.
C’est sa manière à lui de nous resituer face à la réalité, de réveiller nos esprits et d’émanciper nos corps. Ici, nulle intention iconoclaste, une simple prise de conscience, la quête d’un semeur qui pense que l’amour est un grand feu du ciel qui embrase les plus folles promesses.
En permanence nous côtoyons un espace indéfini, informel, inachevé, une autre trilogie d’anges bleus, de démons rouges et de femmes vertes. Nous effleurons une sensualité suggérée, une ambiance diaphane, quelques senteurs vaporeuses où tout n’est qu’impression et mirage apparent.
De l’ange au démon, un pas suffit pour basculer, le démon pouvant s’identifier à la destinée chaotique de l’homme, mais l’espoir réside, tout n’est pas définitivement perdu, car le vol salvateur de l’ange messager nous soutient et nous élève. Enfin, nous sommes en droit de le croire.
C’est un art d’entre deux que nous offre Marc Dalle, inclassable où dominent l’échelle onirique de Jacob et l’inquiétude démonologique de Belzebuth.
Nous avons parfois l’impression de voir des notes de cristal tomber du ciel. En cet instant présent si « dieu » n’est pas visible, il n’est pas loin ! Omniprésent, entre l’ange et le démon, conférant à l’œuvre de Marc Dalle, la nécessité d’une imprégnation d’infini et d’éternel.
Alchimiste de la matière, par son acte de création l’artiste métamorphose la vie !"



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