"Ange ou Démon ?
Lequel se fait le plus enjôleur, le plus terrifiant ? Ni l’un
ni l’autre, chacun étant issu de la même hiérarchie céleste,
chacun à tour de rôle nous imprégnant de son implacable pouvoir de
séduction ou de tentation, selon la disposition de l’instant.
Le constat est flagrant,
depuis ses travaux rattachés au Décalogue, au Cantique
des Cantiques et aujourd’hui avec cette thématique jumelée
aux Anges et Démons, Marc Dalle par sa démarche plastique ne
masque pas ses sources, ni le fil d’argent de l’évolution de son
œuvre colorée par le prisme du Livre des livres. Tels sont les
piliers de cette trilogie.
Néanmoins, ne nous y
méprenons pas, car en aucun cas nous ne nous situons dans l’ordre
du religieux, moins encore celui du dogmatisme, non, nous évoluons
dans les sphères vertueuses de la réflexion, de l’interrogation
et de la volonté de restitution du sens sacré, dont la teneur est
fondée sur les paramètres essentiels du miracle de vie ! Sur
l’expérience intérieure aussi et le cheminement sur la voie
personnelle.
L’œuvre de Marc Dalle
s’offre à nous comme un miroir à double face où se reflète
l’insolite dépouillement d’une alternance, sorte de dualité
d’ombre et de lumière. Palindrome hésitant entre une symbolique
sacrée et une volonté révélatrice d’un principe de vie.
Ses compositions ne sont
que fourmillement de scènes diversifiées de cette grande parade
circassienne de la destinée où cohabitent l’amour, l’érotisme,
la dramaturgie, l’onirisme, le mystique ou le mythique, espèce de
tourbillon informel qui galope au centre de la piste du monde.
Parcimonieusement,
silencieusement, Marc Dalle petit à petit rassemble tous les
ingrédients d’une poétique ésotérique où l’on effleure la
tentation, la sagesse, le concert des anges, le tumulte sabbatique,
la pesée des âmes, l’humaine condition et les degrés de
l’existence.
Le voyage est à la fois
céleste et funeste, il nous place dans l’incertitude d’un
lendemain issu de l’énigme du combat des anges.
Mais, Marc Dalle est
avant tout un peintre qui jongle plus particulièrement sur triangle
chromatique du rouge, du bleu et du vert. Rien n’est régi par le
hasard, car le rouge pour être le symbole du feu et du sang, est
aussi la couleur de la transmutation dans l’athanor de
l’alchimiste. Le bleu attaché à l’immatérialité intemporelle,
à la transcendance, se charge du souffle divin. Quant au vert, il
est la médiation, l’apaisement qui porte l’espérance nécessaire
à la reconstruction, à la renaissance d’un devenir pour un
environnement meilleur.
C’est bien dans ce
monde que voudrait nous guider Marc Dalle, en marge de tout
aveuglement passionnel.
Au travers de ce
tourbillon que l’on souhaiterait, dessiné d’une plume d’ange,
notre artiste parvient à se faire incisif, provocateur, militant, il
joue de la tentation et du désir, tout à fait conscient du
dérisoire, de la fragilité et de la fragmentation de nos ambitions
humaines.
C’est sa manière à
lui de nous resituer face à la réalité, de réveiller nos esprits
et d’émanciper nos corps. Ici, nulle intention iconoclaste, une
simple prise de conscience, la quête d’un semeur qui pense que
l’amour est un grand feu du ciel qui embrase les plus folles
promesses.
En permanence nous
côtoyons un espace indéfini, informel, inachevé, une autre
trilogie d’anges bleus, de démons rouges et de femmes vertes. Nous
effleurons une sensualité suggérée, une ambiance diaphane,
quelques senteurs vaporeuses où tout n’est qu’impression et
mirage apparent.
De l’ange au démon, un
pas suffit pour basculer, le démon pouvant s’identifier à la
destinée chaotique de l’homme, mais l’espoir réside, tout n’est
pas définitivement perdu, car le vol salvateur de l’ange messager
nous soutient et nous élève. Enfin, nous sommes en droit de le
croire.
C’est un art d’entre
deux que nous offre Marc Dalle, inclassable où dominent l’échelle
onirique de Jacob et l’inquiétude démonologique de Belzebuth.
Nous avons parfois
l’impression de voir des notes de cristal tomber du ciel. En cet
instant présent si « dieu » n’est pas visible, il
n’est pas loin ! Omniprésent, entre l’ange et le démon,
conférant à l’œuvre de Marc Dalle, la nécessité d’une
imprégnation d’infini et d’éternel.
Alchimiste de la matière,
par son acte de création l’artiste métamorphose la vie !"
(cliquer sur le lien)
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